Mémoire du Conseil du statut de la femme « L'assurance autonomie : un projet équitable pour les femmes? »

Mémoire du Conseil du statut de la femme « L'assurance autonomie : un projet équitable pour les femmes? »

QUÉBEC, le 19 nov. 2013 /CNW Telbec/ - Dans un mémoire rendu public aujourd'hui sur le Livre blanc, intitulé L'autonomie pour tous, le Conseil du statut de la femme rappelle au gouvernement que les femmes portent doublement le poids de l'expérience du vieillissement : elles sont les principales dispensatrices des soins à domicile, comme travailleuses ou proches aidantes, et de grandes bénéficiaires du réseau de la santé. Elles vivent plus longtemps - plus souvent seules et en moins bonne santé - et plus pauvres que les hommes. Après 65 ans, elles disposent d'un revenu équivalant à 70 % de celui des hommes.

Cette réalité exige des mesures spécifiques qui vont de la nécessité de s'assurer d'une plus grande disponibilité à domicile des médecins généralistes envers leurs patientes et patients âgés, au besoin de soutenir les proches aidants et de rehausser les salaires des travailleuses et des travailleurs qui œuvrent au domicile des malades. Soulignons que ce sont les femmes qui agissent comme principales aidantes dans 75 % des cas de soutien aux personnes en perte d'autonomie, et que les femmes représentent jusqu'à 93 % du personnel offrant des soins à domicile dans le secteur de l'économie sociale.

« Si l'on veut que les femmes et les hommes vieillissent à la maison plutôt qu'en institution, il faut leur fournir des services suffisants et de qualité », insiste la présidente de l'organisme, Mme Julie Miville-Dechêne. « Nous souscrivons au projet d'assurance autonomie de même qu'à l'idée d'un financement public pour permettre aux personnes en perte d'autonomie de demeurer le plus longtemps possible à domicile. Nous croyons cependant que le ministre de la Santé doit tenir compte du parcours de vie spécifique des femmes, de leur plus grande pauvreté, et de la dévalorisation des métiers perçus comme étant féminins, tels ceux d'auxiliaires à domicile », ajoute-t-elle.

N'ayant pas été invité aux consultations particulières de la Commission de la santé et des services sociaux qui se déroulent jusqu'au 20 novembre, le Conseil espère que ses recommandations trouveront un écho favorable chez les membres de la Commission et le ministre de la Santé.

Pour que le virage des soins à domicile contribue réellement à l'amélioration des conditions de vie des femmes, à toutes les étapes de leur vie, le Conseil émet douze recommandations au gouvernement, notamment :

  • Que le gouvernement examine la possibilité de créer un régime d'assurance responsabilité familiale ou d'élargir le Régime québécois d'assurance parentale pour en faire une caisse multifonctionnelle qui inclurait la compensation financière de congé pour prise en charge d'un proche en perte d'autonomie.
  • Que le gouvernement inclut dans la future politique nationale de maintien à  domicile l'obligation, pour les CSSS, de procéder à l'évaluation des besoins non  seulement des personnes en perte d'autonomie, mais aussi des proches qui auront à jouer un rôle de proches aidants.
  • Que des subventions soient octroyées afin de permettre au secteur de l'économie  sociale de rehausser les salaires des travailleuses et travailleurs œuvrant au  domicile des malades, et que le personnel de ce secteur bénéficie d'une formation équivalant à celle des employés issus des secteurs publics et privés.
  • Que la gratuité des services de maintien à domicile soit assurée aux personnes âgées et aux malades ayant un revenu disponible de moins de 20 000 $ par  année.

Enfin, le Conseil rappelle l'importance de renforcer la première ligne médicale en donnant accès, de façon équitable à toute la population, à des soins de qualité et gratuits, notamment en revoyant le mode de rémunération des médecins, comme il l'a soulevé dans son avis Femmes et santé : plaidoyer pour un accès ouvert à la première ligne médicale publié en octobre 2013, ainsi que dans l'ouvrage Virage ambulatoire : le prix caché pour les femmes, en 1999.

-> Consultez le mémoire (PDF)