Cancer du sein : Acheter rose ou pas?

Cancer du sein : Acheter rose ou pas?

Un article de Sophie Allard publié dans La Presse le 27 janvier 2012

Le ruban rose est mis à mal dans le film L'industrie du ruban rose de Léa Pool, tourné en grande partie aux États-Unis. On y dénonce le «pinkwashing», la culture rose bonbon liée au cancer du sein et le manque de recherche en prévention en raison du poids de l'industrie pharmaceutique. Au Québec aussi, on achète rose. On marche rose. On court rose. Doit-on cesser de le faire?

Selon Léa Pool, il faut plutôt cesser de croire qu'en «achetant du papier hygiénique rose, nous faisons ce qu'il y a à faire». Acheter rose, peut-être, mais pas aveuglément. «On voit beaucoup de rose, il peut y avoir des dérapages, reconnaît Nathalie Le Prohon, présidente de la Fondation du cancer du sein du Québec. On doit s'assurer, comme consommateur, que l'entreprise qui met en marché le produit remet les sommes amassées à un organisme reconnu.»

La Fondation du cancer du sein du Québec amasse en moyenne 7 millions chaque année. La principale source de revenus est la Course à la vie CIBC (2,7 millions lors de la plus récente présentation). Un dollar sur cinq vient plutôt de son initiative Achetez rose. «Nous nous assurons d'une entente «gagnant-gagnant» avec nos partenaires d'affaires et nous évitons de nous associer à des produits qui contiennent des ingrédients sur la liste noire de Santé Canada. La semaine dernière, nous avons refusé un shampoing et une boisson énergétique.» Cela dit, la Fondation n'a pas l'exclusivité du ruban rose. Au contraire. Les produits roses sont aussi vendus au profit de la Fondation canadienne du cancer, d'hôpitaux, mais aussi d'organismes américains, etc. Il s'agit même parfois de fausse représentation, note Mme Le Prohon.