Lettre ouverte - Pour la santé et la sécurité des femmes, le Canada doit se doter d’une stratégie nationale en matière de logement
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Des groupes de la société civile envoient une lettre ouverte aux députés du Canada sur le projet de loi C-400 (Dignité pour touTEs : la campagne pour Canada sans pauvreté)
Droit au logement au Canada : une occasion à ne pas rater (FRAPRU)
Bulletin du FRAPRU « Spécial Commission populaire itinérante sur le droit au logement » (Hiver 2013)
"Il est temps d'éliminer l'itinérance des femmes," souligne la Campagne Toits pour elles (YWCA Canada)
Le Canada est le seul pays du G8 qui ne possède pas de stratégie nationale coordonnée en matière de sans-abrisme et de logement. Alors que nous sommes conscients que tous les ordres de gouvernement ont augmenté leurs investissements dans les logements sociaux et abordables, il n’y a pas encore suffisamment de coordination et de ressources allouées pour cerner la réalité selon laquelle plus d’un million de personnes au Canada ont de la difficulté à conserver leur logement.
En seulement quelques jours, des députés auront l’occasion d’amener le Canada au même niveau que les autres pays du G8 en votant en faveur du projet de loi C-400 visant à assurer aux Canadiens un logement sûr, adéquat, accessible et abordable. En tant qu’organisations œuvrant avec des femmes et visant à promouvoir les droits de la femme, nous désirons porter à votre attention les très graves répercussions de l’insécurité sur les femmes en matière de logement, et vous demander instamment, en tant que députés, d’appuyer ce projet de loi en tant que moyen pour promouvoir et protéger leur santé et leur sécurité, et par le fait même, respecter vos obligations internationales à l’égard des droits de la personne.
Le manque d’accès à un logement sûr et abordable continue d’être une préoccupation grave pour de nombreuses Canadiennes. La pauvreté, la violence conjugale et la monoparentalité sont de plus en plus courantes parmi les femmes, faisant ainsi de l’insécurité en matière de logement et du risque d’itinérance des questions pressantes sur l’égalité des sexes. Les femmes qui sont les plus touchées par les problèmes de logement se heurtent à de nombreuses formes de discrimination. Elles sont souvent autochtones, immigrantes, réfugiées ou appartiennent à des minorités visibles, vivent avec un handicap, sont âgées ou jeunes. À titre d’exemple, les femmes et les enfants, en particulier les femmes de couleur et les femmes autochtones, constituent l’un des groupes qui augmentent le plus rapidement en matière de fréquentation de refuges au pays.
Pour les femmes en général, le risque d’insécurité en matière de logement et de sans-abrisme est aussi plus élevé. Les femmes itinérantes ou qui font partie de la population itinérante cachée (p. ex. celles qui « dorment chez des connaissances ») sont extrêmement vulnérables aux agressions sexuelles et autres formes de violences. De nombreuses femmes continuent de vivre dans des situations violentes et dangereuses, car elles ont peur de devenir des sans-abri. Et pourtant, la prévalence des femmes et des enfants qui fuient la violence est déconcertante. Selon des statistiques récentes, sur les 6 109 femmes et enfants qui ont fréquenté des refuges au pays en un jour seulement, environ 5 000 avaient fui une situation de violence. De plus en plus de femmes se voient refuser l’accès à des refuges en raison d’un manque d’espace.
L’insécurité en matière de logement entraîne aussi de graves problèmes de santé chez les femmes. Elles sont nombreuses à souffrir de problèmes de santé mentale et de troubles liés à la consommation abusive d’alcools et d’autres drogues causés par une situation de logement précaire, de pauvreté et d’antécédents de violence. Les femmes qui vivent dans des logements inadéquats courent un plus grand risque de souffrir de maladies chroniques, infectieuses et transmises sexuellement, y compris du VIH/sida, ce qui entraîne souvent des décès prématurés. Contrairement aux hommes qui vivent dans les mêmes conditions de logement, les femmes sont trois fois plus susceptibles de se suicider, et six fois plus que les femmes qui habitent dans un logement adéquat.
La Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a même pris acte du sans-abrisme et de l’insécurité en matière de logement qui touchent de nombreuses Canadiennes et s’est prononcée en faveur d’une stratégie nationale dans le but de résoudre le problème. En tant qu’organisations œuvrant avec des femmes et visant à promouvoir leurs droits, nous souhaitons faire écho aux recommandations de la Convention. Non seulement nous savons que les emplois qui génèrent des revenus adéquats, les programmes d’aide au revenu et les programmes de soutien appropriés et accessibles comme les services de garde d’enfants et les initiatives de réduction des méfaits sont également nécessaires pour mettre fin au sans-abrisme des femmes et des familles, mais nous sommes aussi conscients que la création d’une stratégie qui permettrait d’assurer un logement sûr, adéquat, accessible et abordable, et qui comprend des objectifs, des échéanciers et des mécanismes de responsabilité, sera un moyen de s’attaquer résolument à ce problème.
Nous soussignés demandons par conséquent à tous les députés de prendre d’autres mesures pour promouvoir la santé et la sécurité des femmes par le soutien à la création d’une stratégie nationale en matière de logement par l’adoption du projet de loi C-400.
- Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC)
- Community Coalition to End Poverty-Nova Scotia (CCEP-NS)
- Conseil national des femmes du Canada (CNFC)
- Fédération canadienne des femmes diplômées des universités (FCFDU)
- Feminist Legal Studies Queen's
- Harmony House
- Initiative : une ville pour toutes les femmes (IVTF)
- Lanark County Interval House (LCIH)
- L'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry
- L'Association des femmes autochtones du Canada (AFAC)
- Le conseil économique des femmes (CÉF)
- METRAC (Metropolitan Action Committee on Violence Against Women and Children)
- Ontario Coalition of Interval and Transition Houses (OAITH)
- Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
- SCEP (Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier)
- SCFP (Syndicat canadien de la fonction publique)
- STTP (Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes)
- Toronto Women's City Alliance
- Transition House Association of Newfoundland and Labrador
- Transition House Association of Nova Scotia
- Tri County Women's Centre - Yarmouth Nova Scotia
- West Coast Women's Legal Education & Action Fund
- Women's Action Alliance for Change Nova Scotia (WACNS)
- YWCA Canada