La liberté de l’information vitale pour l’autonomisation et la démocratie
Liens connexes:
- La Déclaration de Maputo (en anglais)
- Radio-Canada célèbre la liberté de presse et la liberté d’expression lors d’une semaine thématique consacrée à la liberté d'expression (12 au 18 mai 2008) en vous proposant le site «Liberté d'expression» qui donne accès à des contenus audios et visuels "qui mettent en relief les luttes accomplies, les victoires et les combats à venir afin de préserver ce droit fondamental". Accéder au site
Thèmes connexes de l'UNESCO:
Par ailleurs, lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse dans la capitale du Mozambique, le 3 mai, la journaliste mexicaine Lydia Cacho Ribeiro a reçu le Prix UNESCO 2008 de la liberté de la presse qui lui a été décerné par le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, au cours d’une cérémonie qui a eu lieu en présence du Président de la République du Mozambique, Armando Guebuza.
La « Déclaration de Maputo : liberté d’expression, accès à l’information et autonomisation des individus » vise à encourager les Etats Membres de l’UNESCO à mettre en œuvre des politiques favorisant à la fois le droit humain fondamental à la liberté d’expression et l’accès à l’information. La Déclaration de Maputo souligne l’importance d’avoir des gouvernements ouverts, transparents, responsables et qui permettent l’accès du public à l’information.
La déclaration reconnaît la contribution des organismes de diffusion publics, privés et communautaires afin de permettre à tous les membres de la société, y compris aux populations marginalisées, d’être entendus et de prendre part au processus de prise de décision. Elle appelle en outre les médias et la presse à contribuer à l’accès à l’information et à faciliter la participation des minorités linguistiques et marginalisées.
Se référant à l’actuelle commémoration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les participants ont appelé l’UNESCO à poursuivre son action en faveur de la liberté d’expression, inscrite à l’Article 19 de la Déclaration, et à faciliter le développement des principes généraux et des bonnes pratiques concernant l’accès à l’information.
Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, a réitéré son engagement en faveur de la liberté d’expression en tant que droit humain essentiel qui demeure plus important que jamais en ce 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
« Il est opportun, a-t-il déclaré, que cette année la célébration de la liberté de la presse dans le monde se tienne au Mozambique, un pays engagé en faveur de la liberté de la presse ». Le Directeur général a poursuivi en se félicitant de la participation du Mozambique à l’initiative en faveur de la multiplication des centres multimédias communautaires (CMC) lancée lors du Sommet mondial sur la société de l’information. Il s’est aussi félicité du nombre de stations de radio communautaires dans le pays qui sont devenues des CMC à part entière et qui « contribuent à réduire la fracture numérique en fournissant aux communautés un accès à la radio, à l’Internet et aux technologies associées ».
« L’information est l’âme de tout système politique », a ajouté le Directeur général qui s’est dit absolument convaincu qu’une citoyenneté bien informée était essentielle au développement de la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption et au combat contre la pauvreté. En choisissant le thème de l’autonomisation et de l’accès à l’information, M. Matsuura a souligné qu’un hommage était rendu aux hommes et femmes qui sont morts pour faire connaître la vérité et en s’efforçant de la mettre au jour.
« La troublante vérité est que la majorité d’entre eux sont morts chez eux, dans leur voiture ou dans la rue, a-t-il dit. Ils n’ont pas été victimes de la guerre ; ils ont été assassinés parce qu’ils voulaient dire la vérité », a ajouté M. Matsuura. Il a rappelé qu’au moins dix-sept journalistes avaient été assassinés ces cinq dernières années au Mexique, pays de la lauréate 2008 du Prix mondial de la liberté de la presse de l’UNESCO, Lydia Cacho Ribeiro.
Mme Cacho Ribeiro a été elle-même l’objet de menaces de mort répétées et du harcèlement de la police. En lui remettant le prix, M. Matsuura a cité un proverbe afghan selon lequel « on peut couper une fleur mais pas arrêter le printemps ».
