La Commission de la condition de la femme achève sa 56e session sans adopter de conclusions concertées sur l’autonomisation des femmes rurales

La Commission de la condition de la femme achève sa 56e session sans adopter de conclusions concertées sur l’autonomisation des femmes rurales

La Commission de la condition de la femme a achevé, ce matin, les travaux de sa cinquante-sixième session sans que les délégations aient pu parvenir au consensus qui leur aurait permis d’adopter les « conclusions concertées » du débat général et des tables rondes que la Commission a tenus du 27 février au 9 mars 2012 sur le thème de l’autonomisation des femmes rurales.

En l’absence de consensus, la Présidente de cette cinquante-sixième session, Mme Marjon V. Kamara (Libéria), rédigera un document résumant les travaux de la session.  Ce document sera très prochainement disponible sur le site Internet de la Commission de la condition de la femme*.  Cette proposition n’a pas soulevé d’objection parmi les membres de la Commission qui, en fin de séance, ont adopté le projet de rapport de la session**.

Mme Kamara n’a pas caché sa déception de voir la Commission se retrouver dans cette situation.  À l’instar des nombreuses délégations qui ont pris la parole, elle a regretté l’absence de conclusions de fond, rappelant que les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale.

La Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Michelle Bachelet, a regretté que la Commission se soit retrouvée dans une impasse l’empêchant d’adopter des conclusions concertées.  Pour l’ensemble des femmes et des filles vivant à travers le monde, et en particulier dans les zones rurales, elle a déploré ce manque de consensus entre les délégations.

« Cette situation est regrettable après deux semaines de débats passionnés avec les gouvernements et la société civile, échanges auxquels ont participé plus de 2 000 représentants qui ont fait entendre les points de vue et les perspectives de ces femmes », a-t-elle expliqué.  Elle a émis l’espoir que cet échec ne signifie pas la fin des efforts que doivent déployer les États Membres en vue d’améliorer les vies des femmes et des filles dans toutes leurs dimensions.

Toutes les délégations présentes ont ensuite -soit en leur nom propre, soit en celui de groupes régionaux- salué les efforts déployés par ONU-Femmes, par la Présidente de cette session de la Commission, son Bureau et son facilitateur, M. Carlos Enrique García González (Salvador), pour mener un travail de négociation de manière « infatigable » afin de parvenir à l’élaboration d’un document qui aurait réaffirmé le rôle des femmes rurales dans le développement et dans l’élimination de la pauvreté et de la faim.

« Les femmes rurales auraient mérité un document de fond qui aurait préconisé des mesures claires en vue d’améliorer leurs droits, ainsi que leur situation économique et sociale », a déclaré la représentante du Pérou.

Abondant dans son sens, son collègue de la Jamaïque, parlant au nom des États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a prévenu que l’échec enregistré aujourd’hui enverrait un mauvais message à ces femmes.  Il a particulièrement regretté l’absence d’accord sur les transferts de technologies, qui sont pourtant « une question vitale au bon fonctionnement de l’agriculture dans les zones rurales ».

Plusieurs représentants, dont ceux du Zimbabwe, de Cuba et du Nicaragua, ont attribué cet échec à l’obstination d’une seule délégation, sans la nommer; tandis que le représentant de la République islamique d’Iran s’est inquiété « de la tendance et de la volonté de plusieurs pays à vouloir universaliser certains thèmes ».
La représentante du Zimbabwe, s’exprimant au nom des délégations du Groupe africain, a souligné que les délégations africaines avaient fait preuve de souplesse en acceptant, par exemple, la suppression de paragraphes fondamentaux, y compris celui sur les transferts de technologies, « malgré toute la valeur de ces transferts pour l’Afrique ».  

L’Union européenne et plusieurs pays du continent européen, dont la Norvège et la Suisse, ont déploré ce qu’ils ont estimé être une remise en question de concepts clefs et de normes politiques agréées.  

« La terminologie commune issue des documents politiques et approuvée par les participants aux conférences internationales de Beijing et du Caire, ainsi qu’aux travaux du Conseil économique et social (ECOSOC) et de l’Assemblée générale de l’ONU, a été remise en question », a déploré la représentante de la Suisse.  « Nous devons empêcher de donner de la légitimité à des individus ou à des organisations qui encouragent des croyances politiques et des actions qui sapent et nient les principes universels de non-discrimination et de respect pour l’égalité des sexes », a-t-elle ajouté.

Rappelant que la Norvège respecte toutes les coutumes et toutes les religions, le représentant de ce pays a estimé que des « valeurs morales avaient été utilisées pour priver les femmes rurales de leurs droits et de leurs possibilités ».  « En 2012, avec ce que nous savons au sujet de leurs droits et de leur santé, nous aurions dû aboutir à un compromis.  Il faudra accepter l’abandon de certaines traditions », a-t-il encore noté, ajoutant que « toutes les cultures et toutes les sociétés changent ».  « Cela s’appelle le développement », a-t-il conclu.

La tenue de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme, qui devrait être consacrée à l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des fillettes, sera annoncée en temps opportun dans le Journal des Nations Unies.

* http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/56sess.htm
** E/CN.6/2012/L.8