Nouveau rapport remet en question la durabilité des technologies de l'information et de la communication (TIC)

Nouveau rapport remet en question la durabilité des technologies de l'information et de la communication (TIC)

JOHANNESBURG, AFRIQUE DU SUD, déc. 8 (APC-HIVOS)

Un nouveau rapport, édité avant le sommet de l’ONU sur le changement climatique, défie la conception selon laquelle les technologies de l’information et de la communication (TIC) seront la panacée du changement climatique.
Selon le rapport, pour que les technologies nous apportent réellement des bénéfices, il faut changer les modèles de consommation et les effets de la production, de la consommation et des ordinateurs, téléphones mobiles et autres technologies sur les ressources naturelles de la planète y sont clairement explicités dans le rapport, ainsi que l’ampleur de l’empreinte carbone générée.
On y examine également le potentiel des TIC à limiter et adapter le changement climatique, ainsi que les rôles des institutions internationales, le programme de recherche mondial sur les TIC et le changement climatique, et le concept en évolution de changement climatique et de « durabilité ».

Le rapport de l’Observatoire mondial sur la société de l’information couvre 53 pays et six régions, notamment l’Amérique latine et le Moyen-Orient, tandis que les principales questions concernant les TIC et la durabilité de l’environnement sont étudiées dans dix rapports thématiques rédigés par des experts.

Le rapport est édité par l’Association pour le progrès des communications (APC), le plus ancien réseau de justice sociale en ligne dans le monde, et l’Institut humaniste de coopération pour le développement (Hivos), l’agence hollandaise du développement.

Pas de point de vue unique
Ce rapport ne suit pas un unique point de vue. Les contrepoints, les arguments et autres désaccords implicites et explicites montrent au contraire l’importance et la vitalité de ce sujet qui a commencé à capter l’attention générale ces dernières années.

L’OMSI 2010 contribue à faire entendre les voix de la société civile mondiale – et il vise tant les débutants que les experts dans le domaine des TIC et du changement climatique, des déchets électroniques et de l’utilisation des TIC pour le bien de l’environnement en général.

La face cachée des TIC
Dans son introduction, Paul Mobbs fait remarquer combien les TIC sont devenus « invisibles ». L’internet, les mobiles et les ordinateurs, qui font partie de notre vie quotidienne, ont une face cachée qui entraîne certains gouvernements à établir des politiques stratégiques pour protéger l’approvisionnement des « matières premières critiques » utilisées pour les puces informatiques.

Selon Emanuele Lapierre-Fortin et Leslie Chan de l’Université de Toronto, les conséquences des TIC en tant que phénomène environnemental et sociopolitique ont été « externalisées » et ne sont pas prises en compte dans le coût visible des navigations sur l’internet ou des coups de téléphone. Elles dressent un catalogue des injustices environnementales, et notamment le fait que l’industrie des TIC :

  • émettra plus de dioxyde de carbone que l’industrie de l’aviation dès 2012 au Royaume-Uni
  • a doublé sa consommation de papier administratif dans le monde entre 1980 et 1997
  • contribue à la guerre en République démocratique du Congo en raison de son utilisation des métaux précieux
  • produit des déchets électroniques à grande échelle.

Le Réseau progressif coréen Jinbonet, dans son rapport sur la Corée du Sud, témoigne crûment de l’impact négatif de la production des technologies sur les travailleurs, et de l’ignorance fréquente autour de leur cas, en partie parce qu’il n’est pas aisé d’établir une relation précise (souvenons-nous des mises en garde des associations pour la santé des consommateurs sur l’utilisation des téléphones mobiles restées sans conclusions véritables).

Les TIC réduisent le changement climatique
Cependant, de nombreux rapports relatent l’importance des TIC pour la réduction et l’adaptation de l’impact d’un phénomène comme le changement climatique.

Peet du Plooy, de Trade and Industrial Policy Strategies, soutient que l’utilisation des techonologies intelligentes nous aide à imaginer un monde où il devient possible d’utiliser tout le potentiel des énergies renouvelables :

« La distribution intelligente d’électricité permettant de prédire et de planifier favorise largement l’ajout d‘énergies renouvelables variables pour le mélange des générations. Les applications de distribution intelligente d’électricité peuvent par exemple prédire la force du vent pour le jour, l’heure ou les minutes à venir en suivant des modèles météorologiques et des données en temps réel ».

Peu de rapports de pays restent insensibles à l’impact du changement climatique. Ce rapport suggère cependant qu’il est difficile de réconcilier les deux points de vue – pour ou contre les modèles actuels de consommation des TIC – et que si les TIC peuvent servir à réduire et adapter le changement climatique, on ne peut les considérer comme un « business » normal.

Qui va tenir les rênes ?
Ce dont on est sûrs, c’est que notre environnement est en train de changer, et que la façon dont nous utilisons les TIC contribue à ce changement – positivement et bien-sûr négativement. Selon Takao Shiino et Izumi Aizu du Nomura Research Institute (NRI) et de l’Institute for InfoSocionomiques de l’Université de Tama, le Japon a pris un rôle de chef de file en Asie en étant le premier pays à ratifier le Protocole de Kyoto et ils affirment qu’ « en raison de son expérience sur le contrôle de l’emprunte carbone, le Japon est amené à prendre l’initiative de ce type de comportement dans la région ».

Mais où sont passés les autres leaders? C’est la question que pose ce rapport.

Pour plus d’informations
Les membres des médias peuvent obtenir des copies imprimées de ce rapport et des rapports précédents sur simple demande et pourront organiser des interviews avec les auteurs en écrivant à Lisa Cyr, lisa@apc.org.

[Source : http://www.apc.org/fr/node/11638/]