Commémoration du 24e anniversaire de la tuerie de l'École Polytechnique

Commémoration du 24e anniversaire de la tuerie de l'École Polytechnique

MONTRÉAL, le 6 déc. 2013 /CNW Telbec/ - Des dizaines de personnes et de nombreuses organisations se sont réunies aujourd'hui devant le Palais de justice de Montréal lors d'un rassemblement public de commémoration de la tuerie de l'École Polytechnique.

Cet événement clôture l'édition 2013 de la Campagne des 12 jours d'action pour l'élimination de la violence envers les femmes (qui a lieu chaque année du 25 novembre - Journée internationale contre la violence envers les femmes décrétée par l'ONU - au 6 décembre - Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes) en rappelant qu'il y a 24 ans, le 6 décembre 1989, 14 femmes ont été assassinées parce qu'elles voulaient entrer dans une profession historiquement masculine et étaient perçues comme féministes.

Les femmes sont toujours victimes de violence parce qu'elles sont des femmes

Malgré les avancées de la situation des droits des femmes au Québec, elles sont toujours la cible de violences et d'inégalités parce qu'elles sont des femmes.

« Pourquoi la société continue-t-elle de nous infliger une telle violence ? Nous répondons qu'il y a un paradoxe à examiner : la société québécoise se dit égalitaire. Or, certains comportements suggèrent plutôt qu'on attend toujours des femmes qu'elles restent confinées dans les rôles traditionnels qu'on leur assigne. Partout, elles subissent maintes discriminations. Peut-on arrêter de nier l'importance du phénomène ? » demande Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec et porte-parole principale de la Campagne.

Les chiffres montrent qu'aucune femme n'est à l'abri de la violence. Les données 2012 de la Sécurité publique du Québec indiquent que 83% des victimes d'agression sexuelle sont des femmes ou des filles et que 93% des homicides conjugaux sont exercés contre les femmes.

Nier les inégalités met les femmes en danger

Au-delà des inégalités entre les sexes, certaines femmes sont également plus vulnérables que d'autres. Les femmes autochtones de 25 à 44 ans sont cinq fois plus susceptibles que les autres femmes du même âge de mourir à la suite d'actes de violence. Les femmes en situation de handicap sont deux fois plus sujettes à la violence conjugale que les autres femmes, en plus de vivre d'autres formes de violence sans toutefois apparaître dans les différentes statistiques officielles. Une femme sur cinq a vécu du harcèlement sexuel au travail. 73% des victimes de cyberintimidation sont des femmes ou des filles.

Par ailleurs, la traite à des fins d'exploitation sexuelle est la forme de violence envers les femmes la plus en expansion. Les femmes immigrantes ont souvent des statuts d'immigration précaires qui les rendent d'autant plus vulnérables à la violence de la part des hommes, incluant la traite et certaines formes de violences basées sur l'honneur dont les mariages forcés, au nombre de 210 cas recensés seulement en Ontario de 2010 à 2012.

La tuerie de l'École Polytechnique

En 1989, Marc Lépine est entré à l'École Polytechnique et a tué 14 étudiantes en génie car elles étaient des femmes. Il a par ailleurs crié pendant la tuerie : « Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n'êtes toutes qu'un tas de féministes, je hais les féministes ». Le message lancé aux femmes du Québec ce jour-là est accablant. « Ne bousculez pas la hiérarchie entre les sexes ; restez à votre place ! » Or, « il est grand temps de reconnaître et de combattre les inégalités persistantes qui mettent en danger les femmes» termine Mme Conradi.

Plusieurs autres activités commémoratives ont lieu ailleurs au Québec et au Canada. Pour plus d'informations sur la Campagne des 12 jours d'action pour l'élimination de la violence envers les femmes, consultez le www.12joursactioncontrelaviolence.ca.