Prostitution - Les travailleuses sociales de Colombie-Britannique applaudissent le modèle nordique

Prostitution - Les travailleuses sociales de Colombie-Britannique applaudissent le modèle nordique

        Prostitution - Les travailleuses sociales de Colombie-Britannique applaudissent le modèle nordique

L’Association des travailleuses sociales et travailleurs sociaux de la Colombie-Britannique recevait dimanche à Vancouver Shelagh Day, membre fondatrice du Fonds d’éducation et d’action juridique (LEAF) et spécialiste internationale des droits de la personne, et Lee Lakeman, travailleuse à l’organisme Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter et coordonnatrice de l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel.

Chacune des conférencières a abordé les recours juridiques actuellement intentés par des représentant-es de l’industrie de la prostitution en Cour supérieure de l’Ontario, qui veulent voir rayés du Code criminel tous les articles traitant de la prostitution, soit une décriminalisation totale. Contrairement à la BC Civil Liberties Association, aussi représentée sur le panel, qui est partisane d’une telle décriminalisation universelle, incluant les comportements des proxénètes, des entremetteurs, des tenanciers de bordel et des prostitueurs-clients, Lakeman et Day ont réclamé une décriminalisation immédiate des actes de sollicitation par les personnes prostituées, mais également un renforcement des sanctions pénales contre ceux qui les exploitent.

Citant des arguments axés sur les droits de la personne et sur le droit à une égalité véritable dans un panel intitulé « Quels sont les méfaits? », elles ont rappelé à leur auditoire les préjudices très réels infligés aux femmes par « l’industrie du sexe » et par les prostitueurs eux-mêmes. Elles ont situé la proposition de l’industrie dans le contexte d’une tentative néo-libérale d’obtenir une déréglementation complète des intérêts corporatistes et une destruction massive des programmes sociaux. Elles ont fait valoir que la décriminalisation de la vente du sexe mais la pénalisation de son achat et de son exploitation par des tierces parties s’avérait très réussie en Suède, qui a connu une baisse de 90% de la traite des femmes à des fins sexuelles depuis dix ans. Cette politique a maintenant été adoptée en Norvège et en Islande, tandis que la décriminalisation universelle a eu des résultats dévastateurs en Allemagne, aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande et qu’elle commence à être battue en brèche, puisqu’elle n’a pas réalisé les promesses de ses promoteurs.

Les travailleuses sociales et travailleurs sociaux colombo-britanniques qui étaient sur place ont très bien accueilli ces arguments; il n’y avait aucune hostilité dans la pièce. À la demandes organisatrices d’un vote à main levée, l’auditoire a convenu presque unanimement de la nécessité de décriminaliser les femmes, les quelques hommes et ben sûr les jeunes prostitué-es, et criminaliser l’achat du sexe. Il y a également eu consensus général sur la nécessité de mettre sur pied des programmes sociaux appropriés et des services de sortie pour les femmes en situation de prostitution, mais certainement pas de décriminalisation pour les prostitueurs, les pimps, les entremetteurs et les profiteurs qui tiennent des maisons de débauche. Le comité d’organisation a semblé enchanté de l’affluence à cette conférence et du consensus à en émerger.