Une coalition réclame de nouvelles maisons de naissance

Une coalition réclame de nouvelles maisons de naissance

 

Journée internationale des sages-femmes

 

 À l'occasion de la Journée internationale des sages-femmes, la Coalition pour la pratique sage-femme, qui regroupe des centaines de milliers de femmes et d'hommes au Québec, tient aujourd'hui un grand rassemblement. L'évènement sera marqué au préalable par le dépôt d'une pétition à l'Assemblée nationale, par l'intermédiaire de la députée Agnès Maltais, dont l'objet est le soutien au développement de la pratique des sages-femmes. Les signataires exigent du ministre de la Santé, Yves Bolduc, l'accès aux différents lieux de naissance ainsi que le financement nécessaire à l'ouverture de 13 nouvelles maisons de naissance d'ici 2018. Cette pétition, lancée il y a moins de 3 mois, a recueilli plus de 7330 signatures. Mentionnons que la Coalition avait déjà présenté au ministre Bolduc une pétition de plus de 13 000 signatures en février dernier. C'est donc dire que ces demandes bénéficient de l'appui indéniable des femmes et des communautés.

Par ailleurs, à l'invitation de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM), et afin de souligner avec éclat la Journée internationale des sages-femmes, la coalition a convié la population et les groupes concernés à participer à une marche festive visant à diffuser le message « aujourd'hui plus que jamais, le monde a besoin des sages-femmes ». Ainsi, les personnes présentes à Québec parcourront 5 kilomètres en faveur d'un meilleur accès aux services de maternité prodigués par les sages-femmes, au Québec et partout dans le monde.

Les sages-femmes, un atout incontestable

Devant le contexte de surcharge hospitalière en obstétrique et du manque criant d'accès à des services de première ligne pour les femmes enceintes, « le gouvernement doit, d'autant plus rapidement, assurer un accès aux maisons de naissance et garantir le choix du lieu de naissance pour les femmes et les familles qui le souhaitent », précise Claudia Faille, présidente du Regroupement Les Sages-femmes du Québec. « Les sages-femmes offrent des services de maternité complets aux femmes et à leur nouveau-né et sont les seules professionnelles de la santé au Québec à offrir le choix du lieu de naissance. Les maisons de naissance sont un modèle d'organisation des services de maternité remarquablement efficient que l'on cherche à reproduire partout dans le monde. Ces installations du réseau de la santé sont appelées à devenir la porte d'entrée du système de santé pour les femmes en bonne santé qui présentent une grossesse normale. Une société comme le Québec, qui cherche à optimiser ses ressources, ne peut plus se priver de maisons de naissance ! » affirme Mme Faille.

Des luttes de longue haleine


Pourtant, depuis trois décennies, les femmes du Québec qui militent en faveur de l'intégration des sages-femmes dans le système public de santé québécois se heurtent à la méconnaissance des compétences des sages-femmes et à une trop faible volonté politique de développer les services.

« Nous devons travailler sans cesse à exhorter le ministre de la Santé et des Services sociaux, le docteur Yves Bolduc, à appliquer la politique de périnatalité élaborée par son propre gouvernement en ce qui concerne le développement des services de sage-femme », note Lorraine Fontaine, du Regroupement Naissance-Renaissance et porte-parole de la coalition. « Le financement approprié et la mise en œuvre de ces engagements sont indispensables pour rendre les services de sage-femme et les maisons de naissance accessibles dans toutes les régions du Québec afin de bonifier l'offre de service en périnatalité et de répondre aux demandes répétées des femmes, des familles et de leurs communautés. Le ministre prétend, dans sa politique, qu'il veut instaurer des pratiques qui privilégient une approche physiologique en reconnaissant les compétences des parents, notamment en développant les services offerts par les sages-femmes; il est plus que temps qu'il se donne les moyens de ses ambitions! », ajoute Mme Fontaine.

