Communiqué
26 mai 2012 | Genève - La Soixante-Cinquième Assemblée mondiale de la Santé a terminé ses travaux samedi après avoir adopté 21 résolutions et trois décisions portant sur un large éventail de questions sanitaires. À ces six jours de débats ont participé près de 3000 délégués, dont des ministres de la santé et de hauts responsables des 194 États Membres de l’OMS, ainsi que des représentants de la société civile et autres parties prenantes.
L’ordre du jour portait sur certains des principaux problèmes auxquels est confrontée la santé publique et des opportunités qui s’offrent à elle.
«Parmi les problèmes, je citerai les maladies non transmissibles et le vieillissement, la santé de la mère et de l’enfant, la sous-alimentation et la suralimentation, l’éradication de la poliomyélite et les besoins de santé pendant les situations d’urgence humanitaire», a déclaré le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. «Parmi les opportunités, je citerai la vaccination et la Décennie pour les vaccins ainsi que les nouvelles stratégies multisectorielles rendues possibles par une approche fondée sur les déterminants sociaux.»
À l’ouverture de l’Assemblée de la Santé, les délégués ont pris acte des réalisations spectaculaires de la santé publique au cours des dernières décennies et de l’émergence d’une solidarité mondiale en matière de santé. De nombreux États Membres ont soutenu le concept de couverture sanitaire universelle. «La couverture sanitaire universelle est le concept le plus fort que la santé publique ait à offrir», a ajouté le Dr Chan.
Pour le Professeur Thérèse N’Dri-Yoman, Ministre de la Santé de Côte d’Ivoire et Président élu de l’Assemblée de la Santé, «la santé publique devrait être l’une des priorités absolues de nos projets de développement car, en l’absence de santé, il n’y a pas de développement possible. Il est ressorti clairement de tous les exposés que la meilleure façon et la plus sûre de réduire les inégalités en matière de soins de santé dans nos pays, riches ou pauvres, consiste à instaurer la couverture sanitaire universelle.».
Reconduction du Dr Margaret Chan: À l’Assemblée mondiale de la Santé, le Dr Margaret Chan a été reconduite pour un second mandat de cinq ans comme Directeur général de l’OMS par 98% des voix des États Membres. Le nouveau mandat du Dr Chan prendra effet le 1er juillet 2012 et se terminera le 30 juin 2017. Dans son discours d’investiture, le Dr Chan s’est engagée à poursuivre son action pour améliorer la santé des plus vulnérables. En outre, elle a déclaré que la principale difficulté au cours des cinq prochaines années serait de diriger l’OMS d’une façon qui aide à maintenir la dynamique sans précédent en faveur de la santé qui a marqué le début de ce siècle.
Réforme de l’OMS: Les États Membres ont examiné des propositions de réforme dans trois domaines: programmes et définition des priorités, gouvernance et gestion. Les délégués ont réaffirmé leur soutien au programme de réforme du Directeur général, réitérant la nécessité d’une réforme complète, pour que l’OMS assume de façon plus efficace son rôle normatif et d’assistance technique, et pour améliorer la responsabilisation et la transparence. Ils ont encouragé à mettre davantage l’accent sur les résultats et à renforcer la gouvernance. Les propositions visant à améliorer le suivi des activités de l’OMS ont été bien accueillies.
Les délégués ont largement approuvé les cinq catégories proposées: maladies transmissibles, maladies non transmissibles, santé à toutes les étapes de la vie, systèmes de santé, et préparation, surveillance et intervention. Les États Membres ont souligné que l’OMS devrait se concentrer davantage sur les déterminants sociaux, économiques et environnementaux de la santé. Les délégués ont prié le Secrétariat d’indiquer la priorité qui serait donnée aux déterminants de la santé dans le prochain projet de programme général de travail de l’Organisation, qui sera examiné lors des réunions des comités régionaux cette année encore.
Les résolutions et décisions adoptées par les États Membres ont été notamment les suivantes:
Mariages précoces et grossesses chez les jeunes filles: Plus de 30% des jeunes filles de pays en développement sont mariées avant l’âge de 18 ans et 14% avant l’âge de 15 ans. De nombreux délégués ont demandé que l’OMS continue à sensibiliser au problème des mariages précoces et des grossesses chez les adolescentes et à leurs conséquences pour les jeunes femmes et leurs enfants.
Plusieurs États Membres ont noté l’importance qu’il y a à mettre en œuvre des lois et des politiques et à renforcer l’éducation sexuelle. Certains pays ont déclaré que les solutions n’étaient pas les mêmes partout et que les normes sociales, familiales et communautaires devaient être prises en compte. Le Secrétariat a confirmé qu’il travaillerait avec les bureaux régionaux afin d’adapter les lignes directrices aux réalités de la santé publique pays par pays.
