Rio+20 - La Directrice exécutive d’ONU Femmes appelle à reconnaître le rôle central des femmes dans le développement durable
Communiqué
Lors de la conférence de presse organisée le 18 juin durant la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) à Rio de Janeiro, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes Michelle Bachelet appelle à reconnaître le rôle central des femmes dans le développement durable. Gro Harlem Brundtland, ancienne Première ministre de la Norvège et envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les changements climatiques se joint à la conférence de presse.
Déclaration de Presse
Mesdames et Messieurs, bonjour. C’est un plaisir de me trouver ici aujourd’hui à Rio, aux côtés de Gro Harlem Brundtland, pour cette très importante Conférence sur le développement durable.
Aujourd’hui, le monde avance à toute vitesse dans une voie dangereuse caractérisée par les disparités économiques et sociales, et par la destruction de l’environnement. Nous sommes ici pour faire entendre votre voix et pour montrer au monde quel est l’Avenir souhaité par les femmes.
Les militantes sont venues en force ici. Avec l’appui du gouvernement du Brésil et de la Présidente Dilma Rousseff, ONU Femmes organise demain le Forum des dirigeants ainsi que le Sommet des femmes leaders le 21 juin.
Lors du Sommet des femmes leaders sur l’Avenir souhaité par les femmes, les femmes Chefs d’Etat et de gouvernement lanceront un appel puissant à l’action, en manifestant leur appui et en demandant instamment aux gouvernements, à la société civile et au secteur privé de donner la priorité à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et d’accélérer les actions en vue de réaliser le développement durable.
Deux jours auparavant, lors du Forum des dirigeants, des centaines de représentants des gouvernements, de la société civile et du secteur privé se réuniront en vue de discuter de l’Avenir souhaité par les femmes. Leurs paroles et leurs points de vue ouvriront la voie au Sommet des femmes leaders.
ONU Femmes a appuyé la réalisation d’un sondage en ligne sur des femmes à travers le monde, dont les résultats seront largement communiqués cette semaine. Ces femmes nous ont directement parlé de l’Avenir qu’elles souhaitent. Elles ont fait des recommandations fortes afin qu’un accent soit mis de manière urgente sur le développement économique, sur l’accès aux ressources financières et techniques par les femmes, et sur l’accroissement de leur participation et leur leadership dans le domaine de la prise de décisions à tous les niveaux.
Tout au long de cette semaine, ONU Femmes fera entendre la voix de ces femmes par le biais d’un certain nombre de manifestations.
Je commencerai à le faire en ce qui me concerne plus tard dans la journée, lors du Forum sur la durabilité des entreprises, au cours duquel j’appellerai les responsables d’entreprises à se joindre aux plus de 400 autres PDG déjà signataires des Principes d’autonomisation des femmes. En s’attachant à promouvoir l’égalité des sexes, les entreprises peuvent non seulement améliorer la position des femmes sur le lieu de travail, mais aussi accroître leurs propres durabilité et résultats commerciaux.
Le développement durable exige que les droits de la femme, l’égalité des chances et la pleine participation des femmes soient garantis. Le modèle actuel – marqué par une dégradation de l’environnement, une montée des inégalités et une économie en dents de scie – n’est pas durable. L’équilibre du monde implique l’égalité des sexes.
Il y a 20 ans, la Déclaration de Rio soulignait que la pleine participation des femmes était essentielle pour réaliser le développement durable. Deux décennies plus tard, les femmes continuent d’être confrontées à des inégalités aux niveaux des droits, des opportunités et de la participation.
Aujourd’hui, une femme meure toutes les deux minutes suite à des complications survenues pendant une grossesse ou un accouchement. La violence à l’égard des femmes demeure une épidémie mondiale. Les femmes gagnent moins que les hommes à travail égal, et demeurent sous-représentées dans la prise de décisions. Moins d’un Chef d’Etat et de Gouvernement, moins d’un membre sur cinq des parlements est une femme, et moins de 4 pourcent des PDG des 500 plus importantes entreprises mondiales listées par le magazine Fortune sont des femmes.
Cela n’est pas supportable. L’exclusion sociale des femmes est néfaste non seulement pour les femmes elles-mêmes, mais aussi pour nous tous.
Dans l’intérêt des générations actuelles et à venir, nous devons cultiver et développer toute l’intelligence et les capacités collectives du genre humain.
La participation pleine et égale des femmes et leur leadership ne sont plus facultatifs. C’est une nécessité urgente si nous voulons réaliser les changements transformationnels nécessaires à tous les niveaux et dans tous les domaines de la société en faveur du développement durable.
