Nouveau numéro de la Revue des femmes philosophes : printemps arabes, printemps durables?
Le premier numéro de la Revue des femmes philosophes, « La quadrature du cercle », présenté le 17 novembre 2011, n’était pas encore mis en ligne que le thème du numéro suivant s’était déjà imposé. Depuis la fin de l’année 2010, les révoltes, les révolutions s’étaient succédées dans plusieurs pays du monde arabe, et d’abord en Tunisie et en Égypte. Fait nouveau : dans la rue, hommes et femmes luttaient au coude à coude, réclamant le départ des dictateurs et l’instauration d’un pluralisme démocratique. Ils exigeaient l’égalité des droits, et remettaient en cause le statut des femmes. Cette fois, les femmes participaient en personne, et non par délégation, à la création d’un monde nouveau.
La transformation se faisait, et se fait encore, avec des mots et des images que la philosophie permet d’interroger. Nous nous sommes demandé ce que les femmes philosophes pensent du nouveau monde arabe, ce que les femmes philosophes du nouveau monde arabe pensent. Du nouveau monde arabe ? Non, car le nouveau n’est jamais assuré, et surtout il ne s’agit pas d’un singulier. On ne peut parler ni d’un printemps arabe, ni d’un monde arabe. Le pluriel est ici le minimum requis pour commencer à penser. Rien ne garantit l’univocité de termes comme « démocratie », « féminisme », encore moins « laïcité ». Et des hivers prématurés peuvent contrarier les effets d’un printemps dont rien n’assure qu’il revienne.
Dans ce cadre, quel rôle ont joué, jouent, peuvent et doivent jouer les femmes philosophes, elles qui ne sont pas nécessairement des philosophes de métier? Comment parlent celles dont on n’a pas l’habitude d’entendre la voix? La grammaire des révolutions a été bouleversée par la présence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Comment les femmes se sont-elles saisi de ces outils éminemment politiques? Les femmes et les jeunes ont-ils ouvert d’autres possibles dans l’espace public?
Issu de huit pays, écrit en des langues « imparfaites en cela que plusieurs », traversé par des liens virtuels, assorti d’inventaires incomplets de sites et de publications, ce numéro voudrait participer à l’émergence de notre avenir incertain.
Françoise Balibar, Barbara Cassin, Michèle Gendreau-Massaloux
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