Le mouvement national des personnes handicapées demande justice pour Betty Anne Gagnon
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(Montréal) le 31 octobre 2013 - Une sentence a été prononcée aujourd’hui même à la cour de Queen’s Bench à Edmonton concernant l’affaire Betty Anne Gagnon, une femme qui vivait avec un déficit intellectuel et un handicap visuel, décédée en 2009 alors qu’elle était sous la garde légale de sa sœur et son beau-frère.
Denise Scriven et Michael Scriven, les deux co-accusés dans cette affaire, la sœur et le beau-frère de Mme Gagnon, ont reçu une sentence de 20 mois en prison pour avoir été négligents et avoir échoué à offrir le minimum nécessaire pour une vie descente à leur victime. La sentence maximum est de 5 ans.
À la suite du décès de Mme Gagnon, le 20 novembre 2009, les deux co-accusés ont fait face à plusieurs chefs d’accusation incluant, l’homicide, la négligence ayant causé la mort, l’incapacité d’offrir le minimum nécessaire à la vie, la séquestration, deux attaques physiques et la tentative d’extorsion. Cependant, toutes les charges ont été abandonnées sauf celle concernant l’incapacité d’offrir le minimum à la vie.
Dans leur déclaration, les co-accusés, reconnaissaient pourtant avoir battu, séquestré et affamé Mme Gagnon. Ils avaient aussi admis avoir consommé de la cocaïne. Le rapport d’autopsie signalait, qu’à son décès, Mme Gagnon était très amaigrie pesant seulement 29kg et que la cause du décès était une blessure qu''elle portait à la tête
En réponse, le Réseau d'action des femmes handicapées Canada (DAWN-RAFH), le Conseil des canadiens avec déficiences (CCD), l’Association canadienne pour l'intégration communautaire (ACLC) exhorte que la mort tragique et complètement évitable de Betty Anne Gagnon ne soit pas en vain et appellent à une enquête publique sur les circonstances horribles qui ont entouré ses derniers mois et sa mort, les échecs systémiques qui ont mené à ce résultat, et établir des responsabilités beaucoup plus fortes à l'avenir. La communauté nationale des personnes en situation de handicap reste aussi profondément concernée qu'un tel préjudice flagrant et intentionnel entraînant la mort n'est pas, au minimum, reconnu comme l'homicide involontaire dans le système de justice pénale.
"Nous nous demandons si la réduction des charges face à ces faits clairs reflètent une dévaluation bien trop commun de la vie des personnes ayant une déficience intellectuelle», a déclaré Laurie Larson, présidente de l’ACIC.
Avant d’être déplacée chez sa sœur et son beau-frère qui devaient prendre soins d’elle, Mme Gagnon vivait avec trois amis qui s’occupaient d’elle adéquatement. Elle était décrite comme une femme qui, d’abord et avant tout, aimait la vie et appréciait chaque moment malgré tous les obstacles et les défis qu’elle devait surmonter.
« Le mouvement national des personnes handicapées a vivement réagi au fait que le juge n’a pas autorisé aux trois préposes ayant pris soins de Mme. Gagnon de lire leurs déclarations sur l’impact de ce décès » a dit Carmela Hutchison, présidente du RAFH Canada et membre exécutive du CCD. « Les personnes en situation de handicap ont des familles d’origine et familles d’adoption avec qui ils vivent dans un contexte familiale. Cette famille non-traditionnelle devrait avoir la même opportunité d’être reconnu et entendu par la cour »
DAWN-RAFH Canada, CCD et l'ACIC exhortent que les gouvernements provinciaux / territoriaux ainsi que le gouvernement fédérale agissent dans les limites de leurs juridictions, et collectivement, faire face à la victimisation continuée des personnes en situation de handicap au Canada et élaborer une stratégie nationale de prévention et de réponse. Une telle stratégie pourrait se fonder sur le projet de DAWN-RAFH Canada et l’ACIC «Dans la Mire » qui est une initiative pancanadienne actuellement en cours dans toutes les provinces et territoires à élaborer des réponses efficaces à base communautaire à la violence contre les personnes en situation de handicap et les personnes Sourdes.
‘’Le décès de Betty Anne Gagnon nous rappelle, que nous avons encore un long chemin semé d’embûches à faire afin d’éliminer la violence faite aux personnes en situation de handicap, en particulier celle vécu par les femmes.’’ précise Mme Hutchinson. ‘’Malheureusement, notre société est incapable d’offrir le soutien dont ont besoin les personnes en situation de handicap, et ce, afin de leur éviterait d’être des victimes de violence ou d’abus.’’
Des études montrent que les femmes en situation de handicap sont victimes de violence à deux fois le taux des femmes non handicapées.
"Il n'y a aucune excuse pour la mort de Betty Anne Gagnon», a déclaré Larson. «C'était tout à fait évitable. C'est un autre exemple de la tendance, beaucoup trop répandue dans la société canadienne, de rester inconscient sur la violence contre les femmes en situation de handicap, et de minimiser et banaliser cette réalité. C'est un témoignage choquant de notre échec collectif en tant que société. Nous exhortons les gouvernements et le système judiciaire de faire cette terrible affaire d'un coup de semonce. "
Établie en 1986, la mission de DAWN-RAFH Canada est de mettre fin à la pauvreté, à l’isolement, à la discrimination et à la violence que connaissent les femmes en situation de handicap.
Depuis plus de 50 ans, l'ACIC et sa fédération nationale aident les personnes ayant une déficience intellectuelle et leurs familles à atteindre la participation et l'inclusion complète dans la société canadienne.