L’avenir de l’éducation au-delà de 2015

L’avenir de l’éducation au-delà de 2015

Alors que se rapproche 2015, échéance des objectifs de l’EPT, plus de 190 États membres se sont réunis au Siège de l’UNESCO à l’occasion de la 37e session de la Conférence générale pour débattre de l’avenir de l’éducation, de son contenu, de sa portée et de la façon dont elle va s’articuler à l’agenda du développement post-2015.

L’une des principales conclusions de ces échanges est que les États membres s’engagent à promouvoir dans le futur agenda du développement un seul et unique objectif de l’éducation, fondé sur le principe de l’accès, de l’équité et de la qualité, dans la perspective de l’apprentissage pour tous, tout au long de la vie. 

Pendant la table ronde, au cours de laquelle s’est engagé le débat, les ministres de l’Éducation et les responsables des ONG sont également convenus que l’éducation était la clé du développement durable et qu’elle devait occuper une place centrale. 

Le ministre de l’Éducation, de la Formation et des Normes de l’Enseignement supérieur du Pakistan, Muhammad Baligh ur Rehman, a déclaré : « La qualité et l’équité de l’éducation demeurent au premier rang de nos priorités, notamment lorsqu’augmentent les écarts entre les services éducatifs public et privé et que, par conséquent, se creuse le fossé entre les nantis et les démunis. »

« Veiller à ce que l’éducation soit considérée comme un bien public est un excellent point de départ, mais cela ne suffit pas », a déclaré Kishore Singh, Rapporteur spécial pour le droit à l’éducation. Le défi auquel sont confrontés de nombreux pays consiste à intégrer ces idéaux dans la législation, les politiques et les programmes nationaux, afin qu’ils deviennent réalité pour l’ensemble des filles, des garçons, des femmes et des hommes. 

« Pour instaurer l’égalité des chances pour tous », a déclaré Souad Abdelrazig, ministre de l’Éducation du Soudan, « nous devons offrir des services éducatifs appropriés, notamment aux plus marginalisés pour lesquels l’éducation peut devenir une expérience positive, à condition de répondre aux besoins réels. En d’autres termes, nous devons favoriser une plus grande complémentarité entre l’éducation et les autres secteurs, tels que la santé et la culture, qui ont bénéficié des progrès accomplis dans l’éducation. » 

Plusieurs participants à la table ronde sont convenus que seul un nombre suffisant d’enseignants bien formés, en mesure de satisfaire aux multiples besoins d’apprentissage de tous les apprenants, notamment des jeunes, permettrait d’atteindre ces objectifs. Dans des pays comme le Costa Rica et le Canada, également représentés lors de la table ronde, cette question est devenue une priorité afin d’inverser les taux d’abandon en augmentation – notamment parmi les jeunes hommes.

« L’éducation doit aider les jeunes à trouver un emploi rémunéré », a déclaré le Professeur Jacob Thurania Kaimenyi, ministre de l’Éducation, de la Science et de la Technologie du Kenya. De nombreux États membres partagent ce point de vue, qui souligne à quel point il est important de faire acquérir des compétences techniques et professionnelles. 

Mais l’éducation ne doit pas être limitée à l’acquisition des compétences pour le travail. De nombreux participants ont reconnu que les aptitudes à la vie quotidienne sont tout aussi importantes. « La faculté de lire, de comprendre et d’analyser, de se forger une opinion personnelle, de s’exprimer et d’agir sont le type d’avantages que nous devons attendre de l’éducation », a déclaré David Edwards, Secrétaire général adjoint de l’Internationale de l’éducation. 

Après l’examen des priorités par les participants à la table ronde, les délégués ont dressé le bilan des progrès accomplis sur la voie des objectifs de l’EPT, et ils ont évalué les conclusions des différentes consultations se rapportant à l’éducation consacrées à l’agenda du développement post-2015, qui ont été menées par les Nations Unies. 

Enfin, les États membres ont débattu de la position proposée par l’UNESCO concernant le futur agenda, qui cherche à réunir les agendas de l’EPT et du développement mondial dans un cadre d’action coordonné, qui pourrait s’avérer appropriée tant pour les pays en développement que pour les nations développées. 

En tant que Présidente du Conseil de la Campagne mondiale pour l’éducation, Monique Fouilhoux a fait l’observation suivante : « En dépit de la diversité des situations entre les pays, nous sommes confrontés à plusieurs défis communs qui soulignent la pertinence constante de la vision de l’EPT et  la nécessité d’étendre sa portée afin d’inclure les dimensions de l’éducation qui ont été écartées du Cadre d’action de Dakar [...]. » 

« L’UNESCO ne suggère pas de mettre un terme à l’agenda de l’EPT. Bien au contraire, » a déclaré Qian Tang, Sous-Directeur général pour l’éducation, « l’UNESCO soutient une vision élargie de l’EPT s’inscrivant dans le cadre du développement international. » 

Prochaines étapes ?

Les pays ont demandé à l’UNESCO de continuer de faciliter le débat mondial et de consulter les États membres et d’autres parties prenantes de l’élaboration des objectifs et des buts mondiaux, ainsi que du « cadre d’action » y afférent, par l’intermédiaire des mécanismes de coordination régionaux et internationaux de l’EPT et des OMD existants. 

Il a également été convenu que le nouvel agenda de l’éducation devrait s’appuyer sur ce qui a été réalisé en matière d’EPT depuis 2000, achever ce qui reste à faire et intégrer les enseignements tirés des évaluations nationales de l’EPT et de l’expérience des OMD en rapport avec l’éducation.

Le point d’orgue du processus sera une Conférence mondiale sur l’éducation organisée par la République de Corée au printemps 2015, à l’issue de laquelle sera présentée une position commune sur l’éducation, pour intégration à l’agenda du développement mondial post-2015 qui sera adopté lors du Sommet des chefs d’État et de gouvernement, à New York, en septembre 2015. Enfin, l’UNESCO continuera de soutenir le bilan des expériences en matière d’EPT grâce aux évaluations nationales de l’EPT, réalisées en 2015

« Les États membres sont aux commandes de ce processus. L’UNESCO facilitera les consultations et les débats, fournira les éléments probants qui peuvent enrichir les débats sur les politiques, mais c’est vous, les États membres, qui prendrez les décisions. …Vous avez le pouvoir de mettre l’éducation au premier rang des priorités du prochain agenda du développement. », a conclu Qian Tang.

La table ronde a donné lieu à une série d’allocutions prononcées par les personnalités suivantes :

  • M. Muhammad Baligh ur Rehman, ministre de l’Éducation, de la Formation et des Normes de l’Enseignement supérieur du Pakistan
  • Mme Dyalah Calderon, vice-ministre de l’Éducation du Costa Rica
  • Mme Souad Abdelrazig,  ministre de l’Éducation du Soudan
  • Mme Marie Malavoy, ministre de l’Éducation, des Loisirs et des Sports, et porte-parole du Conseil des ministres de l’éducation du Canada
  • Le Professeur Jacob Thurania Kaimenyi,  ministre de l’Éducation, de la Science et de la Technologie du Kenya
  • M. David Edwards,  Secrétaire général adjoint de l’Internationale de l’éducation
  • Mme Monique Fouilhoux,  Présidente de la Campagne mondiale pour l’éducation