Un Québécois sur deux

Un Québécois sur deux


Un billet de Tristan Malavoy-Racine paru dans le journal Voir le 16 novembre 2011

La batèche ma mère c’est notre vie de vie
batèche au cœur fier à tout rompre
batèche à la main inusable
batèche à la tête de braconnage dans nos montagnes
batèche de mon grand-père dans le noir analphabète


On sait très exactement d’où vient ce dernier vers, parmi les plus connus de Gaston Miron. Dans la biographie qu’il vient de lui consacrer, Pierre Nepveu raconte l’épisode: un soir, alors que le jeune Miron lit les comics dans les journaux de son père, Maxime Michauville, son grand-père maternel, passe derrière lui et souffle: «Moi, je donnerais toute ma vie pour savoir lire et écrire. Tu sais, quand on ne sait pas lire ni écrire, on est toujours dans le noir.»

Ce grand-père adoré mais dépourvu devant les mots a longtemps hanté Gaston Miron, lui devenu l’un des plus grands artisans québécois du langage. Conscient du pouvoir de l’écrit, de sa capacité à fixer les idées, les émotions, il avait certainement un mal fou à imaginer une vie qui en soit privée.

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