Le programme de sexologie de l’UQAM : La fabrique de sexologues en série
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Dans ce document, le genre féminin est utilisé comme générique, dans le seul but d’alléger le texte.
Ce texte fait suite à celui paru dans le journal L’ASSAUT à l’automne 2015 intitulé Sexologie à l’UQAM : [Insérez ici votre couleur sexologique]. Il a suscité tant des réactions positives que négatives sur les réseaux sociaux, mais il a surtout provoqué un débat en sexologie, enfin! Non, nous ne souhaitons pas la « destruction » du programme de sexologie, nous souhaitons son amélioration. Nous ne sommes pas en mode « vengeance », nous sommes en lutte et en colère. Nous n’avons pas de compte à rendre à quiconque. Nos critiques s’adressent à un programme, une formation, un département et un corps enseignant et étudiant. Elles n’attaquent pas des individus personnellement, mais le système qu’elles portent. Ce texte ne constitue pas une réponse aux critiques dont le premier a fait l’objet. Il fait partie d’un processus de remise en question de la formation sexologique. Nous savons que le programme est présentement en refonte. Toutefois, rien ne garantit que les changements apportés règleront les problèmes que nous énonçons, étant donné l’autorité de l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ) dans ce processus et ses visées professionnalisantes. Ce texte a pour objectif d’établir une pression auprès des instances décisionnelles pour que des changements de culture soient apportés.
otre texte se fonde sur des expériences personnelles d’ex-étudiantes et d’étudiantes actuelles au baccalauréat et à la maîtrise en sexologie. Se rassembler pour écrire ce texte et dénoncer les microagressions que nous avons vécues fut thérapeutique. Nos parcours ne sont pas anecdotiques, ils sont politiques. Ce texte ne sera pas neutre : nous sommes des personnes marginalisées, nous sommes féministes et queers. Il est important pour nous de spécifier que nous sommes de jeunes universitaires blanches, cisgenres et de classe moyenne. Nos réflexions et critiques portent aussi ces biais et limites.
Le contenu des cours : LA sexualité, mais laquelle?
Dans nos cours, si on traite de sexualité et des problématiques l’entourant, on ne parle pas de cul, on ne nomme pas les choses. Quand est-ce qu’on va parler de pets de vagin et de sexe anal ? Bien que les définitions de « sexualité » proposées au début du baccalauréat soient vastes et ouvertes, en ne décrivant pas les différentes pratiques sexuelles possibles lors d’un rapport sexuel, il est sous-entendu que « la » sexualité dont on parle est le coït.
Ce qui est intéressant ici, c’est que cette définition, étant explicite, s’expose à la critique. Cependant, dans nos cours, on parle de « la » sexualité sans spécifier de quoi on parle exactement. De cette manière, on réfère implicitement à un sens commun où le rapport sexuel est le coït hétérosexuel et toutes les autres pratiques ne sont considérées que comme des « jeux sexuels » ou des « préliminaires ». Cependant, étant donné le flou entourant le terme « sexualité », on ne s’expose théoriquement pas à la remise en cause de cette définition hétérosexiste. Ce tabou invisibilise beaucoup de pratiques sexuelles (sexe anal, sexe oral, masturbation seule, mutuelle ou à plusieurs, utilisation de jouets sexuels ou de matériel pornographique, sexe de groupe, etc.). Ce faisant, certaines sexologues ne sont pas à l’aise de parler de sexe, ou plus spécifiquement, des sexualités sortant de ce qui est cisgenre, hétérosexuel, reproductif, dans un couple stable et monogame, de même ethnicité, de même groupe d’âge, etc. Bref, on perpétue beaucoup de mythes sur ce qu’est la supposée sexualité saine, plutôt que de promouvoir la diversité sexuelle. Nous croyons que la science sexologique devrait remettre en question cette conception hégémonique de la sexualité, ce qui n’est pas le cas présentement au baccalauréat.
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