Dépôt du projet de loi fédéral sur la prostitution

Dépôt du projet de loi fédéral sur la prostitution

Réactions

L’Afeas appuie le projet de loi du gouvernement

Gouvernement Harper : le mépris de la Cour suprême continue! (Alliance féministe solidaire pour les droits des travailleuses(rs) du sexe)

La Coalition des femmes
pour l'abolition de la prostitution a bon espoir que la nouvelle loi s’en prendra aux torts de la prostitution

Un changement législatif historique (CSF)

La CSN salue les mesures qui visent à combattre l'exploitation du corps des femmes

Une nouvelle forme d’esclavage (PDF)

La loi proposée sera néfaste aux travailleurs et travailleuses du sexe et aux communautés (Réseau juridique canadien VIH/sida )

Projet de loi sur la prostitution : un organisme des Maritimes s'y oppose (Radio-Canada)

Revue de presse

Les conservateurs déterminés à criminaliser la prostitution (L'Express)

Des travailleuses du sexe marchent contre le projet de loi (Le Devoir)

Un bon départ, mais excessif (Le Devoir)

La population n'accepterait pas la légalisation de la prostitution, dit Harper (Le Devoir)

Pas de renvoi à la Cour suprême, dit MacKay (La Presse canadienne)

Une réforme inspirée du modèle suédois (La Presse)

Le ministre MacKay choisit de criminaliser l'achat des services sexuels (La Presse canadienne)

Les travailleuses du sexe se disent boudées par Ottawa (Le Devoir)

Les prostituées continuent d’écoper, déplorent des organismes (Le Devoir)

Prostitution: l’occasion ratée des conservateurs (Le Devoir)

Voir aussi

Consultation publique en ligne sur les infractions liées à la prostitution au Canada – Résultats finals

Une majorité en faveur du modèle nordique (CLES)

Ottawa retarde la publication d'un sondage sur la prostitution (La Presse)

L'achat de services sexuels devrait être criminel (La Presse canadienne)

Prostitution : évangéliques et féministes prônent le modèle suédois (Radio-Canada)

Aujourd'hui, l'honorable Peter MacKay, C.P., c.r., député de Nova-Centre, ministre de la Justice et procureur général du Canada, a formulé la déclaration suivante :

« Notre gouvernement entend continuer d'assurer la sécurité de nos rues et de nos collectivités en sévissant contre les personnes qui alimentent la demande pour la prostitution. Aujourd'hui, notre gouvernement réagit à la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Canada c. Bedford pour garantir que les lois canadiennes et le système de justice pénale continuent d'enrayer les torts considérables causés par la prostitution aux personnes qui s'y adonnent et à d'autres personnes vulnérables, tout en protégeant les collectivités canadiennes.

La Loi sur la protection des collectivités et des personnes exploitées est un modèle « fait au Canada » qui cible directement la demande pour cette activité dangereuse. La Loi mettrait en place des mesures sévères pour sévir contre les proxénètes et les clients. Pour la première fois, l'achat de services sexuels sera criminalisé et sera passible de peines sévères pour ceux qui exploitent d'autres personnes à des fins de prostitution. La loi proposée protégerait également nos collectivités - en particulier les femmes, les enfants et ceux qui risquent d'être entraînés dans la prostitution - contre les dangers connexes à la prostitution, notamment la violence, la criminalité associée aux drogues et le crime organisé.

Ce modèle comporte une révision considérable de la façon dont le Code criminel traite la prostitution et les activités connexes.

  • Il criminaliserait les personnes qui alimentent la demande pour la prostitution, c. à d. les personnes qui achètent des services sexuels;
  • Il continuerait de criminaliser les personnes qui profitent financièrement de l'exploitation d'autres personnes à des fins de prostitution, notamment les proxénètes, et ceux qui induisent d'autres personnes à se prostituer;
  • Il interdirait la publicité imprimée ou en ligne pour la vente de services sexuels d'autres personnes;
  • Il accorderait aux personnes qui vendent leurs propres services sexuels l'immunité contre la responsabilité criminelle pour tout rôle qu'elles jouent dans les infractions d'achat, d'avantages matériels, de fournitures ou de publicité;
  • Il protégerait nos collectivités en criminalisant la communication aux fins de la vente de services sexuels dans les endroits publics où des enfants pourraient raisonnablement se trouver;
  • Il accroîtrait les peines existantes afférentes à la prostitution infantile.

