Palmarès du décrochage scolaire : un dossier provocant du Journal de Montréal
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« À la demande du Journal de Montréal, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec (MELS) a accepté de fournir le taux de décrochage de chacune des écoles secondaires du Québec. Un dossier spécial a été publié les 26 et 27 mai 2008.
Les données fournies montrent que les écoles publiques de Montréal échouent lamentablement à garder leurs élèves jusqu'à la fin du secondaire. La proportion de décrocheurs atteint même près de 85% à l'école Pierre-Dupuy. Les banlieues et les régions n'échappent pas au problème. ...»
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Lettre ouverte : Le « Palmarès du décrochage » : parlons plutôt de solutions
Par : Le Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCQLD)
À L’OCCASION DE LA PARUTION DU « PALMARÈS DU DÉCROCHAGE » DANS LES ÉCOLES SECONDAIRES DU QUÉBEC (JOURNAL DE MONTRÉAL, 26 ET 27 MAI 2008), LE REGROUPEMENT DES ORGANISMES COMMUNAUTAIRES QUÉBÉCOIS DE LUTTE AU DÉCROCHAGE (ROCQLD) TIENT À SOULIGNER L’AMBIGUÏTÉ DE CETTE PUBLICATION. CET EXERCICE A LE MÉRITE DE RAPPELER LES TAUX DE DÉCROCHAGE SCOLAIRE ALARMANT AU QUÉ- BEC. TOUTEFOIS, IL OCCULTE LA RÉALITÉ COMPLEXE QUI SOUS-TEND CES STATISTIQUES. LE ROCQLD APPELLE DONC À RECENTRER LE DÉBAT SUR LES FACTEURS DU DÉCROCHAGE ET SUR LES RÉPONSES QUI Y SONT APPORTÉES À L’HEURE ACTUELLE.
Soumis au grand public, le « Palmarès » risque de stigmatiser les écoles des quartiers défavorisés. Il creuse ainsi indirectement les inégalités en aboutissant à la réduction de la mixité sociale dans les établissements scolaires. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a pourtant prouvé que cette mixité aide les élèves défavorisés sans pour autant nuire aux résultats des élèves mieux nantis. En outre, ces chiffres, utilisés par les pouvoirs publics pour piloter la lutte au décrochage, cartographient les urgences sans proposer de solutions. Le réseau de l’éducation doit certes se donner les moyens financiers et humains d’améliorer ses pratiques, par exemple en promouvant les suivis individualisés et l’abaissement du ratio maîtres/ élèves. Cependant, le décrochage est autant scolaire que social. Il persiste dans tous les pays développés jouissant d’un réseau public d’éducation accessible à tous. Le décrochage est multifactoriel. Il convient de prendre en compte ses racines socio-économiques, mais aussi la nécessaire adaptation de l’enseignement à la diversité des façons d’apprendre.
Le gouvernement doit prendre acte de cette réalité en s’appuyant sur des pratiques alternatives de lutte au décrochage, telles que celles déployées dans les organismes communautaires de lutte au décrochage. Ces organismes rejoignent notamment des populations aux prises avec de grandes difficultés socio-économique et, plus largement, des jeunes apprenant de manière différente. Ils privilégient des approches individualisées favorisant les compétences sociales, un soutien psychosocial, la responsabilisation du jeune et l’implication de sa famille. Ils considèrent les jeunes dans l’ensemble du contexte social qui les façonne. Ce faisant, ils leur donnent un pouvoir sur leur vie autant qu’une chance de se qualifier pour le marché du travail.
Ces approches innovantes et souples sont reconnues mais les organismes souffrent du manque de financement. Lorsqu’il investit en lutte au décrochage en ciblant des écoles défavorisées le gouvernement gagnerait à définir des programmes qui facilitent l’association du réseau de l’éducation et de la santé et des services sociaux aux actions des organismes communautaires en lutte au décrochage scolaire. De nombreuses ressources communautaires en lutte au décrochage n’ont toujours pas de financement pour consolider et développer leur mission. Le ROQCLD invite le gouvernement à investir davantage pour consolider ces organismes dont les actions sont reconnues depuis plusieurs années par les instances publiques, en terme de raccrochage comme de prévention.