Suisse: «On trouve toujours le temps de planifier des vacances, mais jamais la formation»
Cet article de Hélène Koch publié dans le journal suisse Le Temps (Vendredi 30 mai 2008) fait ressortir des enjeux qui nous sont familiers au Québec et au Canada en terme d'accès à la formation continue en milieu professionnel. Un bref portrait qui présente également quelques pistes de solutions mises en oeuvre (tels les chèques de formation) ou souhaitées en Suisse (une loi instituant trois jours de formation continue obligatoires par année). - S. Ambrosi.
De nombreux salariés n'accèdent pas aux cours qui leur apporteraient un plus sur le plan professionnel. Le syndicat Travail Suisse plaide pour une loi qui en ferait un droit pour tous.
Par Hélène Koch, Vendredi 30 mai 2008 - Manque de temps, de moyens et de volonté: c'est ainsi que l'on peut résumer les obstacles auxquels se heurte la formation continue professionnelle. Pour faire évoluer la situation, le syndicat Travail Suisse souhaite que l'on inscrive dans la loi trois jours de formation continue obligatoire par année pour chaque collaborateur.
Dans les entreprises, «on sait parfaitement qui prend des vacances et à quel moment, mais on ne parle jamais de la formation. Si cette dernière devient obligatoire, elle fera l'objet de discussions et cela permettra de développer une culture tournée vers la formation dans les entreprises», lance Bruno Weber-Gobet, responsable pour la formation professionnelle à Travail Suisse.
Pour les salariés qui ne se perfectionnent pas, le premier obstacle provient de carences du côté de l'offre. On trouve certes des catalogues de formations continues dans tous les domaines imaginables, mais les cursus ne s'adressent pas forcément à tous les publics. Bruno Weber-Gobet, qui est également responsable d'un institut de formation, cite l'exemple de la gestion d'équipe: «Pour les managers qui ont fait une haute école, on trouve de nombreux cours sur ce thème. En revanche, il en existe très peu qui sont destinés à des cadres de base ayant un faible niveau de formation.»
Mais le plus gros obstacle, estime Bruno Weber-Gobet, est celui d'un certain manque de volonté, et cela parfois des deux côtés: celui de l'employeur comme celui de l'employé: «Lorsqu'un responsable dit à un employé qu'il a plus besoin de lui dans l'entreprise que de le voir suivre une formation, cela va casser sa motivation.»
De là découlent les deux autres problèmes classiques que sont les manques de temps et d'argent. Globalement, «les entreprises accordent très peu de congés de formation et les trois quarts des cours demandés ont lieu le soir ou le samedi», estime Pierre Tournier, chef de projet à l'Office pour l'orientation et la formation professionnelle et continue (OFPC), à Genève.
Autre tendance marquée: plus une personne a un faible niveau de qualification, plus l'entreprise sera en général réticente à lui laisser du temps pour suivre une formation. Il en est de même pour les personnes travaillant à temps partiel ou dans une petite entreprise, ainsi que les femmes. Le climat est aussi plus favorable dans certaines branches que dans d'autres.
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