Ces mesures seront soutenues par 20 millions de dollars de nouveaux fonds, notamment pour aider des organismes communautaires qui s'occupent des personnes les plus vulnérables. Les personnes qui souhaitent abandonner cette activité dangereuse et néfaste recevront de l'aide; l'accent sera donc mis sur le financement de programmes pouvant les aider à abandonner la prostitution.

Aujourd'hui, notre gouvernement rend la prostitution illégale pour la première fois; les répercussions des nouvelles interdictions se feront sentir par ceux qui achètent des services sexuels et par ceux qui exploitent d'autres personnes à des fins de prostitution. La prostitution cause des torts aux collectivités canadiennes et aux Canadiennes et Canadiens les plus vulnérables. Nous sommes déterminés à protéger les collectivités canadiennes en rendant illégale la communication aux fins de la vente de services sexuels dans tous les endroits publics où des enfants pourraient se trouver ou près de tels endroits.

Dans la décision qu'elle a rendue dans l'affaire Bedford, la Cour suprême a suspendu sa déclaration d'invalidité de trois dispositions du Code Criminel liées à la prostitution pour 12 mois, ou jusqu'au 19 décembre 2014. Nous avons déposé ce projet de loi aujourd'hui, bien à l'avance de cette date, afin de garantir qu'il soit adopté et commence à protéger le plus tôt possible les personnes les plus vulnérables et les plus exposées au risque d'exploitation inhérent à la prostitution, tout en veillant à ce que les rues et les collectivités du Canada restent sûres. »

Loi sur la protection des collectivités et des personnes exploitées

La démarche globale et de facture canadienne introduite par le gouvernement du Canada pour contrer les problèmes liés à la prostitution comporte deux parties essentielles - une réforme du droit pénal en réaction à la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Canada c. Bedford et le soutien aux personnes vulnérables pour les aider à abandonner la prostitution. Cette approche déployée en deux axes a pour finalité de criminaliser les personnes qui alimentent et perpétuent la demande de la prostitution en achetant des services sexuels et de protéger les personnes qui vendent leurs propres services sexuels, les personnes vulnérables ainsi que les collectivités canadiennes contre les torts considérables qui découlent de la prostitution. Ces torts comprennent l'exploitation sexuelle, la violence et les activités criminelles connexes, notamment la traite de personnes, le crime organisé et les crimes liés à la drogue.

Objectifs de la législation proposée pour lutter contre la prostitution

La loi proposée a pour objectifs :

  • de protéger les personnes qui vendent leurs propres services sexuels contre l'exploitation;
  • de protéger les collectivités contre les torts causés par la prostitution;
  • de réduire la demande pour les services sexuels.

Pour parvenir à ses fins, le gouvernement du Canada propose de nouvelles infractions et la modernisation d'infractions existantes.

Nouvelles infractions liées à la prostitution proposées

Les nouvelles infractions liées à la prostitution qui sont proposées visent à réduire la demande pour les services sexuels, à protéger les personnes qui vendent ces services contre l'exploitation et à protéger les enfants et nos collectivités contre l'exposition à la prostitution.

  • Achat de services sexuels - Cette nouvelle infraction interdirait l'achat de services sexuels et la communication en tout lieu à cette fin. Les peines pour l'achat de services sexuels seraient un emprisonnement de 18 mois à 5 ans et des amendes minimales obligatoires progressives pour la première infraction et les suivantes. On imposerait une amende de 500 $ pour la première infraction et de 1 000 $ pour une offense ultérieure sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Ces amendes seraient doublées si l'infraction est commise près de parcs, d'écoles, d'établissements religieux ou d'autres endroits où des enfants pourraient raisonnablement se trouver.
  • Obtention d'un avantage financier ou matériel - Cette nouvelle infraction interdirait de profiter de la prostitution d'autres personnes, notamment par le biais d'entreprises commerciales qui vendent les services sexuels d'autrui en ligne ou à partir d'endroits tels que des agences d'escortes, des salons de massage ou des clubs de striptease fournissant également des services sexuels. Cette infraction serait passible d'une peine d'emprisonnement maximale de dix ans. Des exceptions seraient prévues pour les relations qui ne constituent pas de l'exploitation.
  • Publicité pour la vente de services sexuels - Cette nouvelle infraction interdirait la publicité pour la vente de services sexuels dans les médias imprimés et sur Internet. Elle donnerait aux tribunaux le pouvoir d'autoriser la saisie de documents contenant de telles annonces publicitaires, d'ordonner qu'une annonce soit retirée de l'Internet et d'exiger la fourniture d'information qui permettrait d'identifier et de localiser la personne qui l'a publiée. Cette nouvelle infraction serait passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 18 mois sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire et de 5 ans sur déclaration de culpabilité par mise en accusation.
  • Communication dans le but de rendre des services sexuels dans des endroits publics où des enfants pourraient raisonnablement se trouver - Cette nouvelle infraction interdirait à quiconque de communiquer afin de vendre des services sexuels dans des endroits publics où des enfants pourraient raisonnablement se trouver. Cette infraction serait passible d’une peine maximale d’emprisonnement de 6 mois.

