La valorisation de la recherche universitaire piétine
Un article d'Alex Navarre du journal Découvrir, décembre 2012
En enseignement comme en recherche, les universités canadiennes s’acquittent avec brio de leur mission. Et année après année, nos chercheurs remportent des palmes d’or en termes de publications et d’excellence, et ce, tant au niveau national qu’international. Les résultats sont probants : le Canada, avec 0,5 % de la population mondiale et 2,4 % du PNB mondial, représente plus de 4 % des publications scientifiques.
Comment se fait-il alors que depuis plus de 20 ans, l’OCDE attribue au Canada des mentions de médiocrité pour la commercialisation des résultats de recherche? Mentions qui frisent l’indécence pour un pays aussi technologiquement avancé.
Le Québec n'échappe pas à ce diagnostic canadien. Pourtant, n'avons-nous pas pris les dispositions nécessaires il y a une décennie en nous dotant de quatre sociétés de valorisation universitaires (SVU)? L’Université peut-elle encore se réfugier dans une bulle académique sans tenir compte des transitions et des pressions qui l’entourent?
Le talon d’Achille soulevé par l’OCDE fait ressortir, entre autres, le déséquilibre entre l’armada de recherche, d'une part, et les fantassins de sa valorisation et de son développement commercial, d'autre part. C’est un peu comme si on avait investi massivement dans des sous-marins nucléaires sans avoir mis les ressources pour les approvisionner.
Un contexte fragile
Cette faiblesse du système de recherche québécois, juxtaposée au moment d’instabilité que vivent les universités présentement, laisse à penser qu’il sera difficile de faire beaucoup mieux en termes de retombées socioéconomiques sans une volonté politique forte.
Les universités sont actuellement sous la loupe très critique des éléments les plus sceptiques de la société civile, des gouvernements et… des étudiants. S’ajoutent les questionnements autour de l’influence que peut avoir le monde industriel sur la recherche universitaire, sur l’adéquation entre les besoins du marché du travail et la formation d’étudiants qualifiés, sur le dépassement des périodes prévues pour l’obtention des maîtrises et des doctorats, sur l’appui financier des jeunes leur permettant de compléter leurs études sans être ensevelis sous les dettes…
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