République démocratique du Congo : les femmes de Bukavu disent « ÇA SUFFIT ! »

République démocratique du Congo : les femmes de Bukavu disent « ÇA SUFFIT ! »

R.D. DU CONGO : LES FEMMES DE BUKAVU DISENT « ÇA SUFFIT ! » Communiqué des Nations-Unies, New York, Jul 7 2004 10:00AM A l'occasion du 44e anniversaire de l'Indépendance du Congo célébré le 30 juin, les femmes de Bukavu, la ville du Sud-Kivu en proie récemment à de violents conflits, ont lancé le début d'une campagne - qui devrait s'étendre sur plusieurs mois - pour stopper les violences sexuelles contre les «épouses, les mères, les filles et les enfants» des hommes de ce pays, rapporte la Mission de l'ONU dans le pays. Des milliers de femmes, toutes vêtues et coiffées de noir, pour marquer le deuil qui a frappé la population du Sud Kivu lors des événements de mai et juin derniers, ont défilé dans les principales artères de la ville, avant de se regrouper place de l'Indépendance pour un grand rassemblement. « A cette occasion, les oratrices n'ont pas hésité à désigner par leurs noms ceux qu'elles considèrent comme étant les principaux responsables des violences sexuelles qu'elles ont subies, à savoir les seigneurs de guerre comme Xavier Ciribanya, Jules Mutebutsi et Laurent Nkunda », indique le reportage de la Mission des Nations Unies au Congo, la MONUC publié aujourd'hui. «Ils ont utilisé trois armes, le fusil, la corruption et le viol» ont-elles dit, «cette dernière (le viol) étant la plus redoutable car, par elle, ils ont propagé le SIDA avec l'objectif d'exterminer le peuple congolais en passant par les femmes qu'ils violent», est-il rapporté par la MONUC. Des représentantes de ces femmes ont également déposé des pétitions au gouvernorat de la province et au commandement de la 10e région militaire pour demander que la Cour Pénale Internationale soit saisie et que les trois hommes qu'elles considèrent comme responsables de massacres, d'assassinats et d'insurrections, notamment à Kisangani, Bukavu, Kamanyola et Uvira, soient traduits en justice. Un rapport préliminaire du Bureau des droits de l'homme de la Mission d'observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), publié le 16 juin dernier avait exclut qu'un génocide ait eu lieu à Bukavu, contrairement aux affirmations du général dissident des Forces armées congolaises Laurent Nkunda. En revanche, le bilan des affrontements qui s'y étaient produits, fourni par le rapport, s'établissait à 143 victimes, dont 66 morts et 31 cas de viols recensés. « Les éléments préliminaires de l'enquête indiquent que toutes les communautés de Bukavu, notamment des civils, ont été touchées par les affrontements de ces derniers jours », avait alors indiqué le chef de la section humanitaire de la MONUC, Roberto Ricci. « Du 26 mai au 1er juin, lorsque la ville était contrôlée par les éléments de la 10e région militaires, certains éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) ont commis des attaques contre des civils », ajoute la MONUC, pour qui rien n'indique qu'elles aient été commanditées par les autorités militaires congolaises. Selon M. Ricci, lorsque la ville de Bukavu était sous le contrôle du général Mbuza Mabe et du colonel Jules Mutebutsi, les troupes des militaires dissidents des FARDC ont commis des tueries ciblées et des pillages systématiques, accompagnés de viols et d'humiliation. « Ceux qui s'opposaient aux pillages étaient tués », a-t-il déclaré, indiquant que 147 maisons avaient été pillées. Les trois semaines de violence à Bukavu ont eu des « conséquences graves sur les populations vulnérables assistées par les agences humanitaires » dans l'est du pays, avait estimé, de son côté, Patricia Tomé, directrice du Département de l'information publique de la MONUC. « Il en est de même pour l'avenir des enfants congolais, menacé par la fragilité du processus de paix. » Veuillez consulter le site du Centre de nouvelles ONU pour plus d'information : http://www.un.org/french/newscentre/