Dictionnaire biographique des femmes célèbres et remarquables de notre histoire
Tel est le titre d'un livre que vient de publier la maison d'édition Guérin. Il est le résultat de plus de dix ans de recherches de Marie-Paule Desjardins.
Près de deux mille cinq cents femmes ont fait l'objet de ses recherches. Cette publication en contient près de mille. La bibliographie non exhaustive, compte près de 400 titres en plus des renseignements fournis par l'Internet. Une source prolifique de renseignements fastidieux à butiner.
Une condition préalable était qu'elles soient décédées. Beaucoup de femmes célèbres et remarquables sont encore bien vivantes et n'ont pas fini de nous étonner. Rien ne presse de faire leur biographie. Il ne faut pas que nos prédécesseurs tombent dans l'oubli. Souvent connues sous le nom de leur mari, Mme Desjardins leur redonne leur identité. Un index des noms maritaux facilite les recherches.
Elles viennent de partout dans le monde et ont immigré au Canada avec leurs parents ou selon leur choix. Elles ont oeuvré dans l'une ou l'autre des dix provinces du Canada. Toutes ont fait des choses remarquables, souvent des « premières ». Un index de 14 pages énumère les « premières ».
Ce dictionnaire est une illustration de l'évolution de la situation des femmes à travers les siècles. L'état d'infériorité dans lequel elles étaient tenues, la lutte qu'elles ont entreprise, la victoire qu'elles ont remportées et enfin les preuves qu'elles ont données et qui montrent qu'en plus d'être au moins égales et excellentes, elles atteignent parfois des sommets inégalés.
Elles sont maintenant de toutes les professions et de tous les métiers : ingénieur en aéronautique, athlète, comédienne, ministre, institutrice, professeur d'université, avocate, pilote d'essai, instructeur dans une école de pilotage, infirmière, chirurgien, médecin, missionnaire, fondatrice d'hôpital, de collège, de congrégation religieuse, animatrice, bagarreuse pour qu'on reconnaisse l'égalité des sexes, député, bibliothécaire et même curé.
Autres temps autres moeurs. Il y a des affronts qui ont été faits aux femmes qui font encore bouillir d'indignation les plus tièdes des féministes. Vous lirez par exemple que Marie Gérin-Lajoie ayant été classée première à un concours avait gagné deux prix. L'un deux était accompagné d'une bourse d'études qui a plutôt été attribuée au deuxième, un homme. « Qu'est-ce qu'une femme aurait fait d'une bourse d'étude ? » Lors de la graduation de Jenny Gowanlock Trout, l'Ordre des médecins de l'Ontario oublie la lauréate et « félicite son mari d'avoir une femme si talentueuse ». Esther Marjorie Hill, devient la première femme à être graduée en architecture d'une université canadienne; le président du département d'architecture n'assiste pas à la remise des diplômes pour protester contre le fait qu'une femme soit diplômée. Marie Sirois-Boivin, première femme diplômée d'une université canadienne française (Laval, 1904, en littérature) reçoit son diplôme par la poste pour éviter qu'une femme soit présente à la remise de diplômes. Si « l'affaire personne » ne vous dit rien, lisez la biographie d'Emily Gowan, Fergusson Murphy et de ses compagnes qui sont allés jusqu'à Londres pour que les femmes soient considérées comme des « personnes » à part entière. Une décision rendue par un tribunal anglais en 1876 stipulait que les femmes étaient des personnes « pour ce qui est des peines et des châtiments mais non pour les droits et privilèges ». Annie Macdonald Langstaff, première femme diplômée des écoles professionnelles de l'Université McGill (Montréal) et première diplômée en droit (1914) ne peut être admise au Barreau du Québec (1915). Jugement rendu : « Le genre masculin employé dans les règles d'admission au Barreau du Québec n'inclut pas les deux sexes » et « admettre une femme, et encore plus une femme mariée (elle est séparée de corps et de biens) comme avocat, c'est-à-dire, qui plaide devant un tribunal, serait une atteinte à l'ordre public, une violation manifeste des bonnes moeurs et de la décence. » Avec des compagnes elle demande au premier ministre Adélard Godbout un « bill » amendant la loi du barreau. La loi passe par une seule voix de majorité. Le barreau refuse de l'admettre dans ses rangs parce qu'elle n'a pas le baccalauréat ès arts exigé pour ses membres.
Vous y découvrirez aussi des femmes ayant des qualifications qui ne peuvent que faire rêver celles qui auraient tant voulu suivre des cours auxquels, à leur époque, elles n'avaient pas accès. Et d'autres qui se sont exilées pour exercer des professions ou pour suivre des formations non accessibles aux femmes. D'autres qui ont fait des actions presque héroïques : Lucille Teasdale, Ludivine Lachance, sourde, muette, aveugle et celle qui lui a enseigné Éva Demers, (Soeur Angélique-Marie) qui, à force de patience et de persévérance, lui apprend à lire et écrire en braille. D'une page à l'autre vous découvrirez des femmes qui sont mortes centenaires et d'autres qui sont disparues dans la trentaine et qui ont un curriculum vitae très rempli, Louise Chassé Meilleur doyenne de l'humanité décédée à 117 ans, qui a connu ses arrières-arrières-arrières-petits-enfants (6 générations) Marie-Soleil Tougas, morte à 27 ans, une des plus jeunes femmes remarquables et d'autres enfin comme Judith Jasmin, Juliette Huot, Thérèse Forget-Casgrain, Françoise Gaudet-Smet qui ont cumulé les succès et les honneurs.
Charlotte Whitton, mairesse d'Ottawa, qui à la suite des sarcasmes et des insultes dont elle a été l'objet après son élection, disait avec le franc-parler qu'on lui connaissait : « Une femme doit être deux fois meilleure qu'un homme pour être considérée comme la moitié aussi compétente. Heureusement, ce n'est pas difficile ».
Pour se procurer ce livre :
http://www.guerin-editeur.qc.ca/
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Transmis par : Georges Amyot