Actes du Colloque étudiant féministe tenu les 27 et 28 avril 2012 à l'Université Laval
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Introduction
Les études féministes existent depuis quelques décennies déjà et leur apport scientifique et politique est indéniable. Ce champ de recherche a notamment permis de remettre en question les conceptions dominantes et sexistes du travail, du politique et de la science, définies à partir de perspectives masculines particulières.
Depuis le début des années 1970, des groupes et des chaires de recherche, des réseaux, des programmes de formation ont été mis sur pied dans l’ensemble des universités québécoises par des chercheures et des militantes féministes voulant transformer en profondeur les savoirs et les institutions sociales. D’emblée interdisciplinaires, les études féministes québécoises sont composées à la fois de professeures et d’étudiantes travaillant conjointement au changement social. Contrairement aux autres provinces canadiennes et aux États-Unis où de nombreux départements d’études des femmes ou d’études féministes voient le jour (Robbins, Luxton, Eichler et Descarries 2008), les féministes universitaires québécoises décident plutôt de se rassembler en groupes de recherche tout en poursuivant les luttes au sein de chacune des disciplines pour y transformer les savoirs et les pratiques. Dès les années 1970, le Groupe interdisciplinaire d’études et de recherches féministes (qui devient en 1990 l’Institut de recherches et d’études féministes) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et l’Institut Simone-de-Beauvoir à l’Université Concordia regroupent des chercheures féministes qui développent des enseignements et des projets de recherches. Durant la décennie suivante, le Groupe de recherche multidisciplinaire féministe (GREMF) et la Chaire Claire-Bonenfant voient le jour à l’Université Laval, tandis que McGill assiste à la naissance du Centre d’études et de recherches sur les femmes (Descarries 2005).
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Malgré la puissance – généralement sous-estimé – de l’impact social et scientifique des études féministes au Québec, celles-ci demeurent fragiles et leur survie n’est pas du tout assurée, surtout dans un contexte de marchandisation de l'éducation où les savoirs non utilitaires et surtout subversifs ont de moins en moins leur place dans l’institution. La reconnaissance scientifique et institutionnelle de la perspective féministe est encore partielle, marginale et menacée (Dagenais 1996-1997). Le renouvellement des corps professoraux dans les universités pourrait, d’autre part, être l’occasion de reculs importants, car les groupes, chaires et instituts existants n’ont pas de pouvoir d’embauche et la mémoire des luttes inachevées qui ont été nécessaires à la mise sur pied des études féministes est peu transmise aux nouvelles professeures susceptibles de se définir comme féministes (Lamoureux 2005).
Le Réseau québécois en études féministes (RéQEF), nouvellement fondé en 2012, a d’ailleurs placé la question de la relève et du renouvellement féministe en milieu universitaire parmi les enjeux majeurs des prochaines années. C’est dans cet esprit que les membres du Réseau liées à l’Université Laval ont décidé d’encourager l’organisation d’un colloque étudiant féministe qui a eu lieu les 27 et 28 avril 2012 et dont le présent ouvrage livre quelques-unes des excellentes contributions qui y ont été présentées.
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