Résumé:
L’idée que les différences entre femmes et hommes doivent être expliquées par la socialisation et l’éducation plutôt que par la nature est parmi les plus anciennes du féminisme : les études décelant le sexisme qui les traverse sont nombreuses. Cependant, en France, rares sont les écrits qui dépassent cette dimension critique pour chercher à élaborer de façon systématique une éducation alternative féministe. En analysant deux conceptions de la lutte contre l’injustice faite aux femmes – celle de Madeleine Pelletier, militante du début du XXe siècle, et celle du féminisme « de la domination » des années 1970 –, nous chercherons à mettre au jour les raisons théoriques qui peuvent justifier cette rareté. Nous nous concentrerons sur la rationalité de ces discours, rationalité qui fait qu’une élaboration positive et spécifiquement féministe de l’éducation est renvoyée hors de « ce qu’il y a à penser ». Cela nous conduira à relativiser l’importance de l’éducation dans la lutte féministe.