Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir est un projet collectif initié par Suzanne Boisvert, une artiste pluridisciplinaire (cinéma, théâtre, danse) qui œuvre en communauté à travers une pratique d’art relationnel, et par Diane Trépanière, une photographe et artiste visuelle qui travaille avec les femmes depuis plus de dix ans. Ce projet est porté par les femmes de La Marie Debout, le centre d’éducation des femmes d’Hochelaga-Maisonneuve à Montréal.
Depuis septembre 2009, elles réfléchissent ensemble sur la mystique de l’âge et du vieillissement chez les femmes dans la société occidentale. Elles s’indignent de ce qu’elles découvrent : une dictature de l’image et de l’apparence physique véhiculée par les médias ; la peur et le refus de vieillir sous peine d’être exclues ; la discrimination envers les aînées. Refusant d’entériner ce constat, elles décident d’explorer par l’art leur manière d’avancer en âge, en s’appuyant sur leur vécu. La parole, l’écriture, la photo, la peinture, la sculpture et la danse sont autant de médiums que les femmes utilisent pour tenter de répondre à ces questions essentielles : Que vivons-nous réellement au-delà des préjugés entourant le vieillissement ? Qui sommes-nous en dehors des images qu’on tente de nous imposer ? À quoi rêvons-nous ? Qu’avons-nous à partager avec les plus jeunes, avec les personnes plus vieilles ? Que voulons-nous transmettre ? Que sommes-nous prêtes à faire pour nous rendre visibles et pour contribuer à bâtir ce monde que nous souhaitons ? La réflexion est abordée sous l’angle du vieillissement, et non sous celui de la vieillesse, car le vieillissement concerne tout le monde. Le groupe de femmes se voulait intergénérationnel, afin de donner accès à la diversité des expériences.
Le projet s’inscrit ainsi dans trois courants. Le premier est celui de l’éducation populaire, où le savoir est à la fois sentiment, pensée et action, où la connaissance a une fonction émancipatrice. Le deuxième est celui du féminisme, qui encourage les femmes à devenir sujet de leur vie et à prendre du pouvoir sur leur destinée. Le troisième est celui de l’art communautaire. La réflexion par l’art permet de penser autrement, de trouver des trésors enfouis au fond de soi, au-delà des images transmises et apprises. Lorsque la réflexion est faite à plusieurs, elle devient co-création, mettant richesses et différences en commun. Elle crée aussi un sentiment d’appartenance et une solidarité propices au changement social.
Nous, les femmes qu’on ne sait pas voir, qui se décline désormais sous la forme d’une installation-atelier-rencontre, est en tournée à travers tout le Québec depuis juin 2010, via le Regroupement des centres de femmes du Québec. Les porteuses du projet ont déjà visité plus de 200 femmes, dans 13 endroits différents. Cette œuvre ouverte, qui se recrée continuellement au gré des lieux, est conçue comme un espace artistique éphémère et mouvant, destiné à favoriser la rencontre, la réflexion et la création collective.
Si l’aventure des femmes de La Marie Debout vous tente et que vous avez le goût d’échanger avec elles sur les pertes et les découvertes de l’art de vieillir, il vous sera possible de les rencontrer à Rivière-du-Loup les 27 et 28 septembre, à Amqui les 4 et 5 octobre et à Rimouski les 7 et 8 octobre prochains. Pour participer à l’atelier (11 h-16 h), il vous suffit d’appeler le centre de femmes concerné. Pour Rimouski, contactez le Centre femmes au (418) 723-0333, afin de réserver votre place rapidement.
Pour plus d’information sur le projet, consultez le www.lamariedebout.org/NOUSLESFEMMES/index.html.