Appui et solidarité avec les femmes espagnoles contre la réforme de la loi sur l'avortement

Appui et solidarité avec les femmes espagnoles contre la réforme de la loi sur l'avortement

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Collectif d’Immigrant.e.s Espagnol.e.s à Montréal (CIEM)

Nous, membres du Collectif d’Immigrant.e.s Espagnol.e.s à Montréal, nous adressons aujourd’hui à vous toutes pour vous informer de la terrible attaque contre les femmes que compte mettre en place le Gouvernement conservateur de l’Espagne, à travers sa réforme de la loi sur l'avortement.

Le 20 décembre 2013, le Conseil de Ministres de l’Espagne approuve le Projet de loi organique sur la protection des droits du foetus et de la femme enceinte. Cette proposition législative implique l’annulation pour les femmes de leur droit de décider sur leur maternité et leur santé, en appuyant une loi qui ne permet l’avortement qu’en cas de viol ou de risque grave pour la santé physique et mentale de la femme. Ce projet tente de réformer la loi sur l’avortement en vigueur dans l’actualité, qui garantit l’avortement libre lors des premières 14 semaines de gestation. La nouvelle loi que les conservateurs veulent imposer est encore plus restrictive que la première qui a été conçue après la dictature de Franco (en 1985), qui permettait à une femme d’avorter s’il existait la possibilité que le foetus présente des malformations.

Cette nouvelle loi est une attaque directe aux droits des femmes, ainsi que ceux de toute la société, puisqu’elle annule la capacité des femmes de choisir sur leurs propres corps et leurs propres vies. Cette initiative gouvernementale aura un impact énorme sur l’autonomie et la liberté des femmes, les plus affectées par les politiques d’austérité et un taux de chômage du 26%. Une bataille qui ne semble être jamais gagnée.

Face à la pensée la plus répandue dans les secteurs conservateurs de la société espagnole, la loi sur l’avortement approuvée en 2010, qui permet d’interrompre la grossesse en toute liberté jusqu’à la 14ème semaine de gestation, n’a pas entrainé une augmentation du nombre d’avortements en Espagne. Elle a plutôt réduit le risque de complications en relation avec l’intervention. L’Organisation Mondiale de la Santé affirme en 2012 que lorsque les lois sur l’interruption volontaire de la grossesse sont plus restrictives, il y a plus d’avortements clandestins et par conséquence plus de risques de mortalité maternelle.

Comme nous le disions auparavant, la nouvelle loi sur l’avortement en Espagne réduit la possibilité des femmes d’avorter, seulement dans 2 cas très marginaux: le viol ou un grand risque pour la santé de la mère. De plus, le procès prévu pour avoir l’autorisation pour avorter est humiliant et infantilisant vis à vis des femmes, qui devront recevoir l’approbation de 2 médecins (psychiatres) différents.

Au delà de l’augmentation des interventions clandestines, ce qui es un grave attentat contre la sante et les droits fondamentaux des femmes, cette réforme engendrera d’autres conséquences négatives et plus d’inégalités sociales.

Les femmes ayant des faibles revenus, ne pouvant pas se permettre de payer des IVG à l’étranger ou dans des cliniques privées, seront celles qui s’exposeront le plus à des situations dangereuses dans un contexte d’illégalité. Celles qui ne réussiront pas à avorter, même de façon clandestine, seront obligées à avoir des enfants non désirés, ce qui augmentera leur risque d’exclusion sociale et de précarité. Cette mesure que le Gouvernement espagnol veux mettre en place est profondément inégalitaire, non seulement entre les femmes et les hommes, mais aussi entre les femmes elles mêmes, en fonction de leur statut socio-économiques.

Dans une société où les droits sociaux se voient restreints à la vitesse de la lumière ces derniers temps sous l’excuse de la crise, un des droits les plus fondamentaux que nous avons acquis, qui a supposé une des plus grandes avancées dans la vie des femmes, la liberté d’exister au-delà de notre maternité, se voit de nouveau menacé par une idéologie patriarcale, machiste et ultra-catholique qui méprise la vie de ses propres citoyennes.

Cette négation de notre capacité de décision qui prétend s’installer en Espagne a un impact sur nous toutes, que l’on habite encore là-bas ou qu’on soit immigrantes au Québec et au Canada. Beaucoup d’entre nous vivons dans ce pays avec un statut temporaire et précaire: un bon nombre d’entre nous n’avons pas d’accès au système de santé public du Québec. Avec cette nouvelle loi proposée en Espagne, nous n’auront bientôt plus l’accès à l’avortement libre, gratuit et sécuritaire ni dans notre pays d’origine, ni dans celui d’accueil.

Cette situation nous rend davantage vulnérables aux abus, et nous nous retrouvons doublement discriminées: parce qu’on est des femmes, et parce qu’on es immigrantes. Les espagnoles en dedans et en dehors du pays sommes pressées de faire appel à l’avortement dans des cliniques privées, ce qui contribue non seulement à nous rendre plus pauvres, mais aussi et surtout à enrichir nos oppresseurs.

Nous, les femmes espagnoles immigrantes a Montréal, voulons transmettre notre appuis et notre solidarité envers toutes les femmes qui sont en lutte en Espagne, mais aussi à toutes celles qui se mobilisent à l’étranger, des milliers de femmes comme nous, qui ont été obligées d’émigrer puisque dans leurs pays d’origine elles continuent à vivre la discrimination sexiste. Nous voulons rappeler à toutes ces femmes qu’elles ne sont pas seules, puisque la lutte féministe pour la liberté de toutes les femmes va au-delà des frontières et des états.

Pour toutes ces raisons nous vous demandons aujourd’hui de manifester votre solidarité et que vous unissiez vos voix à celles de millions de femmes en Espagne et partout dans le monde, pour exiger au gouvernement de retirer sa réforme. Nous devons leur rappeler que nous sommes les femmes qui décidons sur notre sexualité et notre maternité !

Colectivo de Inmigrantxs Españolxs en Montreal
ciemmontreal9@gmail.com