Le gouvernement refile ses responsabilités au privé pour régler l'important problème du décrochage scolaire
Montréal, le 27 mars 2009. – « Après la petite enfance, les proches aidants, voilà que la Fondation Chagnon s’attaque au décrochage scolaire. Nous sommes extrêmement déçus de constater que, pour atteindre un objectif aussi important que la réussite éducative des jeunes québécoises et québécois, le gouvernement préfère s’appuyer, encore une fois, sur la générosité des mécènes milliardaires. Il refile ses responsabilités au privé alors qu’il revient à l’État d’agir et de proposer des mesures efficaces pour augmenter le taux de diplomation », réagit le président de la CSQ, Réjean Parent, à l’occasion du dévoilement de la Stratégie d’action jeunesse.
Pour la CSQ, le gouvernement privilégie les interventions à courte vue en se basant sur la générosité passagère d’une fondation privée alors que tout le monde sait que le milieu de l’éducation a besoin de mesures stables et récurrentes. D’autre part, il encourage la mise sur pied d’une industrie du décrochage scolaire au lieu de soutenir adéquatement des organismes qui font un travail formidable pour améliorer la persévérance des jeunes dans leurs régions. « Que fera le gouvernement lorsque la Fondation Chagnon décidera de retirer son financement aux organismes de persévérance scolaire ? », demande Réjean Parent.
La CSQ est malheureusement convaincue que les moyens mis de l’avant dans la Stratégie d’action jeunesse ne réussiront pas à améliorer la réussite scolaire de façon significative. « Tant que le gouvernement refusera de s’attaquer à certains défis vécus dans l’école québécoise, tels que la concurrence entre les établissements public/public et public/privé, les pratiques de sélection entre les écoles et l’intégration des élèves en difficulté, il manquera la cible. De plus, s’il refuse d’améliorer les conditions d’exercice du personnel de l’éducation ayant pour mission de favoriser la réussite, il s’éloignera de ses objectifs », ajoute le président de la CSQ.
Les autres mesures de la Stratégie d’action jeunesse
La Centrale constate aussi qu'il y a bien peu de choses dans la Stratégie d'action jeunesse concernant l'éducation au développement durable alors qu'une étude publiée lors du Colloque Comment parler d'avenir aux jeunes ?, qui a rassemblé des centaines d'experts, d'éducateurs et d'intervenants jeunesse du pays en février 2009, montrait clairement que les jeunes sont très pessimistes quant à l'avenir de la planète. Moins de la moitié des jeunes (43 %) se disaient "très confiants" ou "confiants » à ce que sera le monde dans vingt ans. Quand on demandait aux jeunes leur opinion quant aux personnes ou institutions qui posent des gestes responsables en matière d'environnement, ce sont les groupes environnementaux qui remportent la palme, suivis par leur école. Les gouvernements et les entreprises se situent très bas selon les résultats du sondage.
« Nous comprenons mal pourquoi la Stratégie d'action jeunesse accorde si peu de place à l'environnement, et plus précisément à l'éducation au développement durable. Nous nous questionnons à savoir pourquoi le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport et le ministère de l'Environnement, du Développement durable et des Parcs ne sont pas associés aux mesures en matière d'environnement. Le gouvernement s'est doté récemment d'une Stratégie de développement durable et devrait en faire une priorité », déclare M. Parent.
De plus, la section sur l'entrepreneuriat des jeunes est beaucoup plus importante et détaillée que la section sur l'environnement. On dit, par exemple, qu'il faut "intégrer à la formation pratique des futurs enseignants des stratégies d'interventions pédagogiques à valeur entrepreneuriale", mais nous estimons qu'il est beaucoup plus urgent d'intégrer plutôt à la formation pratique des futurs enseignants des stratégies pédagogiques à valeur environnementale. Les jeunes ont besoin de croire à un avenir meilleur, il faut les aider dans cette voie.
La CSQ est déçue de constater que le gouvernement renonce à mieux soutenir l’insertion professionnelle et le maintien à l’emploi des jeunes du secteur de la santé et du secteur de l’éducation en s’attardant aux phénomènes de la désertion professionnelle et de la détresse psychologique au travail.
La CSQ est également déçue de constater que le gouvernement est bien timide en ce qui a trait à la conciliation famille-travail. L’organisation syndicale milite pour que le Québec se dote d’une véritable loi-cadre en matière de conciliation travail-famille qui s’adresserait autant au secteur privé qu’aux secteurs public et parapublic.
En terminant, la CSQ souligne positivement les mesures visant la petite enfance, les jeunes autochtones, l’homophobie et l’hypersexualisation.
Profil de la CSQ
La CSQ représente près de 170 000 membres, dont près de 100 000 font partie du personnel de l’éducation Elle est l’organisation syndicale la plus importante en éducation au Québec. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services de garde, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
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Marjolaine Perreault
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