Le Programme des Nations Unies pour le développement condamne la criminalisation du travail du sexe et de l'usage de drogues

Le Programme des Nations Unies pour le développement condamne la criminalisation du travail du sexe et de l'usage de drogues

Source: 

Alliance féministe solidaire pour les droits des travailleuses(rs) du sexe

Le 9 juillet, la Commission mondiale sur le VIH et la loi du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) rendait public un rapport intitulé « Le VIH et la loi : risques, droits et santé ». Les pages consacrées au travail du sexe et à la consommation de drogues sont sans appel : les politiques répressives menées par de nombreux pays, y compris le « modèle » suédois de pénalisation des clients, font le jeu de l'épidémie et mettent en danger les travailleuses(rs) du sexe [1] et les usager-es de drogues. Notons que certaines personnes appartiennent à ces deux catégories.

Aucun-e partisan-e de la pénalisation des clients, à commencer par le Conseil du statut de la femme, ne peut ignorer ces analyses sous peine de favoriser la propagation du VIH. Pour sa part, le gouvernement Harper, en renforçant la criminalisation des usager-es de drogues avec la loi omnibus C-10, est dès lors encore plus responsable d'une partie des futures contaminations qui les toucheront.
 
Le « modèle » suédois a déjà été mis en pièces par le « Rapport d'Oslo sur les violences faites au travailleuses(rs) du sexe » rendu public le 1er juillet dernier (rappelons que c'est le « modèle » suédois qui est en place en Norvège). Et le PNUD va dans le même sens : (l') « approche suédoise » [de la prostitution] est perçue comme plus juste pour les travailleurs du sexe, considérés ainsi comme des victimes. Cette approche a été utilisée par d'autres pays et a eu en réalité des conséquences graves pour les travailleurs. » Notons cependant que, même si nous approuvons les recommandations du rapport du PNUD, il importe aussi d'étendre la décriminalisation du travail du sexe à la communication et à la sollicitation sur la rue.
 
Ainsi, le rapport intitulé « La prostitution : il est temps d'agir », rendu public par le Conseil du statut de la femme il y a quelques semaines, qui déclare que « Nul ne doit encourager ni banaliser la prostitution, sous prétexte de contrer le VIH ou autrement » (p. 120), est définitivement invalidé par l'aveuglement idéologique et le déni de la réalité dont il fait preuve. Le mouvement féministe doit aujourd'hui accompagner et protéger toutes les femmes, quel que soit le travail qu'elles ont choisi.
 
Le rapport du PNUD est aussi très clair en matière d'usage de drogues : « Les pays doivent revoir leurs approches par rapport à la consommation de drogues. Plutôt que de sanctionner les personnes qui utilisent la drogue et qui ne causent pas de préjudices aux autres, un accès à une prise en charge efficace du VIH et aux services de santé doit leur être offert, y compris la réduction des risques et des traitements volontaires contre la toxicomanie basés sur les constats. Les pays doivent [...] dépénaliser la possession de stupéfiants à usage personnel, en reconnaissant que l'impact réel de telles sanctions est souvent néfaste à la société » (p. 40).
 
Ainsi, le maire de Montréal ne doit plus s'opposer à la création de services d'injection supervisée qui ont largement fait leurs preuves là où ils ont été mis en place (baisse de la criminalité, des surdoses et des contaminations VIH/VHC, augmentation des cures de désintoxication). Le gouvernement Harper doit décriminaliser la possession et l'usage de drogues comme l'ont fait beaucoup de pays (Mexique, Portugal, Brésil, etc.) avec une réussite sanitaire et sécuritaire reconnue par le PNUD.
 
On ne peut sacrifier la santé publique - même d'une minorité - au profit de considérations idéologiques ou morales.
 
Signataires :
 
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[Note #1] Pour plus de détails, lire cet article d'Act Up-Paris