L’égalité entre les sexes à l’école : loin d’une note parfaite
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Québec, le 7 décembre 2016 – Malgré les nombreux efforts entrepris depuis la fin des années 1970 pour extraire le sexisme et les stéréotypes de sexe du système d’éducation québécois, l’école participe encore au maintien des inégalités de sexe. C’est ce qui ressort de l’avis L’égalité entre les sexes en milieu scolaire que lance aujourd’hui le Conseil du statut de la femme. Le Conseil y recommande, notamment, de réviser les programmes d’histoire et d’éthique et culture religieuse et d’inclure des cours obligatoires sur les inégalités de sexe dans la formation des futurs enseignantes et enseignants.
« La croyance selon laquelle l’égalité est atteinte est largement répandue dans le corps enseignant, particulièrement chez les jeunes et les hommes. Cela freine la mise en place dans les écoles d’actions concrètes visant à lutter contre les stéréotypes et les inégalités », a déclaré la présidente du Conseil du statut de la femme, Mme Eva Ottawa.
Pour réaliser cet avis, le Conseil a analysé les contenus éducatifs des cours d’histoire et d’éthique et culture religieuse du primaire et du secondaire et a interrogé près de 400 enseignantes et enseignants sur leurs conceptions des différences entre les sexes, les inégalités et les solutions qu’ils proposent pour lutter contre ces inégalités dans les écoles.
Histoire et éthique et culture religieuse : matières à réflexion
Grâce au travail du Bureau d’approbation du matériel didactique, les dimensions les plus visibles du sexisme dans les manuels scolaires ont été éliminées. La situation peut cependant encore être améliorée. L’analyse du Conseil démontre que dans les programmes d’histoire, malgré l’ajout de notions concernant le féminisme au Québec, les femmes et les inégalités entre les sexes sont absentes de la trame historique générale enseignée aux enfants.
Quant au contenu du cours d’éthique et culture religieuse, peu de ses éléments sont liés à la question de l’égalité ou des inégalités. Pour le Conseil, plusieurs aspects posent même problème : la naturalisation des différences, la symétrisation des groupes de sexe et la confusion entre l’égalité de droit et l’égalité de fait. L’arrimage de l’éthique et de la culture générale contribue à faire croire aux enfants que les discours religieux sexistes sont des réponses éthiques valides.
Les pratiques et interventions en milieu scolaire : pas toujours neutres
La majorité des enseignantes et enseignants interrogés par le Conseil ont des attentes différentes envers les élèves selon leur sexe, et ce, malgré leur certitude d’agir de façon neutre.
Ainsi, 81 % des enseignants et 62 % des enseignantes s’attendent à ce que les filles réussissent mieux en français et plus du tiers des répondants des deux sexes s’attendent à une meilleure performance des garçons en mathématiques. Ces attentes distinctes sont soutenues par la perception selon laquelle les filles et les garçons sont biologiquement différents, plutôt que par une compréhension de la socialisation différenciée des garçons et des filles. On observe donc une difficile prise de conscience des inégalités entre les sexes et, en conséquence, des actions nécessaires pour y remédier.
En conclusion de cet avis, les 10 recommandations du Conseil concernent autant les contenus éducatifs des cours d’histoire et d’éthique et culture religieuse que les pratiques et interventions éducatives.
Pour accompagner l’avis et son résumé, le Conseil publie un questionnaire Web à l’intention du personnel enseignant qui souhaiterait évaluer si ses propres pratiques éducatives sont égalitaires. La bande dessinée Féminisme : nom commun, cause commune complète la série. Elle vise à sensibiliser le grand public, particulièrement les jeunes, à différents sujets entourant l’égalité entre les femmes et les hommes et à l’importance du féminisme. Cet outil pourra certainement nourrir les enseignantes et enseignants qui voudraient aborder la question de l’égalité entre les sexes avec leurs élèves.