L'itinérance explose à Montréal
Un article de Caroline Montpetit du journal Le Devoir, 20 avril 2012
Les organismes continuent de réclamer une politique globale de lutte
Des femmes violées, battues, aux os brisés, cognent à la porte de refuges surpeuplés. De jeunes immigrants ayant fui leur pays d'origine, qui ne parlent ni français ni anglais, se retrouvent dans la rue. Des jeunes sortant du centre jeunesse débarquent dans les refuges le jour de leurs 18 ans. Des personnes intoxiquées ne sont acceptées dans aucun refuge à cause de leur état. L'itinérance explose et prend les formes les plus diverses à Montréal. Malgré cet accablant constat, le gouvernement du Québec n'a toujours pas adopté de politique visant à réduire l'itinérance. Et le plan d'action adopté en 2010 comme mesure palliative aux problèmes est, de l'avis de très nombreux intervenants dans ce secteur, nettement insuffisant.
C'est ce qui se dégageait hier de l'assemblée publique organisée par le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal. Au cours des discussions qui ont alimenté le débat, les organismes travaillant auprès d'une clientèle itinérante ont été unanimes: non seulement l'itinérance est en croissance, mais les êtres qu'elle touche sont plus abîmés, leur situation s'est complexifiée. Au cours du dernier hiver, les demandes de refuge pour hommes ont augmenté de 8 %. Dans un refuge pour femmes comme La rue des femmes, on a dû refuser 3600 demandes d'hébergement au cours de la dernière année. «Nos lits d'urgence sont occupés à 195 %, on ajoute des matelas sur le sol», explique Suzanne Bourret, de la Rue des femmes.
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