Un Canadien sur quatre a déjà essayé d’aider une amie à quitter un conjoint violent

Un Canadien sur quatre a déjà essayé d’aider une amie à quitter un conjoint violent

Les Canadiennes se tournent en premier vers leurs amis pour obtenir de l’aide, mais nombre d’entre elles tentent de résoudre elles-mêmes la situation de violence

Toronto, ON – Le 30 avril 2014 – Selon une nouvelle étude réalisée par la Fondation canadienne des femmes, 1 Canadien sur 4 a déjà essayé d’aider une amie à quitter un conjoint violent. La violence exercée contre les femmes est répandue dans la société canadienne, et les femmes sont plus à risque d’être violentées par une personne qu’elles connaissent, comme leur partenaire intime.

Selon l’étude, les Canadiennes sont plus susceptibles de se tourner initialement vers un ami pour rapporter des situations de violence verbale (20 %) et de violence émotionnelle (22 %). Toutefois, un pourcentage relativement équivalent de répondantes chercherait à résoudre les situations de violence verbale et émotionnelle sans aide extérieure (28 % et 21 %, respectivement), et 10 % de femmes tenteraient de résoudre la violence physique ou sexuelle par elles-mêmes.

« Le fait qu’un quart des Canadiens ont essayé d’aider une amie à quitter un partenaire violent montre à quel point la violence est répandue dans ce pays, dit Anuradha Dugal, directrice, Prévention de la violence à la Fondation canadienne des femmes. Les situations marquées par la violence peuvent inciter la victime à douter d’elle-même, à se culpabiliser et à se sentir humiliée, mais toute tentative de résoudre la situation par elle-même peut entraîner une grave menace à sa sécurité et à son bien-être. »

Même si les Canadiennes sont susceptibles de rapporter la violence à leurs amis, 13 % des répondantes ne sont pas certaines que leurs amis les croiraient. Les Canadiennes craignent aussi que leur famille (16 %), leur médecin (15 %), la police ou d’autres figures d’autorité (28 %) ne prennent pas leurs déclarations au sérieux.

« Il est alarmant de constater qu’un aussi grand nombre de Canadiennes craignent que leurs amis, leur famille, leur médecin et même la police ne les croiraient pas si elles se disaient victimes de violence, explique Mme Dugal. Nous vivons dans une culture où il est toujours tabou de dénoncer la violence et où bien des gens rejettent le blâme sur la victime, et cela amène de nombreuses femmes à croire qu’elles sont responsables de la violence. Les femmes sont donc moins susceptibles de rapporter une agression ou de demander de l’aide pour échapper à la violence. »

L’étude a aussi révélé les faites suivants :

  • La majorité des Canadiennes rapporteraient en premier la violence physique (55 %) et la violence sexuelle (56 %) à la police ou à d’autres représentants des autorités.
  • Près de la moitié (43 %) des répondantes ne croient pas que leur service des RH au travail les croirait si elles rapportaient être victimes de violence.
  • Près d’un tiers (31 %) des Canadiennes disent que le fardeau financier que les procédures judiciaires représenteraient pour leurs amis et leur famille les empêcheraient probablement de rapporter une situation de violence.
  • Un autre tiers (31 %) des Canadiennes disent que le fait de voir leur histoire révélée au public, à leurs amis et aux membres de leur famille serait susceptible de les empêcher de rapporter une situation de violence.

La dixième campagne annuelle de la Fondation canadienne des femmes pour mettre fin à la violence faite aux femmes, qui prend fin le 11 mai, a pour but de faire de la sensibilisation et d’amasser des fonds pour aider les femmes victimes de violence. Les fonds recueillis servent à soutenir plus de 445 maisons d’hébergement pour femmes violentées et leurs enfants ainsi que des programmes communautaires de prévention de la violence offerts un peu partout au Canada qui visent à briser le cycle de la violence.

