Résumé:
Dans son texte de 1914, Madeleine Pelletier soulève la question d’une éducation qui conduise à un “affranchissement réel” des femmes des assujettissements auxquels elles sont soumises. Une telle éducation doit être “féministe”, i.e. être en rupture avec la société masculine et organiser la solidarité future entre les actuelles opprimées. Mais l’une et l’autre voie présentent des difficultés et des contradictions. La rupture ne doit-elle pas passer d’abord au sein de la collectivité des femmes, la soumission étant inculquée par les paires ? L’éducation féministe devrait alors isoler la petite fille de ses semblables, se rallier à des modèles masculins, dans un processus de “civilisation” qui favorise l’émergence d’individualités nouvelles. Ou bien, l’issue devrait-elle être d’abord politique (collective et sociale) par l’institution d’écoles “féministes”, en nombre limité ? Ou bien encore, il s’agirait de généraliser “l’esprit féministe” par l’entremise d’enseignantes elles-mêmes féministes dans les écoles publiques. L’éducation féministe serait donc paradoxale et “à rebours”, privilégiant la prise de liberté individuelle sur les solidarités ultérieures et l’émancipation collective.
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