Depuis 1992, la croissance économique mondiale a cru de 75 pourcent. Mais à quel prix ? Plus d’une personne sur quatre vit toujours dans l’extrême pauvreté. Deux tiers des ressources naturelles vitales pour le genre humain sont en train de décliner. D’ici à 2030, le monde aura besoin de 50 pourcent d’aliments en plus, de 45 pourcent d’énergie en plus et de 30 pourcent d’eau en plus. Et la montée des niveaux de la mer ainsi que les changements climatiques font peser une menace sans précédent sur l’humanité.
Nous ne pouvons pas nous permettre de poursuivre sur cette voie, et nous ne pouvons notamment pas nous permettre de continuer à marginaliser les femmes au niveau du leadership et de la prise de décisions, ou de les exposer à la violence et à la discrimination.
Lorsque les femmes bénéficient de l’égalité des droits, des chances et de la participation, elles sont en mesure de contribuer davantage au développement durable. La pleine et égale participation des femmes rend les sociétés, les économies et l’environnement plus sains.
Aujourd’hui, si les femmes des pays en développement constituent 43 pourcent des travailleurs agricoles, celles-ci ne peuvent pas bénéficier d’un accès égal à la terre, au crédit ou aux nouvelles technologies. Cela n’est pas supportable.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que le fait d’accorder aux femmes le même accès qu’aux hommes aux engrais, aux semences, aux outils et à d’autres types d’appui agricole permettrait d’augmenter la production agricole et de réduire de 100 à 150 millions le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde.
Aujourd’hui, des millions de femmes principalement rurales continuent de cuisiner sur des cuisinières dégageant de la fumée et polluantes. En conséquence de quoi, deux millions de personnes meurent chaque année d’affections respiratoires – dont 85 pourcent de femmes et d’enfants. Cela n’est pas supportable. Les femmes ont besoin d’énergie propre.
Aujourd’hui, dans les zones urbaines, un quart de personnes ne disposent pas de l’eau courante à la maison. Cela fait peser un fardeau disproportionné sur les femmes et les filles, qui passent quotidiennement de longues heures à aller chercher de l’eau pour répondre aux besoins de base de leurs foyers, au lieu d’aller à l’école ou de gagner un revenu.
La Conférence sur le développement durable de cette semaine doit encourager des actions spécifiques en vue de réduire la pauvreté des femmes ainsi que les conséquences dangereuses sur la santé et l’environnement. Les dirigeants mondiaux doivent reconnaître la contribution inestimable des femmes à la gestion de l’environnement, et au développement.
Afin que cet engagement soit tenu et renforcé au cours de Rio+20, ONU Femmes défendra quatre mesures.
Premièrement, nous appelons les Etats membres à réaffirmer le caractère crucial de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes pour le développement durable et dans tout cadre international du développement adopté. Toute mesure permanente doit être fondée sur ce principe.
Deuxièmement, les gouvernements doivent adopter – puis prendre – des mesures afin que les femmes puissent avoir des opportunités d’accéder à des positions de leadership et de participer pleinement à la prise de décisions, que celles-ci soient liées aux politiques, aux questions sociales ou économiques ou à l’environnement.
Troisièmement, les femmes doivent être pleinement intégrées aux économies, afin de pouvoir à la fois contribuer aux choix apportés par le développement économique et en bénéficier. Cela exige que soit adoptée une série de mesures, telles que la fin de la violence et de la discrimination, et l’élimination des obstacles auxquelles sont confrontées les femmes pour posséder la terre et accéder au crédit.
Enfin, le développement durable deviendra réalité lorsque chacun aura accès aux services publics essentiels, y compris à l’éducation, aux soins de santé, à l’eau, à l’assainissement, à l’énergie et à la protection sociale.
Par le biais de ses programmes de pays à travers le monde, ONU Femmes est bien placée pour voir que le fait d’autonomiser les femmes en tant qu’agents du développement durable change tout.
L’organisation a aidé les femmes à acquérir des droits de propriété foncière plus importants au Maroc, à prendre la tête de coopératives agricoles au Rwanda, et à travailler comme partenaires-clés dans le domaine de la gestion des catastrophes en Thaïlande et au Viet Nam.
L’Avenir souhaité par les femmes est exempt de pauvreté et de discrimination, et caractérisé par un accès égal aux opportunités et au leadership, ainsi que par une sage gestion des ressources naturelles. En un mot, un avenir où le développement sera durable partout et pour tout le monde.
Rio+20 nous donne l’occasion de plaider en faveur d’un tel avenir. Voilà pourquoi tant de femmes sont venues jusqu’ici pour faire entendre leurs voix. Afin que l’avenir souhaité par les femmes soit l’avenir que nous partageons tous.