Urgences humanitaires: L’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution réaffirmant le rôle central de la santé dans l’action humanitaire et entérinant le rôle de l’OMS en tant qu’institution chef de file du groupe de responsabilité sectorielle Santé. Elle a appelé les États Membres et les donateurs à allouer suffisamment de ressources aux activités du secteur de la santé pendant les situations d’urgence humanitaires et à renforcer les capacités de l’OMS à exercer son rôle de chef de file aussi bien au niveau des pays qu’au niveau mondial. La résolution appelle également l’OMS à fournir aux États Membres et aux partenaires de l’action humanitaire un soutien prévisible pendant les situations d’urgence, en coordonnant des évaluations rapides, l’élaboration de stratégies et de plans d’action et le suivi de la situation sanitaire.
Règlement sanitaire international: L’Assemblée de la Santé a examiné le rapport annuel sur l’application du Règlement sanitaire international (2005). Les États Parties ont progressé de façon satisfaisante en 2011 pour certaines des principales capacités, notamment la surveillance, l’intervention, les laboratoires et les zoonoses. La plupart des régions de l’OMS ont signalé disposer de capacités relativement faibles en ressources humaines et préparation en cas d’événement chimique et radiologique. De nombreux États Parties ont sollicité ou solliciteront un délai supplémentaire de deux ans allant jusqu’au deuxième semestre 2012 pour établir les principales capacités au titre du RSI. Les délégués ont cité des difficultés dans la mise en œuvre des mesures relatives aux points d’entrée et à la mobilisation d’intervenants en dehors du secteur de la santé.
Rassemblements mondiaux de masse: L’Assemblée de la Santé a examiné et approuvé le rapport du Secrétariat intitulé «Rassemblements mondiaux de masse: répercussions et opportunités pour la sécurité sanitaire mondiale». Les discussions ont été menées par les délégués de pays qui ont accueilli dernièrement des rassemblements mondiaux de masse ou qui en accueillent régulièrement. Les délégués ont exprimé la nécessité d’échanger des données d’expérience pour faire partager les enseignements concernant la préparation et la gestion de ce type de manifestation et les États Membres ont souligné l’importance de mesures préventives et d’interventions efficaces.
Objectifs du Millénaire pour le développement: Les États Membres ont approuvé le rapport sur les progrès dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé et les objectifs sanitaires mondiaux après 2015. Si le rythme des progrès s’est accéléré dans de nombreux États Membres, il a également été reconnu qu’il y a encore beaucoup à faire au cours des trois années qui restent pour atteindre les objectifs.
Un second rapport sur la Commission de l’Information et de la Redevabilité pour la Santé de la Femme et de l’Enfant, créée à la demande du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies dans le cadre de la Stratégie mondiale pour la santé de la femme et de l’enfant, a présenté 10 recommandations visant à améliorer la redevabilité dans les pays et au niveau mondial. L’accent est mis sur les 75 pays qui, ensemble, enregistrent plus de 95% des décès de mères et d’enfants dans le monde. De nombreux pays et partenaires mondiaux ont pris des engagements spécifiques pour accélérer l’action en vue de la réalisation des OMD 4 (Réduction de la mortalité de l’enfant) et 5 (Amélioration de la santé maternelle).
Maladies non transmissibles: L’Assemblée de la Santé a adopté plusieurs résolutions et décisions sur les maladies non transmissibles (MNT):
- Les délégués ont approuvé l’élaboration d’un cadre mondial de suivi pour la lutte contre les maladies non transmissibles, comprenant des indicateurs et un ensemble de cibles mondiales. Les États Membres ont convenu d’adopter comme cible mondiale une réduction de 25% d’ici 2025 de la mortalité prématurée par maladies non transmissibles telles que les maladies cardio-vasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques.
- Une autre résolution est axée sur le renforcement des politiques de lutte contre les maladies non transmissibles pour promouvoir un vieillissement actif. La résolution invite instamment les États Membres à encourager la participation active des personnes âgées à la société, à promouvoir un vieillissement en bonne santé et à promouvoir le niveau le plus élevé de santé et de bien-être pour les personnes âgées en répondant à leurs besoins.
