Haïti - Bras de fer entre le pouvoir politique et les groupes de femmes autour de la définition du viol

Haïti - Bras de fer entre le pouvoir politique et les groupes de femmes autour de la définition du viol

Un cas de viol hautement politique et politisé fait actuellement les manchettes en Haïti. Le 26 novembre, Marie Danielle Bernardin a été battue et violée par Me Josué Pierre-Louis, président du Conseil électoral permanent (CEP) et ancien ministre de la Justice. Depuis qu'elle a porté plainte, les alliés de son agresseur utilisent les médias afin de monter l’opinion publique contre elle en répandant des faussetés.

On ne sait pas comment Me Osner Févry, un ami de l'agresseur, a pu mettre la main sur le certificat médico-légal déposé le 30 novembre par Mme Bernardin au Parquet de Port-au-Prince, pour le présenter le lendemain matin dans une émission de radio en prétendant qu'il ne confirmerait pas qu'elle aurait été violée. Or le médecin qui rédige un tel certificat ne statue pas sur les circonstances d'une agression ni ne la qualifie; il n'atteste que des constats cliniques concernant l'état de santé de la personne, rappelle la Concertation nationale contre les violences faites aux femmes.

De plus, afin de tenter de prouver qu’il ne peut pas y avoir eu de viol, les défenseurs de Me Josué Pierre-Louis disent que Mme Bernardin entretenait des rapports intimes avec lui, ce qu'elle dément. Même s'ils avaient été intimes, le viol est déterminé par l’absence de consentement quelle que soit la relation entre la victime et l'agresseur.

Depuis quelques mois, Marie Danielle Bernardin était la secrétaire de Me Josué Pierre-Louis. Le 29 novembre, il déposait une plainte contre elle, affirmant qu’elle l'aurait espionné pour le compte de ses ennemis politiques!

Des personnes connues telles que les sénateurs Steven Y. Benoît, Andris Riché, Francisco Delacruz, le député Acclush Louis-Jeune et Mirlande H. Manigat, constitutionnaliste et ex candidate à la présidence du pays, appellent Me Josué Pierre-Louis à démissionner de la présidence du CEP.

Pour leur part, la Solidarite fanm ayisyèn (SOFA), Kay Fanm, la Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH) et la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA) exigent l’arrestation immédiate de Me Josué Pierre-Louis, comme on le ferait s’il s’agissait de n’importe quel citoyen accusé de viol.