Groupe de travail Castonguay : les groupes de femmes réclament un débat public d'urgence

Groupe de travail Castonguay : les groupes de femmes réclament un débat public d'urgence

Montréal, le 31 mai 2007 Les groupes de femmes dénoncent la création du groupe de travail sur le financement du système de santé et de service sociaux, annoncé par la ministre des finances Madame Monique Jérôme-Forget, le 24 mai dernier. Dans un geste particulièrement anti-démocratique, le gouvernement a confié à M. Claude Castonguay, aujourd’hui ardent défenseur de l’assurance privé et du ticket modérateur, la direction de ce groupe. Avant même de commencer, l’orientation de ses travaux est déjà dictée : paver la voie à la participation massive du privé et mettre en péril l’un des derniers remparts du système public : la Loi canadienne sur la santé. L’universalité, l’accessibilité et le caractère public du système de santé sont des valeurs fondamentales chères à la population. Selon un sondage réalisé au printemps 2007 par l’Association d’études canadiennes, 96% des canadiens jugent que le système de santé universel est la valeur la plus fondamentale à laquelle ils adhèrent. Viennent tout de suite après l’égalité entre les sexes et la Charte. C’est donc à la population de se prononcer sur leur avenir. Remettre en question ces valeurs derrière des portes closes, sans débat public ni participation citoyenne, est foncièrement malhonnête. Profiter de l’été, pour déposer en toute vitesse un rapport au début de l’automne, ajoute l’insulte à l’affront. La santé n’est pas "une pression importante sur les finances publiques"[1]. Elle constitue un bien commun précieux, une ressource, une richesse. Le système de services sociaux et de santé nécessite une réforme en profondeur, au-delà de son financement. Nous présenter le secteur privé comme la panacée de tous les maux, c’est faire preuve d’une bien courte vue et nier les inégalités sociales en santé. L’expérience nous démontre le contraire : à chaque fois qu’une clinique privée ouvre ses portes, c’est une ponction supplémentaire sur les ressources déjà limitées du système public. C’est aussi faire fi de l’expérience d’autres pays avant nous. Les État-Unis sont les champions du système privé et leur pays, bien que le plus riche au monde, est incapable de fournir à sa population des services de santé pour toutes et pour tous. La Grande-Bretagne, sous la gouverne du gouvernement de Tony Blair, a implanté plusieurs projets de partenariats publics privés qui ont en fait augmenté les budgets consacrés par l’État aux services de santé, tout en diminuant leur qualité. Notons enfin que la détérioration des services sociaux et de santé et leur privatisation affectent de façon particulière les femmes, car ce sont elles qui constituent plus des trois-quarts de la main-d’œuvre de ce secteur et qui prennent très majoritairement soin de leurs proches. Ce sont aussi elles qui en sont les principales utilisatrices. Il existe une panoplie d’autres alternatives, comme l’approche globale de la santé qui agit à la source, c’est-à-dire sur les facteurs sociaux qui influencent la santé comme la pauvreté, le logement, l’éducation, la conciliation travail-famille-études. L’amélioration des conditions de vie de la population en général et des femmes et des enfants en particulier, voilà une façon efficace de réduire à long terme les coûts reliés à la santé. -30- Pour informations : Lydya Assayag, directrice, Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF)tel. (514) 877-3189 poste 28, lydya.assayag@rqasf.qc.ca, www.rqasf.qc.ca Sources : Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec ; Fédération du Québec pour le planning des naissances ; L’R des centres de femmes du Québec ; Regroupement Naissance-Renaissance ; Relais-femmes ; Réseau des lesbiennes du Québec ; Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec ; Réseau québécois d’action pour la santé des femmes [1] Budget 2007-2008, "Relever le défi du financement de la santé", 24 mai 2007, Ministère des Finances, Québec, pages 2 à 19. Selon la Coalition Solidarité Santé, "le Québec est au dernier rang des dépenses de santé par habitant au Canada. Pour rejoindre la moyenne canadienne, le budget de la santé devrait être haussé de 2 milliards 630 millions, ce qui représente plus de 10% de son niveau actuel."