Lutte contre la pauvreté et l’exclusion : l’éducation pour tous comme condition essentielle!
Affirmer le droit à l’éducation pour tous
Le 20 juin dernier, en présence de l’adjointe parlementaire du ministre François Blais, la députée de Fabre, madame Monique Sauvé, l'ICÉA a fait valoir que la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale et la stratégie qui l’accompagnent doivent toutes deux se fonder sur l’affirmation du droit à l’éducation pour tous. L'ICÉA rappelait ainsi le grand objectif mis de l’avant dans son mémoire déposé dans le cadre de la consultation sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Comme le soulignait l’UNESCO en 2012 dans un document intitulé Combattre l’exclusion dans l’éducation, l’éducation « est de plus en plus largement perçue comme l’une des clés d’un développement inclusif et durable d’une société ». « Le principe de l’égalité des chances d’éducation, ajoute l’UNESCO, est au cœur du droit à l’éducation. » Dans ce contexte, sachant que le droit à l’éducation est de plus en plus reconnu comme un moyen de réaliser plusieurs autres droits humains, ce droit fondamental fait figure de condition essentielle de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Réunir des conditions essentielles
Ceci dit, l'ICÉA reconnaît que le rôle que l’éducation peut jouer en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion requiert des conditions de divers ordres, dont certaines sont peu présentes au sein de la société québécoise actuelle : 1) des conditions sociales et économiques de valorisation susceptibles de faire de l’éducation un outil d’espoir collectif et individuel; 2) des conditions d’accès aux ressources éducatives qui favorisent les possibilités d’apprendre à tous les âges de la vie; 3) finalement, des conditions éducatives liées aux ressources pédagogiques et andragogiques disponibles.
Préconiser une approche large
En matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale comme en matière d’éducation, l'ICÉA préconise une approche large, qui soit tout à la fois interministérielle et intersectorielle. Dans cette perspective, l'ICÉA souhaite que toutes les composantes de l’État québécois reconnaissent le rôle stratégique du droit à l’éducation en favorisant l’accès pour tous à des possibilités d’apprendre qui favorisent le développement de leur autonomie et de leur capacité d’action.
L'ICÉA propose par ailleurs d’associer étroitement la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et la lutte à l’analphabétisme. Depuis septembre 2015, l'ICÉA s’est en effet engagé dans le Réseau de lutte à l’analphabétisme, un regroupement vingt organismes de la société civile qui ont présenté récemment une plateforme commune qui réclame la mise en œuvre d’une stratégie nationale de lutte à l’analphabétisme. Outre des actions en faveur de l’appropriation de la lecture et l’écriture, cette plateforme souligne également l’importance d’améliorer les conditions de vie des personnes peu ou pas alphabétisées et de favoriser la prise en compte des réalités propres à ces personnes.
Valoriser l’action des centres d’éducation des adultes
L'ICÉA a par ailleurs insisté sur l’importance d’associer les centres d’éducation des adultes du réseau formel de l’éducation à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Qu’il soit question d’accès à la formation de base, d’alphabétisation ou de francisation, ces centres ont développé une expertise qu’il faut mettre à profit. Ils constituent des milieux privilégiés capables de répondre aux besoins éducatifs des adultes démunis ou à risque d’exclusion.
Le mémoire présenté par l'ICÉA
Rappelons que le mémoire de l'ICÉA propose que la stratégie de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale soit appuyée par des actions en éducation des adultes qui favorisent l’alphabétisation, la formation de base et la qualification. Trois grandes recommandations ont été formulées dans ce mémoire :
Recommandation 1 : Inscrire, dans la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale ainsi que dans la stratégie nationale qui l’accompagne, le droit à l’éducation pour tous les adultes à titre de condition essentielle pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Recommandation 2 : Inclure dans la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale des dispositions en matière d’éducation qui engagent le gouvernement à poser les actions suivantes :
a) adopter une stratégie de lutte à l’analphabétisme qui favorise l’alphabétisation des personnes ainsi que l’élimination des causes de l’analphabétisme et l’atténuation de ses conséquences;
b) favoriser l’acquisition d’une formation de base par tous les adultes et, à cette fin, reconnaitre le rôle unique joué par les centres d’éducation des adultes;
c) favoriser l’accès à une première qualification pour tous les jeunes adultes ainsi que le développement continue des compétences des personnes en emploi.
Recommandation 3 : Appeler à la mise à jour de la Politique gouvernementale d’éducation des adultes et de formation continue pour assurer la cohérence des actions et la mobilisation des partenaires.