Ile Maurice : Les femmes trouvent une voix politique, localement

Ile Maurice : Les femmes trouvent une voix politique, localement

Le Premier ministre, Navinchandra Ramgoolam, a déclaré que l'introduction d'un quota est un droit légitime pour les femmes et un grand pas vers l'égalité entre les hommes et les femmes. "Nous devons nous assurer que le nombre de femmes candidates augmente considérablement", a-t-il dit dans son discours télévisé pour le Nouvel An.

Trois experts étrangers du droit constitutionnel – les professeurs Guy Carcassonne de la Sorbonne, en France, Vernon Bogdanoret de l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni, et Pere Vilanova de l'Université de Barcelone, en Espagne - ont soumis un rapport sur ces questions à Ramgoolam.

Lors des débats au parlement, en décembre, l'opposition a demandé au Premier ministre d'étendre le quota entre les sexes au niveau national.

"Attendons le rapport du professeur Carcassonne et examinons tout le système avant de prendre une décision", a-t-il répondu, donnant l'impression qu'il n'est pas pressé de changer le système. Les prochaines élections nationales n’auront pas lieu avant 2015.

Maurice est actuellement engagée dans un processus de réforme de son système électoral de style britannique, en vigueur sur l'île depuis son indépendance en 1968. Le système de représentation proportionnelle du "premier occupe le poste" et de meilleur perdant pour la participation des minorités et des femmes est en cours d’examen.

Actuellement, seulement 6,4 pour cent de tous les conseillers de village et de ville sont des femmes. Et au parlement, seulement 18,6 pour cent (13 membres sur 70) sont des femmes, depuis les élections de 2010. Par ailleurs, il n'y a que deux femmes ministres sur un total de 25.

L'un des huit Objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies adoptés par les gouvernements du monde en 2000, ayant pour échéance 2015, est de promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Et l'un des buts spécifiques, selon cet objectif, est d'augmenter le nombre de sièges occupés par les femmes dans les parlements nationaux.

L’autre engagement international pris suivant ces lignes est le Protocole sur l’égalité de genre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui appelle à une représentation de 50/50 des femmes dans tous les domaines de prise de décision d’ici à 2015. Mais le gouvernement mauricien n'a pas encore signé le protocole.

Les femmes se réjouissent du nouveau quota

Des organisations féminines ont salué cette nouvelle loi sur le quota, qui permettra une augmentation importante du nombre de femmes dans la politique locale. Jusqu'à présent, les partis ont généralement présenté peu de femmes comme candidates aux élections.

Ameenah Sorefan, une femme membre de 'Women in Networking' (Femmes en réseau - WIN), le principal réseau des femmes à Maurice, affirme qu'il sera difficile d'atteindre une représentation de 50/50 comme le recommande la SADC.

Mais, a-t-elle déclaré à IPS, "nous pensons que plus de femmes participeront désormais aux élections locales et seront élues. Nous sommes prêtes pour lancer notre campagne afin d’avoir davantage d'entre elles dans le gouvernement local pour les prochaines élections. Je suis sûre que la population veut voir plus de femmes en politique".

Beaucoup de femmes suivent des cours en politique, assurés par 'Women in Politics' (Femmes en politique - WIP), une autre organisation non gouvernementale qui œuvre pour la promotion de l'égalité de genre, l'émergence de femmes leaders dans toutes les sphères de la société, et l’augmentation du nombre de femmes en politique.

Bernadette Jhowry, une assistante sociale, qui était parmi les 215 premières femmes à suivre la formation, est ambitieuse et impatiente de se présenter aux élections locales.

"Personne n'a jusque-là reconnu mes capacités. Les hommes nous demandent toujours d'organiser des réunions publiques et d’amener des gens, mais ils ne voient jamais mon potentiel en tant que candidate", indique-t-elle.

Mais "nous ne pouvons pas avancer sans (les femmes)", a affirmé Jhowry à IPS.

Mirella Arjoon, une autre stagiaire, a toujours pensé que la politique était le territoire des hommes, et que la place des femmes se trouvait à la maison. "Le monde change, nous devons donc changer aussi. Mais nous devrions d'abord apprendre le métier de la politique correctement", dit-elle.

Environ 1.300 femmes sont censées prendre part aux prochaines élections locales dans les villes et villages. Selon Nushrat Gunnoo, un membre de WIP, bon nombre de femmes ont été formées en politique.

"Les partis ne peuvent plus dire qu'il n'y a pas assez de femmes candidates. Ils ont toujours utilisé les services des groupes de femmes comme militantes. Il est temps pour eux de partir de là", a-t-elle souligné. (FIN/2012)