- La constitution de partenariats aux niveaux national et mondial est un élément essentiel de l’action multisectorielle contre des MNT. Les États Membres ont examiné les moyens de prévenir les maladies non transmissibles à travers une action impliquant d’autres secteurs que la santé pour prévenir les décès prématurés et réduire l’exposition aux facteurs de risque de MNT, principalement le tabagisme, l’usage nocif de l’alcool, une alimentation déséquilibrée et la sédentarité.
- Les délégués ont également été saisis d’un rapport sur les progrès de la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour la prévention de la cécité et des déficiences visuelles évitables.
- Les États Membres ont reconnu la nécessité, s’agissant des troubles mentaux, d’une réponse globale coordonnée du secteur de la santé et du secteur social au niveau des pays. Les délégués ont reconnu que cela supposait des approches telles que des programmes visant à lutter contre l’ostracisme et la discrimination, la réinsertion des patients à leur travail et dans la société, le soutien aux dispensateurs de soins et aux familles, et l’investissement dans la santé mentale à partir du budget de la santé
Territoire palestinien occupé: L’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution sur la situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé. Elle a réaffirmé la nécessité d’une couverture complète des services de santé tout en reconnaissant que la pénurie aiguë de ressources financières et médicales compromettait l’accès de la population aux services curatifs et préventifs.
Préparation en cas de grippe pandémique: Se fondant sur les enseignements de la pandémie de grippe 2009, les États Membres ont reconnu que le Cadre de préparation en cas de grippe pandémique était une évolution cruciale pour la sécurité sanitaire mondiale. Les délégués ont reconnu que l’industrie et les autres partenaires jouaient un rôle important dans la mise au point de vaccins pour lutter contre les flambées de maladies.
Les délégués se sont accordés pour répartir la part des ressources à 70% et 30%, respectivement, entre la préparation et l’intervention, mais ces chiffres devront être régulièrement revus. Ils se sont félicités du rôle du groupe consultatif, mais ont souligné la nécessité de pouvoir disposer de ressources supplémentaires, tant humaines que financières, pour soutenir les capacités et le rôle directeur de l’OMS.
Intensification de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite: Les délégués ont reconnu que l’éradication de la poliomyélite était arrivée à un tournant décisif entre réussite et échec, et qu’il était indispensable pour garantir le succès de disposer des fonds nécessaires. À cet égard, les États Membres ont déclaré l’achèvement de l’éradication de la poliomyélite urgence programmatique pour la santé publique.
Recherche-développement: L’Assemblée de la Santé a accueilli avec satisfaction le rapport du groupe de travail consultatif d’experts sur le financement et la coordination de la recherche-développement comportant des recommandations afin d’obtenir de nouveaux fonds pour la recherche-développement sur les maladies sévissant dans les populations des pays en développement. Elle a adopté une résolution visant à organiser des consultations des États Membres aux niveaux national, régional et mondial pour analyser le rapport et la faisabilité des recommandations.
Schistosomiase: Les délégués ont adopté une résolution visant à soutenir les pays dans l’évaluation de l’interruption de la transmission et la prévention de la réapparition de la schistosomiase après son élimination. Ils ont également discuté de la nécessité d’une approche par les systèmes de santé, intégrant des partenariats entre le public et le privé, pour garantir la disponibilité des médicaments et leur développement.
Déterminants sociaux de la santé: L’Assemblée de la Santé a approuvé la Déclaration politique de Rio et ses recommandations. Elle a approuvé les mesures pour soutenir les cinq actions prioritaires recommandées dans la Déclaration pour traiter la question des déterminants sociaux de la santé. Ces mesures entraîneront, entre autres, une plus grande collaboration entre les Nations Unies et les organismes partenaires et un soutien plus grand aux États Membres pour adopter une approche globale de la «santé pour tous».
Produits médicaux de qualité inférieure/faux/faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits: Les délégués ont approuvé un projet de résolution sur un nouveau dispositif des États Membres proposant une collaboration internationale en matière de produits médicaux de qualité inférieure/faux/faussement étiquetés/falsifiés/contrefaits. De nombreux pays ont souligné la nécessité de renforcer les autorités de réglementation, ainsi que le rôle essentiel de l’OMS dans le développement des réseaux régionaux et internationaux de réglementation. Les modes de distribution émergents tels que les ventes sur Internet constituent une menace non négligeable et exigent des solutions spécifiques. Les représentants des ONG et du secteur pharmaceutique ont exprimé leur appui au dispositif.
Rapports de situation: Les délégués ont également reçu des rapports de situation dans six domaines: renforcement des systèmes de santé; éradication, prévention et lutte pour certaines maladies; santé génésique; initiatives en faveur de la sécurité sanitaire des aliments; changement climatique et santé; partenariats et multilinguisme.