Dépôts/archives ouvertes : le point de vue des chercheurs
Un article de Roxana Theodorou paru dans The Journal of Electronic Publishing, vol. 13, no 3, 2010
Résumé
Le libre accès commence à grandir en popularité ces dernières années. Preuves à l’appui le nombre croissant de revues scientifiques dont l’accès est rendu libre pour les lecteurs et le nombre croissant d’institutions mettant en place des dépôts/archives ouvertes permettant d’accueillir [notamment] les publications en libre accès de leurs académiques. Il semble qu’une partie de la communauté scientifique soit favorable à ces principes de mise en libre accès des résultats de la recherche financée sur fonds publics. Mais une série de questions sont à poser: est-ce que les chercheurs utilisent souvent ou pas ces ressources en tant que lecteurs? est-ce qu’ils publient souvent ou pas dans des revues en libre accès? est-ce qu’ils déposent régulièrement ou pas leurs publications dans le dépôt/archives de leur institution? Ont-ils confiance dans ces revues et ces dépôts? Préfèreraient-ils que les dépôts soient plus sélectifs? Bien qu’aujourd’hui à peu près 10-15% des revues scientifiques évaluées par les pairs soient en libre accès et malgré les déclarations incitant les institutions à développer des dépôts/archives ouvertes, il reste énormément de chemin encore à parcourir, particulièrement en ce qui concerne les dépôts. Cet article présente les résultats d’une étude qui tente à déterminer pourquoi le niveau de pénétration du libre accès, et plus spécifiquement des dépôts/archives, est si lent.
Conclusions
La plupart des participants à cette étude ont à un moment ou à un autre utilisé des publications en libre accès en tant que lecteurs, bien que tous ne leur accordent pas la même confiance qu’ils donnent aux revues traditionnelles souscrites par abonnement. Bien sûr, ces dernières sont là depuis fort longtemps et ont réussi à établir une solide réputation. Même parmi ceux qui déclarent avoir confiance dans l’édition en libre accès, moins de la moitié a effectivement publié dans des revues en libre accès.
La majorité des participants à cette étude déclarent qu’ils seraient favorables à des niveaux d’acceptation plus strictes en matière de dépôt dans les archives ouvertes institutionnelles. [Il est vrai qu'il n'y a pas véritablement de règles et finalement chaque institution est libre de mettre en place ses propres procédures de dépôt.] Cela augmenterait leur degré de confiance et ils déposeraient plus volontiers leurs travaux. Les chercheurs interrogés ajoutent que, si besoin, ils pourraient agir eux-mêmes dans ce contexte en tant que garants de ce dépôt plus contrôlé. [Ce dévouement n'est sans doute pas partagé par toute la communauté scientifique, j'imagine. C'est d'autant plus important de le souligner.]
Les prémices du libre accès datent de la fin des années 60. Le premier dépôt a été lancé en 1991 [*]. Alors qu’on s’attendrait à ce que la communauté scientifique soit habituée, en quelque sorte, à l’utilisation de publications en libre accès, beaucoup de scientifique et de chercheurs semblent encore et toujours avoir des réticences en la matière. Cependant, cette étude montre que les choses évoluent et que la crédibilité du mouvement s’accroît, même si cela doit signifier que leurs travaux seront soumis à un examen minutieux.
Les dépôts/archives en libre accès ont certainement une meilleure assise aujourd’hui que lors des deux décennies précédentes, mais du chemin reste à faire pour garantir davantage encore la qualité des informations.
[*] Il s’agit d’arXiv (dépôt disciplinaire)
-> Consultez l'article (en anglais)
[Source : http://pintiniblog.wordpress.com/2010/12/23/depotsarchives-ouvertes-le-point-de-vue-des-chercheurs/]