Remaniement et modernisation des infractions actuelles liées à la prostitution

Le gouvernement du Canada propose de reformuler et de moderniser les infractions liées à la prostitution suivantes :

  • Proxénétisme - Cette peine interdirait à une personne de recruter ou d'abriter une autre personne aux fins de la prostitution. La loi proposée accroîtrait la peine d'emprisonnement maximale de 10 ans actuelle en la portant à 14 ans. Cette infraction serait modernisée pour être cohérente avec la nouvelle infraction relative à l’obtention d'un avantage financier ou matériel.
  • Prostitution infantile (et infractions connexes) - La loi proposée accroîtrait la peine d'emprisonnement maximale pour l'achat de services sexuels d'enfants, qui est actuellement de 5 ans, à 10 ans et accroîtrait la peine minimale obligatoire pour les infractions ultérieures de 6 mois à un an. Les lois entourant la prostitution infantile seraient également modernisées pour être cohérentes avec le nouveau régime législatif proposé.
  • Traite d'enfants (et infractions connexes) - La loi accroîtrait les peines minimales et maximales pour deux infractions de traite d'enfants pour que les peines visant les infractions de traite d'enfants et de prostitution infantile soient cohérentes.

Exceptions aux infractions liées à la prostitution proposées

La prostitution est une activité intrinsèquement dangereuse qui place les personnes qui vendent leurs propres services sexuels dans des situations où elles risquent d'être exploitées. Ces personnes seraient expressément protégées contre la responsabilité criminelle qui pourrait autrement découler des activités liées à leur propre prostitution, sauf dans le cas où une personne communique afin de vendre ses propres services sexuels dans un endroit public où une personne âgée de moins de 18 ans pourrait raisonnablement se trouver. Dans le cadre de cette approche, ces personnes seront plus susceptibles de déclarer des problèmes à la police, sans devoir craindre qu'on porte contre elles des accusations criminelles pour avoir vendu des services sexuels ou avoir communiqué à cette fin.

La nouvelle loi clarifierait que les personnes qui vendent leurs propres services sexuels ont la même capacité de conclure leurs propres affaires personnelles que quiconque. L'infraction proposée visant l'avantage financier ou matériel ne s'appliquerait pas aux personnes qui ont conclu des ententes de cohabitation légitime avec des personnes se livrant à la prostitution, par exemple des conjoints ou des colocataires. Elle ne s'appliquerait pas non plus aux enfants et à d'autres personnes à charge. Des personnes telles que des pharmaciens, des comptables ou des entreprises ou des particuliers qui proposent des services de sécurité seraient également exemptées de l'infraction proposée visant l'avantage financier ou matériel dans certaines circonstances qui ne comportent pas d'exploitation.

Autres propositions de modifications du Code criminel

Pour protéger d'éventuelles victimes d'agression, la loi proposée clarifierait également que la possession d'armes de contrainte dans l'intention de commettre une infraction est une infraction. Le projet de loi modifierait la définition d'« arme » dans le Code criminel afin d'y inclure tout ce qui est utilisé ou qui est destiné à être utilisé pour confiner une personne contre son gré (p. ex. des menottes, de la corde, du ruban adhésif). Cette modification protégerait davantage toutes les victimes éventuelles d'agression, y compris celles qui vendent leurs propres services sexuels, qui sont particulièrement vulnérables à des actes de violence et d'agression sexuelle.

Programmes pour lutter contre la prostitution

Ces mesures seront soutenues par 20 millions de dollars de nouveaux fonds, notamment pour aider des organismes communautaires qui d'occupent des personnes les plus vulnérables. Les personnes qui souhaitent abandonner cette activité dangereuse et néfaste recevront de l'aide; l'accent sera donc mis sur le financement de programmes pouvant les aider à abandonner la prostitution.