Les entreprises d’insertion au Québec : une source d’empowerment/émancipation pour les jeunes Québécois sans emploi

Les entreprises d’insertion au Québec : une source d’empowerment/émancipation pour les jeunes Québécois sans emploi

Un article de Marco Alberio et Diane-Gabrielle Tremblay publié dans la revue Le GRAIN, 13 février 2013

Ces dernières années, en Europe et en Amérique du Nord, on a vu le chômage et le problème des emplois précaires augmenter radicalement, et toucher plus particulièrement les jeunes. En même temps, alors que les jeunes sont très fortement exclus du marché du travail (en particulier en Espagne, en Italie, en Grèce ...), la situation est moins critique en Amérique du Nord. Cela s’explique par le fait qu’il y a une plus grande flexibilité du marché du travail, mais peut-être aussi par forte présence d’initiatives locales. Cette forme d’innovation sociale est soutenue par l'Etat et crée des emplois dans des organismes communautaires ou de l’économie sociale, tels que les entreprises d’insertion.

Introduction

Ces dernières années, en Europe et en Amérique du Nord, on a vu le chômage et le problème des emplois précaires augmenter radicalement, et toucher plus particulièrement les jeunes. Bien que certains pays aient adopté des politiques – limitées – de relance, la plupart des pays européens ont plutôt opté pour des restrictions budgétaires, ce qui augmente les difficultés des jeunes en tant que groupe. Il faut toutefois ajouter qu’il existe indéniablement des inégalités entre les jeunes en fonction de divers facteurs, dont les origines sociales, de sorte qu’il est difficile de considérer les jeunes comme un groupe homogène. Notre analyse étant axée sur la variable de l'âge, nous observons presque partout, et surtout en Europe, une aggravation importante du chômage des jeunes, bien que le non-emploi des travailleurs âgés soit aussi important dans certains pays, dont la Belgique.

Alors que les jeunes sont très fortement exclus du marché du travail (en particulier en Espagne, en Italie, en Grèce ...), la situation est moins critique en Amérique du Nord. Pourquoi ? Deux facteurs principaux semblent expliquer cette différence. Le premier est la flexibilité du marché du travail qui, malgré les importants changements récents en Europe, reste encore plus élevée en Amérique du Nord. Cela se traduit bien sûr par des emplois précaires, occasionnels ou de courte durée, mais cela semble néanmoins permettre une certaine intégration sur le marché du travail, même si ce n’est qu’à court terme et pas toujours dans les meilleures conditions.

Le deuxième élément, qui est particulièrement caractéristique dans le cas du Québec, est la présence d’emplois et d'initiatives locales, une forme d’innovation sociale soutenue par l'Etat et qui stimule la création d’emplois dans des organismes communautaires ou de l’économie sociale notamment. Le rôle de l’État nous semble différent et moins centralisé qu’en Europe (surtout en France).

Nous nous intéressons ici à une de ces formules particulièrement intéressantes pour les jeunes en difficulté socio-économique, soit les « entreprises d'insertion ». Ces organisations ont été développées au niveau local, principalement dans la région de Montréal. Elles visent l'intégration socioprofessionnelle des jeunes ayant éprouvé des difficultés majeures sur le plan de l'éducation, de l'intégration sur le marché du travail, ou encore de la vie personnelle et familiale.

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