Résumé:
;L'auteur examine plus précisément comment les grammaires scolaires abordent la question du genre grammatical. Constatant son traitement remarquablement uniforme, quels que soient les manuels étudiés : succession canonique des leçons concernant le nom puis l'adjectif, présentation du genre féminin des noms comme le résultat d'une dérivation endocentrique où sur la base nominale au masculin vient s'adjoindre un morphème -e marquant le féminin ou absence de la règle du masculin. Mais aussi dans les leçons sur « l'accord du sujet et du verbe », ou la localisation de la règle du masculin qui l'emporte sur le féminin dans les seuls exemples. Une telle manière de présenter le genre grammatical est singulièrement idéologique et loin d'être sans défaut d'un point de vue linguistique : i) seul le féminin semble être un genre grammatical (le masculin, qui, d'un point de vue systémique, est pourtant son pendant, n'apparait presque jamais) ;; ii) présenter le féminin comme un dérivé du masculin relève davantage de la fable adamique que de l'analyse rigoureuse des faits de langue ;; iii) le renoncement à expliciter une règle syntaxique d'accord manifeste sans doute une gêne quant aux manières héritées d'expliquer le phénomène. Pourtant, d'autres façons d'aborder le genre grammatical sont possibles, et mieux à même de satisfaire les attendus didactiques et les exigences pédagogiques des enseignant-e-s, afin que les élèves acquièrent une bonne connaissance de la langue française, et élaborent d'autres imaginaires égalitaires réglant les rapports sociaux de sexe.;
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