L’intersectionnalité appliquée : un projet pilote à Montréal
À l'occasion du 6ième Congrès international des recherches féministes francophones, tenu à Lausanne, Suisse du 29 août au 2 septembre 2012, Berthe Lacharité (de Relais-femmes) et Anne Pasquier (de la Table des groupes de femmes de Montréal) ont livré des présentations sur l'intersectionnalité appliquée à Montréal.
Présentation d’Anne Pasquier, Table des groupes de femmes de Montréal
Table des matières :
- Prise en compte de l'évolution de la composition de la population montréalaise
- Le choc des féminismes: une richesse pour la réflexion et une prise de conscience de l'intersectionnalité des discriminations
- L'élaboration du projet : facteurs favorisant l'embauche et le maintien en emploi des femmes des communautés culturelles et immigrantes dans les groupes de femmes à Montréal
L'élaboration du projet : facteurs favorisant l'embauche et le maintien en emploi des femmes des communautés culturelles et immigrantes dans les groupes de femmes à Montréal
Au-delà d’une ouverture progressive et des questionnements du mouvement féministe à l'égard de la place des femmes racisées et immigrantes, le constat reste que, dans les différentes rencontres du mouvement des femmes (colloques, Marche mondiale des femmes…), l’invisibilité des femmes des communautés culturelles et immigrantes et de leurs luttes est toujours réelle.
Pour la Table, il s’agissait, au-delà du discours, de passer à l’action et de modifier de l’intérieur les manières de faire. La question était de savoir si ces femmes étaient invisibles parce qu’elles n’avaient pas de mandats de représentations (et alors, quelle place leur réservait-on dans les groupes) ou parce qu’elles n'étaient tout simplement pas présentes dans les équipes de travail des groupes de femmes ?
…La TGFM a donc décidé en 2008 de réaliser une vaste enquête auprès de ses groupes membres en tant qu’employeurs et une recension des recherches réalisées dans le domaine. Ce document a été publié en 2010 : Facteurs favorisant l'embauche et le maintien en emploi des femmes des communautés culturelles et immigrantes dans les groupes de femmes de Montréal : état de la situation. Parallèlement, la TGFM a réalisé en 2009 une enquête complémentaire sur la perception du Féminisme chez les nouvelles arrivantes: Femmes immigrantes nouvellement arrivées et égalité entre les sexes: État de la situation dans la région de Montréal.
…L'ensemble du processus a mis en lumière le fait qu’on retrouve bien sûr dans les groupes de femmes les mêmes perceptions, préjugés et obstacles que dans la population en général :
Discriminations à l’embauche reliées au manque d’expérience québécoise, à la non-reconnaissance de diplômes ou surtout d’expériences acquises ailleurs et études et alors même qu’une partie d’entre elles a fait ses études ici (femmes issues de l’immigration et/ou racisées)
Discrimination raciale (ex. : les minorités visibles), religieuse et systémique
Problème de la langue (anglais et/ou français) alors que plus de 60% d’entre elles parlent le français
Par ailleurs s’ajoute un obstacle spécifique aux groupes de femmes. Il s’agit de la croyance largement répandue que ces organismes et leurs travailleuses ne peuvent être racistes du seul fait qu'ils sont féministes…
Présentation de Berthe Lacharité, Relais-femmes
Table des matières :
- La préoccupation de départ : sensibiliser les groupes de femmes à des responsabilités bien précises qui leur sont dévolues en tant qu’employeur
- Le modèle de la formation-accompagnement
- Milieu de recherche-milieu de pratique
- Impact du comité aviseur
- Contenu et modalités de la formation
- Exemple d’un changement de pratiques entraîné par la formation-accompagnement
Contenu et modalités de la formation
La formation-accompagnement comporte trois étapes, deux sessions d’une journée et une session d’une demi-journée étalées sur une période d'environ trois mois. La première journée permet une prise de conscience sur la réalité des femmes immigrantes et racisées vivant au Québec. En analysant elles-mêmes les réponses au questionnaire, les participantes perçoivent plus clairement la méconnaissance qu'ont les organismes de la situation des femmes immigrantes et racisées et des pratiques discriminatoires qui en découlent.
…À l’aide de divers exercices, la deuxième journée vise une prise de conscience des préjugés et comportements discriminatoires à l'oeuvre dans les organismes..
…Vers la fin de cette journée, les participantes identifient de manière plus systématique, les obstacles à l’embauche des femmes immigrantes et racisées présents dans leur groupe; elles s’engagent à trouver des moyens pour contrer ces obstacles; elles s’entendent sur un ou deux moyens à prioriser et à mettre en œuvre pendant la prochaine année.
…La troisième étape de la formation-accompagnement (1/2 journée) permet un retour critique sur les actions prises pour améliorer leurs pratiques d’embauche et d’intégration ainsi que sur la démarche depuis le début de la formation. Cette dernière étape est aussi l’occasion de considérer d’autres mesures que l’organisme pourrait prendre pour favoriser l’embauche, l’accueil, l’intégration et la rétention en emploi de femmes d’origines diverses et ainsi se doter petit à petit d’une stratégie d’embauche inclusive. Pour les organismes qui le désirent, l’accompagnement sur la mise en œuvre de nouvelles pratiques peut se poursuivre dans une quatrième étape : les accompagnatrices peuvent consacrer jusqu’à deux jours supplémentaires pour les guider, les soutenir, faire de la recherche...
-> Consultez les comptes-rendus (PDF)