Avortement - Harper défie les spécialistes

Avortement - Harper défie les spécialistes


Communiqué

Plusieurs spécialistes affirment que le financement de services d’avortement sécuritaire devrait être inclus dans l’initiative sur la santé maternelle du G8


(Ottawa) – Trois organisations canadiennes pro-choix affirment qu’il existe une solution évidente pour aider le Premier ministre Harper à se tirer de la position gênante où il se retrouve après que son propre gouvernement l’ait placé dans un débat sur l’avortement qu’il voulait éviter : « Écoutez les spécialistes – et la population – et revenez sur votre décision d’exclure l’avortement sécuritaire de l’initiative du G8 visant à améliorer la santé des mères et des enfants », lui conseille Joyce Arthur, coordonnatrice de la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada (CDAC).

« Harper et le gouvernement conservateur sont aujourd’hui victimes de leur propre idéologie de droite, piégés dans un scandale dont ils sont eux-mêmes les artisans », explique Nathalie Parent, de la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN). Une des révélations les plus embarrassantes est venue au jour le 24 mai, lorsque le Canada a appris que le gouvernement avait choisi d’ignorer les recommandations de ses propres experts* à l’effet d’intégrer à cette initiative un soutien à la pratique d’avortements sécuritaires, » fait valoir Madame Parent.

Dans une note d’information émise en janvier, l’Agence canadienne pour le développement internationale (ACDI) déclarait : « À l’échelle mondiale, 13 % des décès maternels sont dus à des complications survenant après des avortements non sécuritaires. » Pour l’ACDI, une initiative sur la santé maternelle qui préconiserait des méthodes d’avortement sécuritaire (là où la procédure est légale) « entraînerait une réduction significative du nombre de naissances non désirées et ferait baisser le moitié le nombre d’avortements non sécuritaires ».

Malgré ces faits, Madame Bev Oda, ministre de la Coopération internationale, a annoncé le 26 avril que l’avortement sécuritaire serait exclu de l’initiative du G8.

C’est dire que le gouvernement canadien n’écoute pas les personnes suivantes…

Experts scientifiques mondiaux : Un désaveu ferme a récemment été exprimé par la Société royale du Canada et par sept autres académies scientifiques nationales d’élite des pays du G8, soit la Grande-Bretagne, les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et la Russie. Ces organismes ont déclaré que « les gouvernements et les organisations intergouvernementales/non gouvernementales doivent gérer ouvertement les avortements dangereux et assurer un traitement approprié des femmes développant des complications. » (Source*) De plus, une prestigieuse revue scientifique publiée au Royaume-Uni, The Lancet, a réprouvé le Canada à deux reprises – en éditorial et dans un article de fond. (Source*) (Source*)

Praticiens de renommée mondiale : Le Dr David Grimes, un spécialiste de pointe dans la prestation d’avortements et un activiste pour la sécurité de cette procédure, nous dit, dans Unsafe abortion: the preventable pandemic, que rendre l’avortement légal, sécuritaire et facile d’accès se traduit par une rapide amélioration de la santé des femmes. Au contraire, la santé des femmes connaît une détérioration lorsque l’accès à l’avortement sécuritaire est rendu plus difficile ou illégal. Il souligne que « les coûts directs du traitement de complications post-avortement grèvent des systèmes de soins de santé défavorisés, et leurs coûts indirects drainent également les économies en difficulté. » (Source*)

Institutions internationales de recherche en santé : Un organisme de recherche renommé, The Guttmacher Institute, signale dans une publication récente, Adding It Up, que parmi les 20 millions de femmes à avoir subi des avortements non sécuritaires, 8,5 millions ont eu besoin de soins en raison de complications ou de procédures de fortune. (Source*). L’Organisation mondiale de la Santé signale que « l’avortement réalisé dans de mauvaises conditions de sécurité est un problème que nous devons confronter si nous voulons en prévenir ou réduire l’occurrence ». (Source*)

Parlementaires des pays africains, asiatiques et européens du G8 : Dans un appel adressé l’an dernier aux chefs des États et des gouvernements du G8, ces parlementaires ont demandé de « remettre sur les rails la santé maternelle et des nouveaux-nés, avec des politiques pertinentes au niveau national (…), telles qu’un ensemble standardisé d’interventions dont l’efficacité est prouvée dans les systèmes de soin (…), en favorisant les avortements sécurisés et les services post-avortement, là où l’avortement est légal. » (Source*)

Ministres et hauts fonctionnaires aux affaires étrangères et organismes d’aide à l’étranger : M. Harper a été clairement réprouvé par la secrétaire d’État américaine Hilary Clinton lorsqu’elle a assisté à une réunion des ministres des affaires étrangères du G8 en mars dernier au Québec : « Vous ne pouvez pas avoir de santé maternelle sans santé reproductive. Et la santé reproductive comprend la contraception, la planification familiale et l'accès légal et sécuritaire à l'avortement. » (Source*) Le gouvernement canadien a été publiquement critiqué par la collectivité internationale, y compris divers organismes d’aide internationale (Source*), le secrétaire au Foreign Office britannique (Source*), USAID – la U.S. Agency for International Development (Source*, Source*), et l’organisme Human Rights Watch (Source*).

Ses propres citoyens : Deux sondages d’opinion distincts ont établi que de 58% à 61% de la population canadienne appuyait fortement l’inclusion du financement d’avortements sécuritaires dans l’initiative du G8 (Source*, Source*). Ceci en dépit de la prétention précédente de M. Harper pour qui « les Canadiens veulent que leur argent versé au titre de l'aide étrangère serve à financer des mesures qui aideront à sauver la vie de femmes et d'enfants par des moyens qui unissent le peuple canadien plutôt que de le diviser». (Source*)

Les gens des pays en voie de développement : Une femme : « Lorsque l’avortement sera légalisé, ce sera mieux parce que l’on saura qu’on peut se rendre à un endroit sécuritaire sans risquer sa vie. Aujourd’hui les gens le font illégalement et en viennent à perdre leur vie. Si l’avortement devient légal, je crois qu’on verra cesser tout ce problème d’avoir des enfants et de les jeter dans une poubelle, dans la rue, ou dans une toilette. » Un homme : « …Regardez ma femme. Survivra-t-elle à une nouvelle grossesse? Elle a déjà l’air démolie. Je ferai n’importe quoi pour faire mettre fin à cette grossesse. » Amare Badada, Ethiopian Family Guidance Association: « Les femmes [qui doivent le faire] trouveront toujours une façon d’avorter d’une façon ou d’une autre. Si elles sont forcées à accoucher, elles jettent les bébés dans les latrines ou les abandonnent aux hyènes. », dans Cries and Whispers, une publication de Marie Stopes International (Source*). Aussi : le projet anna http://theannaproject.ca/fr/ donne à ce débat un visage humain. Visitez ce site et lisez des récits réels sur les avortements pratiqués dans des conditions non sécuritaires.

« Les preuves sont omniprésentes – Harper a défié tous les spécialistes sur cette question – mais il est temps qu’il accepte de les écouter, », conclut Wendy Miller du projet anna. « Il dispose d’une solution simple pour mettre fin au débat sur l’avortement ET sauver les vies de 70 000 femmes par année. M. Harper, renversez dès maintenant votre décision concernant l’initiative du G8! » 

[Vu sur : http://twitter.com/nnepton/status/15750493448, Source : http://www.arcc-cdac.ca/fr/press/release-jun9-10-francais.html]