L'avenir du Conseil canadien sur l'apprentissage (CCA)

L'avenir du Conseil canadien sur l'apprentissage (CCA)

Message du président-directeur général

7 octobre 2010

Lorsque, en janvier dernier, j’ai annoncé que le gouvernement fédéral avait cessé d’accorder tout financement au CCA, j’ai aussi pris deux engagements importants à l’égard du Conseil : essayer de trouver du financement pour remplacer les sommes versées par le gouvernement du Canada et veiller à ce que le CCA demeure viable.

Nous n’étions pas prêts à abandonner un projet social si important, véritable catalyseur de l’apprentissage tout au long de la vie au Canada, juste parce que le gouvernement en place avait décidé que le pays n’avait pas besoin d’analyses impartiales et de renseignements fiables, ou que cela ne lui procurait pas d’avantage politique immédiat. Nous nous sommes plutôt considérés comme les gardiens d’une institution pancanadienne importante, d’un organisme qui a mis des décennies à se créer et dont l’existence est essentielle au tissu même de la société canadienne.

Non seulement le CCA fait aujourd’hui figure de source fiable et respectée de renseignements et d’analyses sur les enjeux de l’apprentissage ayant une incidence sur la vie de tous les Canadiens, mais il a tout pour contribuer à l’édification du pays : d’un océan à l’autre, tous clament l’importance de l’éducation, la formation et l’apprentissage.

Au cours de la dernière année, les succès de la CCA ont été doubles : bien que nous ayons considérablement réduit la portée de nos activités, nous avons produit des rapports sur les diverses étapes de l’apprentissage. Nos récents efforts ont permis d’apporter des contributions notables qui ont été utilisées et saluées tant au Canada qu’à l’étranger. Nous avons également su attirer des fonds accrus de sources de financement non gouvernementales afin de soutenir la continuité du service que le CCA offre aux Canadiens.

Cependant, il est manifeste qu’à court terme, le CCA est incapable d’étudier toute la gamme de questions portant sur l’apprentissage auxquelles de nombreux Canadiens s’étaient habitués à trouver une réponse éclairante. Pour cela, il faudra que le gouvernement du Canada s’engage à restaurer le financement du CCA afin qu’il retrouve toute sa capacité à informer les Canadiens des enjeux de l’apprentissage névralgiques pour leur famille et leur collectivité.

En attendant ce jour, le CCA devra réduire encore ses activités. Toutefois, il ne fermera pas ses portes ni ne perdra son statut d’organisme à but non lucratif. Moi qui ai occupé huit ans durant le poste de président-directeur général du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada, j’ai parfaitement conscience des obstacles causés par un esprit de clocher, une attitude défensive, la complaisance et l’inertie qui empêcheraient la création d’un organisme pancanadien qui prendrait plus tard le relais du CCA. Pour cette raison, il me semble primordial que le CCA continue d’exister et reste prêt à prendre de l’essor lorsque les citoyens l’exigeront.

Entre-temps, voici les principaux changements que nous apporterons au CCA :

