Un rapport révèle les répercussions des traumatismes liés aux pensionnats sur les femmes et les filles autochtones en état d’arrestation

Un rapport révèle les répercussions des traumatismes liés aux pensionnats sur les femmes et les filles autochtones en état d’arrestation

Communiqué

Un rapport révèle les répercussions des traumatismes liés aux pensionnats sur les femmes et les filles autochtones en état d’arrestation, et recommande des interventions communautaires transformatives et holistiques plutôt que des mesures punitives

(Ottawa), le 29 mai 2012 – Un rapport qui documente les répercussions intergénérationnelles des traumatismes liés aux pensionnats sur les femmes et les filles autochtones criminalisées sera lancé le 30 Mai par l’Association des femmes autochtones du Canada et Justice for Girls, avec la participation de Kairos : initiatives canadiennes œcuméniques pour la justice. Ce rapport présente les résultats de dialogues tenus dans diverses régions du pays, auxquels ont participé plus de 300 personnes, notamment des femmes et des filles autochtones (Premières Nations, Métisses et Inuites) qui avaient été en détention, ainsi que des intervenants du secteur judiciaire et des travailleurs communautaires. Les dialogues ont eu lieu dans le cadre du projet Mettre fin aux séquelles qui mènent des pensionnats indiens aux prisons, financé par Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC).
 
« Ce rapport accentue nos préoccupations dues au fait que les femmes autochtones sont surreprésentées dans le système carcéral pour des raisons de pauvreté, de violence et d’abus multigénérationnels attribuables aux répercussions des pensionnats, et à des questions de santé mentale », a dit Jeannette Corbiere Lavell, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada.
 
Le rapport « La condition féminine importe : Cultiver la force dans la réconciliation » constate que le système de justice pénale au Canada est lié à la colonisation, et que l’optique dans laquelle les femmes et les filles autochtones sont condamnées et criminalisés est entachée par des relations historiques injustes. Parmi les premières femmes emprisonnées au pénitencier de Kingston il y avait des femmes autochtones qui résistaient à la loi sur la stérilisation. « Aujourd’hui beaucoup de femmes et de jeunes filles autochtones en détention (Premières Nations, Inuites et Métisses) ont des membres de leurs familles qui ont séjourné dans les pensionnats; pourtant, le système de justice pénale ne tient pas compte du contexte d’inégalité et de séquelles coloniales collectives dans lequel s’inscrivent les femmes et les filles autochtones en conflit avec la loi », dit Fiona Meyer Cook, agente de recherche, analyste de politiques et chargée de projet à l’AFAC.
 
Le rapport indique avec inquiétude que 44 % des filles en placement sous garde au pays sont des Autochtones. Asia Czapska, membre du conseil d’administration de Justice for Girls, a déclaré que « la surreprésentation des filles autochtones dans les prisons pour les jeunes est ahurissante et constitue une violation grave des droits de la personne des filles Autochtones ».
 
Le rapport demande la reconnaissance des principes de l’autodétermination et du rétablissement du pouvoir décisionnel des Autochtones dans des domaines comme la justice, faisant remarquer que des programmes de déjudiciarisation des Autochtones particuliers aux femmes pourraient apporter une importante contribution à une vision inclusive de la guérison, de la justice, d’une plus grande sécurité publique et de la réconciliation à long terme, au Canada.
 
Le rapport présente des recommandations visant à améliorer les conditions de vie des femmes et des filles autochtones criminalisées, de leurs familles et de leurs communautés, notamment :
  • un soutien accru pour des solutions de rechange à l’incarcération, y compris des tribunaux autochtones communautaires de résolution de problèmes et des programmes de déjudiciarisation particuliers aux femmes et aux filles autochtones;
  • un soutien accru pour des programmes de guérison et de revitalisation culturelle sous la direction des communautés;
  • élaboration d’un éventail de programmes d’intervention précoce pour les filles autochtones (Premières Nations, Inuites et Métisses) qui ont ou risquent d’avoir des démêlés avec la justice, y compris des mesures pour prévenir l’entrée dans le système correctionnel de femmes et de filles autochtones qui ont des toxicomanies ou des problèmes de développement fondés sur des traumatismes;
  • la mise en œuvre des normes reconnues internationales en matière de droits de la personne dans le maintien de l’ordre et l’application du droit criminel; la protection contre la violence, la reconnaissance des droits culturels et l’amélioration des conditions économiques et sociales;
  • des services complémentaires durables et des solutions de logement de soutien pour les femmes et les filles autochtones qui sont sans abri et celles qui sortent de prison;
  • la sensibilisation générale de toute la population du Canada à la vérité des répercussions des pensionnats sur les femmes autochtones, et développement obligatoire des capacités pour ceux qui travaillent dans des services de police, le système de justice pénale et les services sociaux d’aide aux enfants.
« Nous encourageons tous les ordres de gouvernement à prendre en considération ces importantes recommandations dans le but d’améliorer la situation et de trouver de nouveaux chemins qui mènent à la réconciliation », dit Barb Morin, présidente de l’Association des femmes autochtones de la Colombie- Britannique (à Kamloops). « L’AFAC est prête à collaborer avec le ministère de la Justice, Condition féminine et d’autres ministères clés des gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux afin de contribuer à la réalisation de ces changements ».