Appel à communications « Le Sexe de l'avant-garde »
Responsable(s)
Anne-Marie BOUCHARD Université McGill, Adrien RANNAUD Université Laval
Description
Nous souhaitons réfléchir sur les champs de production et de réception des pratiques culturelles. Au-delà d'une écriture de l'histoire des arts et de la littérature, ce sont les réflexes théoriques et méthodologiques qui retardent la pleine intégration des corpus d'études de genre dans les disciplines académiques que nous aimerions voir être mis en lumière par les communications.
Appel à communications
L'avant-garde a-t-elle un sexe? Si nous pensons qu'il dépasse en théorie les catégories de genre, le concept d'avant-garde reste le plus souvent associé à un imaginaire masculin dans la culture visuelle et littéraire. Centrée sur la figuration, métaphorique ou non, d’une posture empruntant beaucoup aux origines militaires du concept, l’écriture de l’histoire des pratiques culturelles et de l’offensive intellectuelle de l’avant-garde reste entachée d’une « virilité originelle ». En revanche, la posture féminine est investie d'une dimension exploratoire sentimentale et intime, même lorsqu'elle se positionne volontairement dans l'espace public. Ceci n’est pas sans reproduire des clichés en vogue depuis le XIXe siècle, clichés qui voudraient cantonner le féminin à l’affectif et le masculin au politique, tout en évitant scrupuleusement d'aborder les genres au-delà du binôme féminin/masculin. En outre, dans le discours historique en littérature, en arts ou en cinéma, les productions féminines se situent dans un champ para-artistique: les femmes « ouvrent la voie », elles montrent un « domaine nouveau », mais semblent ne pas remettre en question, comme c'est le cas pour les hommes, les conventions esthétiques et les idéologies du champ culturel - exception faite des productions à saveur féministe qui, elles aussi, sont considérées « à part ».
Ouvert à l'ensemble des disciplines des lettres et sciences humaines., ce colloque propose d’interroger l’avant-garde de manière théorique et méthodologique en ce qu’elle constitue un système de représentation des genres sexués et de poser un regard critique sur l’état du discours universitaire sur les pratiques culturelles des mouvements sociaux et politiques, tant historiques que contemporains. Conséquemment, les réflexions synthétiques et transdisciplinaires seront préférées aux études de cas. Ces quelques questions pourront aiguiller l'orientation des propositionsde communication, mais nous vous encourageons à ne pas vous y limiter:
- À quoi reconnait-on une avant-garde et quel champ lexical utilise-t-elle pour se nommer, se définir et se revendiquer dans ses manifestes, œuvres et actions?
- À quels gestes, quels mythes et quels symboles l'avant-garde se réfère-t-elle pour se situer historiquement? Ces gestes, mythes et symboles sont-ils associés à un genre?
- Comment se construit un mouvement avant-gardiste dans sa réception critique?
- Quelle place cette réception fait-elle à la différence sexuelle?
- Que peut-on dire de l'état actuel du discours sur les avant-gardes dans les champs académique et culturel ?
- L'histoire doit-elle réinterpréter les mouvements féminins, gays ou queer, non plus comme des productions isolées, mais comme parties prenantes d'une avant-garde mixte?
Les propositions de communication (300 mots), accompagnées d'une courte biobibliographie, doivent parvenir aux organisateurs du colloque avant le 14 février 2014.