Une leçon de courage
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René-Florent Lacroix ne quittait jamais pour le boulot le matin sans trois ou quatre stylos et un calepin bien en vue dans sa poche de chemise. C'était son truc. « Mon truc pour paraître instruit, dit-il. Quand t'es comme moi, t'as pas le choix de trouver toutes sortes de trucs comme ça si tu veux travailler. »
René-Florent, 62 ans, n'a jamais su lire ni écrire. Issu d'une famille de huit enfants et élevé sur la ferme de son père, à l'extrême est de Gatineau, il a quitté l'école en deuxième année et il n'y n'est jamais retourné. « Mon père m'a dit : 'j'ai beaucoup plus besoin de toi sur la terre que sur un banc d'école', se souvient-il. J'aurais bien aimé poursuivre mes études. Je pense que j'aurais fait un bon avocat pour défendre les droits des enfants maltraités et des femmes battues. Mais mon père avait besoin de moi sur la terre et c'était comme ça. Je n'ai pas eu le choix. Mon chemin était tracé ». Malgré son manque d'éducation, ce père de cinq enfants n'a jamais retiré un sou noir de l'assurance-emploi. Mais il a dû pratiquer d'innombrables métiers dans sa vie pour que ses enfants obtiennent ce dont il a toujours rêvé : une éducation.
Éboueur, chauffeur de camion, chauffeur d'autobus scolaire pendant 15 ans, entretien ménager la nuit dans un McDonald de Gatineau et j'en passe. Rien ne l'arrêtait pour mettre du pain et du beurre sur la table.
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