Cet article relate nos expériences d'enseignement comme professeures féministes en travail social. La réaction étudiante devant la perspective féministe soulève une interrogation sur la manière d'aborder les enjeux qui touchent les femmes. Pour plusieurs étudiantes, les rapports entre les genres ne sont pas nécessairement remis en question, mais selon elles, l'égalité est atteinte. À l'ère de l'individualisme, certaines oscillent entre le confort et l'indifférence et sont convaincues que leur succès ou leur échec sont fondés sur le mérite et leurs efforts individuels. Pour mieux saisir les propos de ces étudiantes et leur prise de position, les réflexions produites par les jeunes féministes de la troisième vague nous font apprécier davantage la diversité de leur expérience et nous fournit des pistes pour l'enseignement. Nous utilisons la pédagogie féministe pour créer un espace de discussion où les expériences des étudiantes permettent d'analyser les rapports sociaux entre les genres. De la même manière, l'analyse des problèmes sociaux qui touchent les femmes à partir de l'intersectionnalité interpelle les étudiantes et atténue les résistances à l'égard de la perspective féministe. Ce qui porte à croire par ailleurs que cette sensibilité à la question du genre doit être enseignée et cultivée.