  • Son conseil d’administration, composé d’éminents Canadiens bénévoles fermement engagés à préparer l’avenir du CCA et de l’apprentissage tout au long de la vie, reste inchangé et continue à assurer la gouvernance de l’organisme.
  • Je conserve mon poste de président-directeur général à titre bénévole, tout en exerçant d’autres activités professionnelles. À compter de la mi-octobre 2010, je travaillerai sur un projet en Europe. On pourra toutefois me joindre à l’adresse suivante : 50, avenue Laurier Est, bureau 108, Ottawa (Ontario) K1N 1H7 (téléphone : 613-569-7600).
  • Les bureaux du CCA seront situés sur le campus de l’Université d’Ottawa, au 50, avenue Laurier Est. Caroline Liguori occupera le poste de coordonnatrice à temps plein.
  • Le site Web du CCA, qui comporte une vaste base de données et de renseignements, demeurera en fonction et sera mis à jour.
  • On publiera des rapports, des analyses et des commentaires mensuels ciblés sur le site Web du CCA, qui comprendront des renvois aux récents travaux connexes du CCA et des résumés de ceux-ci. Cependant, jusqu’à ce que nous obtenions de nouveau un soutien financier fédéral, nous ne créerons aucun autre programme de recherche ou grand rapport pancanadien sur l’apprentissage (il y aura toutefois une exception notable, soit une monographie fort attendue sur l’enseignement postsecondaire, en cours de préparation, qui décrit en détail une stratégie et un système postsecondaires transcanadiens, rôles et responsabilités compris).
  • La section du site Web portant sur les réflexions du président-directeur général sera mise à jour fréquemment. J’y présenterai avec franchise mes analyses des difficultés et des enjeux liés sommairement à l’apprentissage.
  • Comme par le passé, mes collègues de la haute direction, qui travaillent aussi à titre bénévole, et moi-même répondrons aux questions des médias sur les enjeux et la situation de l’apprentissage au Canada.
  • Le CCA prévoit réserver à ces fins le reste de ses principales ressources financières pendant un certain nombre d’années, soit assez longtemps pour qu’on assiste à un changement des conditions politiques et économiques favorable au rétablissement du financement gouvernemental.

Le CCA envisagera aussi de réaliser, sur demande et sous contrat, des projets particuliers d’autofinancement complet dans le secteur de l’apprentissage qui répondent aux critères précis établis par son conseil d’administration et son président-directeur général. Ces projets doivent refléter fidèlement la vision du Conseil et lui rapporter des revenus. Même s’il reste bien peu de personnel rémunéré au CCA, celui-ci conserve un vaste réseau de contacts et de spécialistes capables de mener à bien tout projet soutenu faisant l’objet d’un financement externe.

Enfin, voici quelques remarques personnelles : depuis mon arrivée au CCA, je me suis pris à comparer la situation de l’apprentissage au Canada au xxie siècle à la construction du merveilleux chemin de fer qui a permis de relier notre pays d’est en ouest au xixe siècle, à un moment où l’assimilation nord-sud par les États-Unis aurait pu sembler plus probable. Cette autodétermination et cette identité distincte des Canadiens, de même que les immenses difficultés qu’ils ont surmontées, ne se sont pas atténuées avec les années.

Pour ces raisons, j’ai toujours considéré la capacité du CCA de contribuer à l’édification du pays comme l’un de ses attributs fondamentaux. À cet égard, j’ai été extraordinairement privilégié de travailler avec un conseil d’administration (tant les anciens membres que les membres actuels) adhérant à cette même vision du pays et du pilier de l’apprentissage tout au long de la vie sur lequel celui-ci repose. Dans le même ordre d’idées, le personnel, qui a contribué à mettre sur pied le Conseil et à maintenir les normes d’excellence et de pertinence les plus élevées qui soient, s’est distingué par ses remarquables compétences, en plus de témoigner d’un engagement indéfectible envers les objectifs et les idéaux du CCA.

Pour ma part, cette période de repli nécessaire, bien que « dure à encaisser » après les efforts immenses investis dans la conception et la mise sur pied du CCA, pourrait s’avérer être un mal pour un bien, car elle me permet d’entreprendre d’autres projets qui me tiennent à cœur.

J’estime que si je peux contribuer à orienter le CCA pendant les moments difficiles qu’il traverse actuellement jusqu’à ce qu’on rétablisse le financement qui lui était accordé ou qu’on l’accorde à une institution semblable, d’autres personnes viendront combler des postes de direction et prendront appui sur les solides assises de l’apprentissage au Canada que, selon moi, nous avons su jeter.

Paul Cappon
Président-directeur général
Conseil canadien sur l'apprentissage

[Source : http://www.ccl-cca.ca/CCL/AboutCCL/PresidentCEO/20101005TheFuture-2.html]