Mme Cacho Ribeiro a déclaré pour sa part : « Le prix ne peut pas me protéger contre les menaces de mort ou contre la mort elle-même mais il aidera mon travail d’écriture et aidera les gens à comprendre l’impact du crime et de la pornographie enfantine. Lorsque j’ai été torturée et emprisonnée, j’ai dû faire face à des questions éternelles sur le sens de la vie ; devais-je continuer à pratiquer le journalisme dans un pays contrôlé par seulement 300 hommes riches ? Valait-il la peine de continuer à travailler dans un pays où la majorité des crimes ne font pas l’objet d’enquêtes ? La réponse était bien sûr positive ».
Mme Cacho Ribeiro a ajouté qu’elle se considérait comme « une militante féministe contre la violence ». Elle a évoqué sa vocation de journaliste en soulignant que les journalistes ne devaient « jamais être les messagers des puissants ». Elle a conclu en déclarant « qu’un monde qui favorise la croissance économique au détriment de l’éducation, où le racisme et le sexisme nous séparent les uns des autres pose un vrai problème ».
Née en 1963, Mme Cacho Ribeiro collabore au quotidien La Voz del Caribe. Journaliste d’investigation, elle a révélé l’implication d’hommes d’affaires, de responsables politiques et de trafiquants de drogue dans la prostitution et la pornographie enfantine. En 2006, elle a reçu le Prix Francisco Ojeda du courage journalistique et en 2007 le Prix Ginetta Sagan pour les droits des femmes et des enfants d’Amnesty International.
Lors de son allocution, le Président du Mozambique, Armando Guebuza, a souligné que son pays souscrivait au « message du Directeur général selon lequel une citoyenneté informée était utile au développement du pays. Nous croyons en la démocratie participative et à son utilité dans le combat contre la pauvreté ».
Le Président a ajouté : « L’augmentation du nombre de médias au Mozambique, quelque 300 aujourd’hui, ainsi que leur diversité est quelque chose que nous encourageons et célébrons. Le rôle des médias dans la diversification de l’information est aussi nécessaire au développement du pays et des communautés. »
Le Président Guebuza a poursuivi en soulignant le soutien de la Constitution et du système légal du Mozambique à la liberté d’expression et salué le travail de l’UNESCO en faveur de la liberté de la presse dans le monde.
Au cours de la cérémonie, le ministre de l’Education et de la Culture du Mozambique, Aires Bonifacio Ali, a aussi pris la parole en se félicitant du choix du Mozambique pour la célébration de cette Journée, en soulignant qu’il s’agissait d’une reconnaissance du progrès accompli par le pays en matière de liberté de la presse.
Créé en 1997 par le Conseil exécutif de l’UNESCO, le Prix récompense chaque année le travail d’une personne ou d’une organisation défendant ou faisant progresser la liberté d’expression partout dans le monde, en particulier si cette action met la vie de l’individu récompensé en danger. Les candidats sont proposés par les Etats Membres de l’UNESCO, ainsi que par les organisations régionales ou internationales qui défendent et font progresser la liberté d’expression.
Le Prix porte le nom de Guillermo Cano, directeur de journaux colombien assassiné en 1987 pour avoir dénoncé les activités de puissants barons de la drogue dans son pays.
Depuis sa création, ce prix doté d’un montant de 25.000 dollars américains, financé par les fondations des familles Cano et Ottaway, a été décerné aux lauréats suivants : Anna Politkovskaya (Fédération de Russie, 2007), May Chidiac (Liban, 2006), Cheng Yizhong, (Chine, 2005), Raúl Rivero (Cuba, 2004), Amira Hass (Israël, 2003), Geoffrey Nyarota (Zimbabwe, 2002), U Win Tin (Myanmar, 2001), Nizar Nayyouf (Syrie, 2000), Jesus Blancornelas (Mexique, 1999), Christina Anyanwu (Nigeria, 1998), Gao Yu (Chine, 1997).