Défendre ses droits! Prendre la parole! - Le pouvoir local et les droits des femmes
OTTAWA, le 13 nov. /CNW Telbec/ - On avait fondé beaucoup d'espoirs dans la décentralisation. En effet, on pensait qu'elle contribuerait à l'autonomisation de dizaines de millions de femmes dans les pays en développement. Mais la dévolution de pouvoirs et de ressources à l'échelon local s'est-elle réellement traduite par une amélioration de la condition des femmes ? Par un plus grand nombre de fillettes sur les bancs d'école, de femmes enceintes ayant accès à un suivi médical, de femmes possédant les terres qu'elles cultivent, de femmes qui jouent le rôle qui leur revient au sein des divers ordres de gouvernement ?
Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme canadien, convie des responsables de politiques, des universitaires et des féministes du monde entier à se retrouver à Mexico, du 18 au 21 novembre, pour se pencher sur les répercussions de la décentralisation sur les droits des femmes à l'éducation, à la santé, à la sécurité et à la représentation politique. Le CRDI a été un pionnier et un chef de file en matière de recherche sur cette question en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
De nombreux bailleurs de fonds promeuvent la décentralisation, car elle est censée rendre le gouvernement plus efficace et plus responsable en le rapprochant de la population. Les femmes ayant été exclues de la prise de décision politique, la décentralisation devrait en théorie les aider à s'élever contre la façon dont la répartition des ressources se fait dans leur collectivité, notamment en ce concerne les besoins fondamentaux que sont l'accès à des services de santé de base, à l'eau et à l'éducation.
Or, des travaux de recherche récents, financés par le CRDI, ont permis de constater qu'il peut en être tout autrement :
- au Sud-Soudan, où 48 % des femmes accouchent sans assistance, la décentralisation des services de santé a amené les cliniques à imposer des frais aux usagers, et on a pu établir une corrélation entre cette mesure et la hausse du taux de mortalité maternelle chez les femmes pauvres;
- au Bénin, où les changements climatiques sont en train de transformer la pratique de l'agriculture dans les zones humides, les agriculteurs, aidés par l'inaction du gouvernement local, ont écarté les agricultrices, qui tirent pourtant depuis toujours leur subsistance de ces terres marginales;
- au Népal et en Inde, la décentralisation a stimulé la participation des femmes à la sphère politique grâce à l'établissement de quotas régissant le nombre de femmes devant obligatoirement siéger aux parlements et aux gouvernements locaux. Une nouvelle classe politique de femmes de pouvoir a émergé, mais ces femmes de l'élite siègent souvent à plusieurs comités, ce qui empêche les femmes ayant un statut social inférieur d'y accéder;
- en Bolivie, où l'accès à l'eau et les questions d'irrigation relèvent des Etats et des municipalités, les gouvernements locaux n'ont inclus que les propriétaires terriens dans la prise de décision. Or, si les femmes autochtones pauvres des régions rurales participent habituellement aux travaux agricoles, elles ne possèdent pas les terres qu'elles cultivent et elles ont été exclues de toutes les décisions concernant l'irrigation des cultures.
Le CRDI organise à Mexico la conférence "La décentralisation, le pouvoir local et les droits des femmes : participation, représentation et accès aux services publics" en partenariat avec le gouvernement du Mexique - par l'entremise de l'Instituto Nacional de las Mujeres (INMUJERES) et du ministère des Affaires étrangères -, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies sur les établissements humains (ONU-Habitat).
Pour obtenir de plus amples renseignements sur le CRDI, consulter la page
http://www.crdi.ca/decentralisation/ ou regardez un extrait vidéo d'un projet du CRDI au Rajasthan, en Inde à l'adresse
http://www.youtube.com/watch?v=HT6L__ipMbc. Des experts et des praticiens du domaine de l'égalité des sexes du CRDI et des organismes partenaires, de même que des dirigeants communautaires et des représentants de gouvernements locaux venant de pays en développement se prêteront sur demande à des entrevues.
A propos du CRDI
Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme canadien, est l'un des chefs de file à l'échelle mondiale de la production et de l'application de nouvelles connaissances pour relever les défis du développement international. Depuis près de 40 ans, le CRDI collabore étroitement avec des chercheurs des pays en développement et les appuie dans leur quête de moyens de créer des sociétés en meilleure santé, plus équitables et plus prospères.
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Pour savoir ce qu'est la décentralisation et prendre connaissance du rôle que joue le CRDI, lire le communiqué :
http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/November2008/13/c8283.html