Appel à articles : Penser la fracture numérique
Les cahiers du numérique (ed. HermesSciences)
Le numérique fait figure de paradigme technologique majeur pénétrant toutes les activités humaines et conduit à repenser aussi bien les systèmes techniques que les systèmes sociaux. L'objectif premier de la revue « Les Cahiers du numérique » (http://lcn.e-revues.com), au travers de ses numéros thématiques, est la mise à disposition d'un corpus précis sur les fondements techniques et sociaux de ces évolutions.
Penser la fracture numérique
Numéro thématique coordonné par Alain KIYINDOU
La
notion de « fracture numérique » placée au centre des stratégies de «
e-inclusion » est à la fois complexe et controversée. L' « e-inclusion
» telle qu'elle nous est proposée consisterait à établir des
passerelles (digital bridges) qui relieraient les différents
territoires avec l'idée de développer un monde uni, dans lequel toutes
les contrées seraient connectées par des autoroutes (de l'information)
à haut débit. Cette « réconciliation de la grande famille humaine »,
nous ramène à la pensée de Marshall Mac Luhan souvent contredite par le
fait que la société est un ensemble multiforme qui ne peut être réduite
au simple fait technologique.
L'objectif de ce numéro est de
mettre en débat la notion de « fracture numérique », de questionner les
enjeux techniques, politiques, économiques, sociaux et culturels liés
et d'envisager quelques pistes afin de mettre en œuvre de réelles
solidarités entre les femmes et les hommes, les jeunes et les moins
jeunes, les pauvres et les nantis, les alphabètes et les autres... Elle
renvoie incontestablement à l'accessibilité, à l'égalité des genres, au
contrôle des réseaux, à la présence des contenus différenciés et à leur
visibilité dans le cyberespace...
L'étude de la fracture peut,
ainsi, s'appuyer sur un certain nombre d'indicateurs dont les contenus,
les capacités et la connectivité. Elle concerne les disparités dans
l'accès, l'usage et la maîtrise des technologies de l'information et de
la communication et pourrait s'appuyer sur l'Internet, la téléphonie
mobile, le GPS, la télévision numérique...
Les politiques
publiques de réduction de la « fracture numérique » visent à ce que les
femmes et les hommes, quel que soit leur statut ou leur lieu
d'habitation puissent avoir les mêmes chances de tirer profit des
opportunités offertes par les technologies de l'information et de la
communication. Mais, en l'absence des dispositions et des mesures
particulières, il est facile de constater les inégalités
sexospécifiques ou « tribales » observées dans les autres domaines
ainsi que dans des processus d'introduction d'innovations.
La
fracture numérique est aussi, et avant tout, une fracture énergétique,
sociale et/ou économique. Fracture culturelle et fracture cognitive
apparaissent en lien avec la présence de contenus diversifiés, dans la
droite ligne de la Convention sur la protection de la diversité
culturelle et linguistique, voire du Nouvel ordre mondial de
l'information et de la communication. En effet, l'importance des
télécommunications internationales dans une région n'est plus le seul
indicateur du degré d'intégration ou d'extraversion de celle-ci. Il y a
aussi l'importance de la participation culturelle locale.
Mais si la
plupart des chercheurs s'accordent sur la présence d'une fracture,
mettre l'accent sur sa réduction ne dénoterait-il pas d'une orientation
idéologique ?
C'est ainsi que la notion d'« opportunité
numérique » est parfois préférée à celle de fracture, jugée à tort ou à
raison trop techniciste.
Toutes ces questions ne peuvent être
dissociées du rôle de l'Etat ou plutôt des politiques publiques, des
organisations non gouvernementales et des entreprises privées. Des
politiques innovantes ou des actions concertées et institutionnalisées,
comme l'ordinateur à l00 dollars, le Fonds de solidarité numérique, le
programme ADEN ou le projet Leland deviennent ainsi, des objets d'étude
intéressants.
Mais peut-on réellement réduire la fracture sans se préoccuper de la gouvernance ?
En
effet, au-delà de l'accessibilité, des usages, des contenus, la société
de l'information met en exergue une fracture décisionnelle en lien avec
le choix des normes et standards, ainsi que le contrôle d'Internet.
Modalités pratiques
- Envoi des propositions d'articles (6000 caractères, espace non compris, plan et références bibliographiques non compris) : 25 juillet à l'adresse suivante : fracture_numerique@yahoo.fr Merci d'indiquer prénom et nom, institution d'attache, adresse électronique, titre de l'article, 3 à 5 mots clefs. Les propositions soumises seront évaluées en double aveugle.
- Notification aux auteurs : 20 Septembre 2008.
- Remise des textes : 15 décembre 2008. Les articles complets (20 pages environs) devront impérativement respecter la feuille de style de la revue (http://lcn.e-revues.com/revues/23/ConsignesLCN2005.doc)
Composition du comité scientifique
Michel Arnaud (Université Paris X), Annie Cheneau-Loquay (CNRS), Divina Frau-Meigs (Université Paris 3-Sorbonne), Alain Kiyindou (Université de Strasbourg), Pierre Ouedraogo (INTIF), Theodora Pélage-Miere (Université de Versailles Saint-Quentin - en Yvelines), Jacques Perriault (Université Paris X), Valérie Peugeot (Vecam), Alain Rallet (Université de Paris Sud), Jean François Soupizet (Commission Européenne).