Depuis la légalisation en 1999, les choses ont peu bougé, bien que 14 comités citoyens à travers le Québec revendiquent actuellement l'accès aux services des sages-femmes. « Le ministre Bolduc annonçait en avril dernier l'ouverture d'une nouvelle maison de naissance à Richelieu. Une victoire qui résulte des démarches continues, depuis 2006, du Mouvement Maison de naissance Montérégie qui a toujours persévéré malgré les embûches », souligne Lysane Grégoire, du Groupe MAMAN. « En parallèle, la mobilisation tout aussi exceptionnelle du groupe Accès Maisons de naissance Lanaudière fait face à la résistance des instances locales, peu pressées de voir les sages-femmes arriver; une situation qui s'est soldée par la démission récente de la sage-femme mandatée pour y planifier le développement des services », dénonce-t-elle. Bref, les groupes citoyens sont face à une mécanique trop complexe et à des résistances trop nombreuses.

Un mode de financement à revoir


Actuellement, le mode de financement des services de sage-femme, imposé par le ministère, prévoit un investissement récurrent de 50 % des coûts par les Agences de la santé et des services sociaux. Cela constitue un obstacle majeur et discriminatoire, considérant qu'elles n'ont plus de budget de développement. Il faut savoir que le financement des médecins omnipraticiens ou des spécialistes accoucheurs est complètement pris en charge par le MSSS. La coalition demande au ministre de la Santé d'assurer dès maintenant 100 % du financement des services de sages-femmes et des maisons de naissance. « Le ministre a annoncé des sommes faramineuses dédiées à des programmes surspécialisés, tel que la fécondation in vitro, mais rien pour les services de sages-femmes qui permettent au réseau des économies plus que substantielles! Trouvez l'erreur! » questionne madame Fontaine.

Pour le bien commun


Denise Boucher, vice-présidente de la CSN, estime que c'est l'ensemble de la société qui a tout à gagner avec l'accès aux services de sage-femme. «Cela fait partie des batailles pour l'amélioration des conditions de vie des femmes et pour le respect de leur droit de choisir où et avec qui elles pourront donner la vie. Nous lançons un appel à tous les groupes de femmes, groupes populaires et à toutes les autres organisations syndicales à joindre les rangs de la Coalition pour la pratique sage-femme. Ensemble, nous ferons la différence ».

Trop de régions du Québec demeurent non desservies tandis que plusieurs maisons de naissance affichent des listes d'attente. Dans la région métropolitaine seulement une femme sur quatre qui en fait la demande a accès aux services. La coalition est d'avis que le ministre Bolduc doit procéder à un plan national de consolidation et de développement des services de sages-femmes, en tenant compte des mobilisations citoyennes, en finançant à 100 % le développement d'un réseau public de maisons de naissance et en assurant l'accès aux services partout au Québec.

« Ce développement doit se réaliser en respectant la philosophie de pratique, la continuité des soins et le respect du droit de choisir le lieu de naissance. C'est la seule façon de répondre aux demandes et aux besoins des femmes, des familles et des communautés », concluent les porte-parole de la Coalition pour la pratique sage-femme.


La Coalition pour la pratique sage-femme est composée de :

Afeas (Association féminine d'éducation et d'action sociale)
Association des étudiantes sages-femmes de l'UQTR
Cercle des fermières
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Fédération des femmes du Québec (FFQ)
Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
Fédération québécoise des organismes communautaires famille (FQOCF)
Groupe MAMAN, Mouvement pour l'autonomie dans la maternité et pour l'accouchement naturel
L'R des centres de femmes du Québec
Regroupement Les Sages-femmes du Québec (RSFQ)
Regroupement Naissance-Renaissance (RNR)
Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec (Réseau des CRP)
Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF)
Seréna Québec

[Source : http://www.csn.qc.ca/web/csn/communique/-/ap/Comm05-05-2011?path=&p_p_state=maximized]