Analyse du niveau de littératie en français au Québec : une comparaison entre natifs et immigrants
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Québec, le 6 octobre 2016. – Le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) rend publique aujourd'hui une étude commandée au professeur Alain Bélanger et réalisée en collaboration avec Samuel Vézina, tous deux chercheurs au Centre Urbanisation Culture et Société de l'Institut national de la recherche scientifique.
Intitulée Analyse du niveau de littératie en français au Québec : une comparaison entre natifs et immigrants, cette recherche démontre principalement que les immigrants ont des compétences en littératie plus faibles que celles des natifs et qu'elles varient selon un certain nombre de déterminants, par exemple l'âge à l'arrivée, le pays d'origine ainsi que le pays d'obtention du plus haut diplôme. L'étude confirme aussi que l'usage du français, que ce soit au travail ou à la maison, contribue au maintien et au rehaussement des compétences en littératie.
Les résultats de cette analyse ont amené le CSLF à poursuivre la réflexion sur des enjeux liés à la littératie, c'est-à-dire la capacité d'un individu à comprendre l'information écrite nécessaire pour être fonctionnel dans la société, et à diffuser à ce sujet un second texte, celui-là produit par son équipe de recherche.
Faits saillants de l'étude
L'étude de Bélanger et de Vézina vise à mesurer le niveau de littératie en français des Québécois âgés de 16 à 65 ans, à comparer les résultats obtenus par les immigrants et les natifs et à cerner les facteurs qui déterminent ces compétences. Les données analysées sont celles provenant des répondants au questionnaire français du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) de 2012.
Selon Statistique Canada, 51,5 % des Canadiens de 16 à 65 ans atteignent le niveau 3 ou plus sur l'échelle de littératie et cette proportion est un peu plus faible au Québec (46,8 %). Dans la population à l'étude, ce pourcentage est de 46,4 % et il est plus élevé pour les natifs (47,7 %) que pour les immigrants (35,4 %). Ce même phénomène est par ailleurs observé dans l'ensemble du Canada ainsi que dans les autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Les compétences en littératie varient d'un individu à l'autre selon différents facteurs et caractéristiques personnelles. Un niveau de scolarité élevé de même qu'une pratique fréquente d'activités de littératie au travail ou à la maison sont notamment des facteurs associés à une plus grande compétence. Parler français à la maison permet aussi d'accroître la littératie dans cette langue. La langue parlée à la maison est un déterminant plus important de la littératie en français que la langue maternelle. Par ailleurs, l'analyse montre que, dans l'ensemble, les immigrants performent moins bien que les natifs au test de littératie, malgré leur niveau de scolarité plus élevé.
L'éducation serait la variable la plus déterminante du niveau de littératie d'un individu. De cette manière, les titulaires d'un baccalauréat obtiennent des scores supérieurs de 11 % comparativement à ceux qui ont un diplôme d'études secondaires. Ces derniers ont toutefois des scores de 14 % plus élevés que les individus sans diplôme.
Dans l'ensemble, les immigrants obtiennent en moyenne des scores de 7,9 % plus faibles que les natifs, mais il existe aussi des variations importantes du score moyen en littératie selon des variables liées à l'immigration et à l'intégration. Ainsi, les scores moyens des personnes ayant récemment immigré au Canada (depuis moins de cinq ans) sont de 12 % inférieurs à ceux des natifs alors que les scores moyens des immigrants diplômés d'un pays non occidental le sont de 15 % à 25 %. En fait, le lieu d'étude des immigrants est un plus grand déterminant du niveau de littératie que le pays d'origine. De cette manière, les immigrants arrivés avant l'âge de quinze ans, donc qui ont étudié au moins en partie au Canada, ainsi que ceux qui ont obtenu leur plus haut diplôme dans un pays occidental obtiennent, en moyenne, des scores en littératie semblables à ceux des natifs.
Le CSLF considère pour sa part que la réussite scolaire, la francisation des immigrants et la mise en pratique des compétences comptent parmi les facteurs sur lesquels des interventions seraient nécessaires pour assurer le développement de la littératie au Québec. Le texte de réflexion qu'il signe porte sur ces trois enjeux.