Lettre ouverte de la Coalition pour l'alphabétisation

Lettre ouverte de la Coalition pour l'alphabétisation

À l'automne 2006, le gouvernement fédéral annonçait des compressions de près de 18 millions de dollars dans le financement des programmes d'alphabétisation, dont 5 millions pour le Québec. Les organismes québécois se sont dès lors réunis pour former une coalition afin de réclamer d'Ottawa le réinvestissement des sommes dans des programmes qui permettent notamment de promouvoir l'alphabétisation sur le plan local et régional.

Malgré les nombreuses missives et les demandes d'audience envoyées à la ministre des Ressources humaines et du Développement social de l'époque, madame Diane Finlay et à son successeur, monsieur Monte Solberg, le gouvernement canadien n'a pas répondu. Les chefs des partis d'opposition se sont montrés sensibles aux demandes de la Coalition. En effet, dans le cadre d'une conférence de presse tenue sur la colline parlementaire à Ottawa en mars dernier, messieurs Gilles Duceppe et Jack Layton, chefs respectifs du Bloc québécois et du Nouveau parti démocratique, ont affirmé l'importance d'investir en alphabétisation dans les activités locales et régionales. Le Parti libéral a également critiqué les conséquences des compressions budgétaires à la Chambre des Communes. Au Québec, le cabinet du ministre de l'Éducation, sensible aux revendications de la Coalition, lui accorde une écoute attentive.

Un an après les coupures en alphabétisation, le gouvernement du Canada annonce un surplus budgétaire de 13,8 milliards de dollars. Malgré ces surplus, son action en matière d'alphabétisation reste marquée par l'improvisation et le manque de vision. Le financement est accordé de façon ponctuelle, sans continuité, alors que la lutte contre l'analphabétisme est un combat de longue haleine qui doit être mené de façon continue.

La situation en alphabétisation est préoccupante : au Québec, 1,3 million de Québécois, dont 800 000 de 16 à 64 ans, ont des capacités très limitées de lecture. Les compressions ont une conséquence directe sur les activités locales et régionales de recrutement de la clientèle. À toutes fins pratiques, les ateliers et les classes de formation de base seront vides d'ici deux ans, non pas parce que les personnes peu alphabétisées auront pu se former, mais parce que les organismes locaux et régionaux n'auront plus le moyen de les informer de l'existence de services d'alphabétisation. Les changements que le gouvernement a imposés en 2006 sur le financement des programmes d'alphabétisation privent tous les groupes locaux et régionaux des sommes essentielles pour mener la lutte contre l'analphabétisme.

Devant cette situation, la Coalition a décidé de continuer son action et d'élargir son mandat initial. Ce regroupement est le premier à se former au Québec sur l'alphabétisation : il est une force et une richesse. Les 18 organismes d'envergure provinciale qui la forment interviennent sur plusieurs fronts de l'alphabétisation, de la promotion à la recherche en passant par le développement pédagogique, la formation, et ce, auprès des clientèles faiblement scolarisées en ateliers, en milieu de travail, dans les familles, en français et en anglais. La coalition profitera de cette force collective pour bâtir une vision commune et des stratégies en vue de développer l'alphabétisation au Québec.

Une personne ayant un faible niveau en lecture et écriture risque d'avoir un faible revenu et cette situation est perdante autant pour elle que pour la collectivité. Selon un rapport de la Banque TD, « Le Canada perd des milliards de dollars en raison de lacunes au niveau de l'alphabétisation et de l'arithmétique chez les jeunes et les adultes [...]. Une hausse de 1% du taux d'alphabétisation signifierait une augmentation de 32 milliards de dollars du revenu national - ce qui représente trois fois le rendement du capital investi dans la machinerie », mentionne Craig Alexander, économiste en chef, adjoint de la banque et auteur du rapport «L'alphabétisme compte».1 Investir au renforcement des connaissances en alphabétisation est un investissement pour toute la société.

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Les membres de la Coalition pour l'alphabétisation

Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Centre de documentation sur l'éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF)

Centre for Literacy

Collège Frontière

Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Fédération québécoise des organismes communautaires Familles (FQOCF)

Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

Fondation pour l'alphabétisation

Formation de base pour le développement de la main-d'œuvre (FBDM)

Institut de coopération pour l'éducation des adultes (ICEA)

Literacy Volunteers of Quebec (LVQ)

Mouvement québécois des adultes en formation (MQAF)

Option-consommateurs

Quebec English Literacy Alliance (QELA)

Quebec Literacy Working Group (QLWG)

Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ)

Table des responsables de l'éducation des adultes et de la formation professionnelle des commissions scolaires du Québec (TREAQ-FP)

Y des femmes de Montréal - YWCA


Pour informations :

Maryse Perrault, Porte-parole de la Coalition pour l'alphabétisation
Téléphone : 514 289-1178
Courriel : maryse.perreault@fqa.qc.ca

1 Rebecca Penty, "Investing in literacy will lift economy: report", The Gazette, September 6, 2007, p. B5.