Si vous connaissez une femme qui est aux prises avec la violence, la Fondation canadienne des femmes suggère les mesures suivantes pour lui venir en aide :

1. Apportez-lui votre soutien
La chose la plus importante que vous puissiez faire est d’écouter la personne et de lui offrir votre soutien, sans porter de jugement. Dites-lui qu’elle n’est aucunement responsable de la violence et qu’elle mérite d’être traitée avec respect en toutes circonstances. Faites-lui savoir que vous ne la blâmez pas. Si elle décide de rester dans sa relation, ne la jugez pas. La chose la plus utile que vous puissiez offrir à une femme qui subit de la violence est de la respecter, de la prendre au sérieux et de lui donner de l’information sur les services où elle pourra obtenir de l’aide.

2. Renseignez-vous à propos de la violence dans les relations
Apprenez à reconnaître les signes de violence et à comprendre les raisons pour lesquelles un grand nombre de femmes ne portent pas plainte contre leur agresseur.

3. Soyez consciente des risques
Procédez avec prudence dans vos communications avec la victime, car de nombreux agresseurs exercent une surveillance étroite de leur victime (où elles vont, qui elles voient, à qui elles téléphonent ou envoient des courriels, avec qui elles communiquent sur Facebook, etc.).

4. Assurez votre propre sécurité
Évitez de confronter un agresseur ou de faire quoi que ce soit qui risque de vous mettre en danger ou qui vous semble peu sécuritaire. Prenez soin de vous en partageant vos émotions et vos sentiments sur la situation avec un professionnel ou avec une ou un ami qui vous soutient et qui est familiarisé avec la problématique.

5. Trouvez des ressources
Avant de parler à la victime, obtenez le numéro de téléphone de la maison d’hébergement, de la ligne d’urgence et du centre YWCA de votre région, ou des groupes offrant des services spécialisés aux victimes de violence dans votre localité. De cette façon, vous pourrez procurer à la victime des renseignements précis, si elle est prête à les recevoir et au moment où elle le sera.

6. Choisissez le bon moment et l’endroit approprié
Faites preuve de discernement en ce qui a trait à l’endroit et au moment où vous choisissez de dévoiler vos préoccupations. Choisissez un endroit privé où personne ne pourra vous entendre ou vous interrompre et où la personne se sentira en sécurité. Ne choisissez pas un moment où vous êtes mal préparée ou un moment où la personne semble distraite ou pressée.

7. Faites-lui part de vos inquiétudes
Faites preuve de sensibilité. Évitez de décrire en détail ce dont vous avez été témoin, car elle pourrait éprouver le besoin de donner des excuses ou de nier ce qui s’est produit. Expliquez-lui pourquoi vous voulez l’aider et dites-lui que vous êtes prête à l’écouter au moment qui lui conviendra.

8. Soyez à l’écoute de ce qu’elle veut
Ne vous attendez pas à avoir réponse à tout. Explorez avec elle les diverses possibilités. N’essayez pas de prendre les choses en main ou de lui dire quoi faire. Dites-lui plutôt : « Je ne te forcerai pas à faire quoi que ce soit que tu ne veux pas faire. » Posez des questions directes et simples comme : « Veux-tu que je t’aide à trouver une personne à qui tu peux parler? » ou « Souhaiterais-tu séjourner dans un endroit où tu seras en sécurité? » Si elle n’est pas certaine de ce qu’elle veut faire, encouragez-la doucement à parler, et écoutez-la sans porter de jugement.

*Méthodologie : Sondage réalisé en ligne les 21 et 22 mars 2014 auprès de 1 009 adultes canadiens choisis au hasard parmi les panélistes du forum Angus Reid. La marge d’erreur – qui mesure la variabilité de l’échantillonnage - est de +/- 3,1 %, 19 fois sur 20. Les résultats ont été statistiquement pondérés conformément aux plus récentes données de recensement sur la scolarité, l’âge, le sexe, la langue et la région, de façon à assurer un échantillonnage représentatif de la population adulte du Canada. Tout écart dans les totaux est attribuable à l’arrondissement.